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1937

Un domestique de l'île Béniguet
est tué par un taureau

 

Béniguet.jpg

 

Source : La Dépêche de Brest 3 février 1937

 

Béniguet, la première des îles que l'on rencontre à la sortie du Conquet et qui forme avec Quéménès, Trielen, Molène et Balanec, l'important archipel ouessantin, a été dimanche le théâtre d'un drame qui se déroula dans l'étable de l'unique exploitation de l'île et que dirige Mme Pors.

 

Celle-ci occupe dix-sept domestiques dont le travail consiste à la récolte du goémon, à l'élevage d'une soixantaine de bêtes à cornes et aux divers travaux de culture.

 

L'étable de la ferme est située à trente mètres au nord de la maison d'habitation.

 

Plus spécialement chargé de soigner les bêtes, Jean-Marie Cadiou, âgé de 68 ans, était allé vers 15 heures donner à manger aux animaux.

 

Il y avait environ un quart d'heure qu'il avait quitté ses compagnons.

Ceux-ci ne devaient pas le retrouver vivant.

 

Que s'était-il passé dans l'étable ?

Toujours est-il que, vers 15 h. 30, la fille de Mme Pors, Françoise, 17 ans, venant à passer par là, découvrit entre les pattes postérieures d'un taureau, le corps couvert de blessures de Jean-Marie Cadiou.

 

Affolée, Mlle Pors courut à la ferme et alerta les domestiques.

 

Le malheureux portait des plaies multiples à la face et au cuir chevelu, ainsi que de nombreuses contusions dans les régions lombaire et dorsale.

 

De plus, une profonde plaie apparaissait entre l'anus et le rectum.

Cette horrible blessure avait été mortelle.

 

Il fut facile, après ces constatations, de reconstituer la mort tragique de Jean-Marie Cadiou.

 

Le domestique s'étant approché du taureau pour le soigner, l'animal qui, jusque-là, n'était cependant pas considéré comme méchant, lui porta un coup de corne.

Le malheureux tomba sur la dalle de l'étable, assommé.

Puis le taureau le piétina, s'acharna sur le pauvre domestique dont le sang qui s'échappait de multiples blessures n'avait fait qu'augmenter la fureur de l'animal.

Son œuvre de mort accomplie, la bête, le museau ensanglanté, reprit son attitude paisible.

 

M. le docteur Taburet, du Conquet, accompagné du chef de brigade Le Dé et des gendarmes Burellec et Le Guellec se rendit à Béniguet.

Le praticien releva sur le cadavre de Cadiou les blessures dont nous avons parlé plus haut.

 

Travailleur consciencieux, le domestique était très estimé dans son entourage.

 

Depuis trente ans, Jean-Marie Cadiou vivait dans l'archipel ouessantin où cet insulaire était sympathiquement connu.

 

Originaire de Tréflez, il n'avait pas de famille.

 

Son corps a été débarqué lundi au Conquet et les obsèques de Cadiou ont eu lieu hier après-midi.

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