1892
Recouvrance et Lanninon
par l'amiral Réveillère
Source : La Dépêche de Brest 28 septembre 1892
Une ville fermée est comme un appartement ; pour y respirer librement, il faut des ouvertures.
Recouvrance encaissé, emprisonné, étouffé dans ses murs : il faut lui donner de l’air.
Si Recouvrance n'offre pas un aspect plus agréable, si cette portion de la ville ne se développe pas d’avantage, cela tient en grande partie à l'absence de communications aisées avec « le dehors », à la difficulté de ses relations extérieures.
Nous ne cesserons de le répéter :
Si Brest est appelé à devenir une importante ville commerciale,
Recouvrance est destiné à devenir la ville du port de guerre.
L'avenir du port de guerre est à Lanninon ;
cela est fatal, tous les intérêts de la marine militaire dériveront de ce côté.
Déjà Lanninon se développe et ce mouvement ne peut que s'accélérer.
Il est donc de toute urgence d'avoir entre Recouvrance et Lanninon une communication très directe.
De là la nécessité d'une tranchée — d'une, tranchée simple à ciel ouvert — dans les fortifications, en face du Champ-de-Bataille.
Cela suffit bien dans les remparts de Paris, pourquoi cela ne suffirait-il pas à Brest ?...
Les portes monumentales et les ponts-levis, c'est bien exagéré.
On peut agir plus à l'économie par ce temps de panclastite.
Cette tranchée offrirait bien à cause de sa situation quelques difficultés d’exécution ;
mais c'est affaire au génie qui, sans doute, en viendrait aisément à bout.
Une autre tranchée n'est pas moins nécessaire en façade la rue des Touches.
Cette tranchée mettrait Pontaniou en communication directe avec la hauteur des Quatre-Moulins par une pente presque nulle.
Toute une partie de la ville éviterait donc pour ses transports de remonter une côte toujours difficile, condamnant le roulage à des chargements réduits, dangereux par temps d'hiver et de glace.
S’il importe de faciliter les communications de la ville avec les faubourgs de l'est, il n'importe pas moins de les faciliter avec les populations avoisinantes de l'ouest.
Contre-amiral Réveillère,
Conseiller général du 3e canton..