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1937

La femme du bout du monde
On a tourné au port de commerce

 

 

Source : La Dépêche de Brest 22 août 1937

 

Le romancier Alain Serdac a écrit en 1930 un livre intitulé :

« La femme du bout du monde », qui fut publié aux Éditions de France.

 

Un excellent metteur en scène, auteur de nombreux films bretons, M. Jean Epstein, a trouvé dans ce roman les éléments nécessaires pour l'adapter au cinéma.

 

Ce film est assuré, d'ores et déjà, d'un éclatant succès sur les diverses scènes où il sera projeté.

 

Citons, parmi les vedettes de l'écran actuellement dans nos murs :

Charles Vanel, Jean-Pierre Aumont, Paul Azaïs, Le Vigan, Alexandre Rignault et Germaine Rouer.

 

Le scénario

 

Un armateur, un fantasque, un original, presque un demi-fou, a monté une expédition qui doit se rendre dans une île déserte de l'hémisphère austral à la recherche du minerai destiné à fabriquer le radium.

 

L'armateur (Le Vigan) part du Havre sur un petit cargo, le Saint-Joachim, commandé par le capitaine Sueur (Philippe Richard).

 

Il y a, en outre, à bord :

le chef mécanicien Dure (Vanel) ;

le lieutenant Jacquet (Jean-Pierre Aumont) ;

le radio-télégraphiste Molinier (Paul Azaïs).

Alexandre Rignault, qui joue également l'un des principaux rôles, est le matelot Bourhis.

 

Après une traversée assez mouvementée, le Saint-Joachim vient jeter l'ancre près de l'île, qu'il croyait déserte.

 

L'équipage est fort surpris d'y trouver une famille composée de la mère, du père et d'un petit garçon âgé de 5 ans.

L'homme et la femme ont installé une auberge qui reçoit, une ou deux fois par an, la visite des équipages croisant dans les parages.

 

Le mari, qui a perdu la raison à la suite d'un accident survenu à bord d'un bateau, joue de la guitare du matin au soir.

 

Les marins du Saint-Joachim vont habiter à l'auberge.

La présence d'une femme dans ce lieu isolé produit sur eux une étrange impression.

Plusieurs ne tardent pas à devenir amoureux de cette créature, vivant près d'un mari inconscient et d'un petit garçon aux bouclettes blondes.

 

La femme séduit les matelots, la passion les gagne et l'expédition qu'a projetée le propriétaire du Saint-Joachim se trouve de ce fait rapidement compromise.

 

Des incidents fréquents surgissent entre le lieutenant Jacquet, le radio Molinier, le chef mécanicien Durc et le matelot Bourhis.

Au cours d'une scène plus violente que les autres, Durc tue Bourhis d'un coup de couteau.

 

À la suite de ces événements, l'armateur et le capitaine décident d'intervenir.

Le propriétaire du cargo se sentant pris à son propre piège et voyant que son expédition ne donne aucun résultat, laisse un soir en tête-à-tête le lieutenant et le radio.

En regagnant le bord, l'armateur disparait en mer.

 

Le capitaine décide alors de quitter l'île et de ramener le Saint-Joachim au Havre.

 

Tandis que le petit cargo disparait peu à peu à l'horizon, la femme et son enfant regardent la mer.

— N'en reviendra-t-il pas d'autres ? demande l'enfant.

— Peut-être, un jour, répond la femme...

 

Le rôle du mari, Charley, est interprété par M. Beauchamp ;

celui du petit garçon, Jimmy, par Jacquie Vilmont.

Mlle Germaine Rouer tient avec beaucoup de talent le rôle de la femme fatale.

 

Au port de commerce

 

Une certaine animation régnait hier matin et au début de l'après-midi, au 1er éperon du port de commerce, où devaient se tourner quelques scènes du film.

 

Ces scènes représentaient le retour au Havre du Saint-Joachim.

Les familles se pressaient sur le quai, heureuses de retrouver après une aussi longue absence ceux qui étaient partis.

 

M. Jean Epstein s'adressa à M. Gourio pour transformer le Fromeur, qui fut baptisé Saint-Joachim.

On lui ajouta un mât, on rehaussa sa cheminée.

Une cabine de T. S. F. fut placée à l'arrière et voilà le navire équipé pour voguer vers les mers australes.

 

Le Saint-Joachim fut amarré à l'éperon, où dès les premières heures de la matinée on embarqua à fond de cale les quelque trois tonnes de matériel nécessaires à l'expédition, qui doit séjourner une douzaine de jours dans l’île d'Ouessant.

 

Nous notons sur le quai, en plus des artistes déjà cités :

MM. Rossi, directeur de la production ;

Bryau, régisseur général du film ;

Dominique, trésorier de la société de production de La femme du bout du monde ;

Riccisoni, chef opérateur ;

Paul Coteret, deuxième opérateur ;

Louis Tune, géologue ; etc..

 

Une soixantaine de figurants et figurantes :

femmes, jeunes gens et jeunes filles, attendent les instructions du metteur en scène.

 

La mer étant basse, les premières prises de vues du Saint-Joachim, revenant de son expédition, ont dû être remises au début de l'après-midi.

 

Silence, on tourne !

 

Tout le matériel ayant été embarqué à l'aide d'une grue de la Chambre de commerce, le moment est venu pour filmer.

Le soleil brille.

Aussi M. Jean Epstein a-t-il remplacé son chapeau mou gris par un casque colonial.

On n'attend plus que ses ordres pour commencer.

 

Un service d'ordre organisé par les agents du poste de police du port de commerce canalise la foule des curieux venus assister à ces prises de vues.

 

Les techniciens et les opérateurs sont à leur poste.

Tout est prêt.

Attention ! On tourne !

 

Le Saint-Joachim vient d'accoster.

L'équipage, placé sur le gaillard avant, manifeste sa joie de revoir la terre natale.

Femmes et enfants en font de même et prennent possession du navire.

On s'embrasse, on s'étreint.

 

Ces scènes sont renouvelées plusieurs fois.

 

— Depuis une dizaine de jours, nous dit M. Bryau, régisseur général, nous avons « tourné » au studio les intérieurs des principales scènes du film, notamment celles se déroulant à bord, au cours de la traversée, pendant une tempête.

 

« À notre retour d'Ouessant, probablement dans la soirée du 1er septembre, nous rentrerons à Paris, pour poursuivre en studio la suite du scénario.

 

Vers le milieu de l'après-midi, alors que les rayons solaires, par cette chaude journée du mois d'août, faisaient miroiter les eaux calmes de la rade, le Saint-Joachim emportait vers « Enez-Eussa » la troupe de La femme du bout du monde.

 

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1937 - L'équipe du film " La femme du bout du monde " s'échoue sur la route de Ouessant

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