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1907

L'eau à Brest


 

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Source : La Dépêche de Brest 21 juillet 1907

 

Étant donné la température que nous subissons actuellement, il n'est pas inutile d'en parler, car, pour peu que cela continue, nous serons obligés de distiller l'eau de mer pour nous alimenter, si toutefois la Faculté et l'administration nous permettent de puiser dans ce réservoir intarissable.

 

Tout le monde sait, en effet, qu'il est interdit de prendre l'eau de mer, même pour combattre la poussière devant chez soi, si on le désire ;

ainsi en a décidé le fameux conseil d'hygiène, qui, ayant le devoir de protéger la santé publique, ne manquera pas, un jour ou l'autre, de nous amener le choléra et autres petits cadeaux du même genre, ce qui me semble contraire à sa mission

 

La quantité d'eau captée pour alimenter Brest est largement suffisante en temps normal ;

mais lorsque par suite de sécheresse continue, les sources diminuent, elle devient absolument insuffisante.

 

À cette situation, il y a un remède préconisé avant moi depuis longtemps et qui consisterait tout simplement à arroser les rues avec l'eau de mer ;

c'est une idée trop simple probablement.

Voilà pourquoi elle n'a pas été adoptée !

 

Le fameux conseil d'hygiène, dont je parlais plus haut, a accouché de l'énormité suivante :

 

« La mer tenant en suspension des produits minéraux et végétaux susceptibles de se corrompre au contact de l'air,

il serait dangereux de s'en servir. »

 

À cela, je répondrai :

Exposez au soleil deux récipients :

L’un rempli d'eau douce, l'autre rempli d'eau de mer.

Laquelle se corrompra le plus vite.

Ce sera certainement l'eau douce.

Voilà une expérience peu coûteuse et facile à contrôler.

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Admettons cependant pour un instant les conclusions du conseil d'hygiène, elles ne pourraient dans tous les cas s'adapter qu'à certains ports sans marée, tels que Toulon, Marseille, etc.

Ici nous sommes privilégiés sous ce rapport, nous ne subirions donc cet inconvénient qu'à morte-eau.

 

On va dépenser à Poul-ar-Bachet une somme très importante pour stériliser l'eau d'une source qui diminue tous les jours, ayant été tamponnée il y a plusieurs années.

Tout le monde sait que les sources n'aiment pas à être brutalisées ;

il se pourrait donc qu'une fois l'usine terminée, on n'aura plus rien à stériliser.

 

Comparez un peu les conclusions du conseil d'hygiène avec les odeurs nauséabondes qui se dégagent actuellement dans toutes les rues, surtout dans certaines, et dites-moi si vous ne préféreriez subir les inconvénients de l'eau de mer, si inconvénients il y a.

 

Reste la question de dépense :

En utilisant la somme prévue pour Poul-ar-Bachet, on pourrait édifier dans les environs du Gaz une petite usine qui élèverait l'eau de mer dans un réservoir spécial au Petit-Paris, qui serait construit à cet effet ;

une conduite serait posée du Gaz au Petit-Paris ;

ensuite au moyen de vannes appropriées, rien ne serait plus simple que de remplacer, la nuit dans les rues l'eau douce par l'eau de mer.

 

De cette façon, l'eau douce ne serait plus gaspillée et, par les plus grandes sécheresses, il y en aurait à profusion.

 

Dans l'intérêt général, je soumets cette idée à monsieur Qui-de-Droit, espérant (il faut toujours avoir la foi) qu'il y sera donné suite.

 

GOUIN, électricien.

 

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Source : La Dépêche de Brest 25 janvier 1906

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25 janvier 1906 - Le service des eaux de Brest - Une pétaudière.jpg
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