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1931

Le monument Américain

 

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Source : La Dépêche de Brest 27 septembre 1931

 

Les palissades qui, depuis si longtemps, ferment le chantier du monument américain, masquant complètement sur ce point la vue de la rade, défendront encore pendant quatre mois l'accès de la plus belle partie de la promenade si fréquentée par nos concitoyens.

À ce moment, c'est-à-dire en février, le square, transformé, embelli, sera ouvert à la population.

 

Ce qui restera d'autrefois

 

Contrairement aux bruits qui ont couru, les travaux entrepris ne dépasseront pas les clôtures actuelles ;

les lignes du cours seront ainsi respectées, tout comme celles des remparts, lesquelles ont inspiré les formes mêmes du monument.

 

On se rappelle que le bastion dominait de quelques mètres les allées.

Ce relief sera conservé.

 

La plupart des arbustes décoratifs de l'ancien square, liés à d'agréables souvenirs, ont été ceinturés de bois pour éviter leur détérioration et garderont, leur place dans les nouveaux parterres.

 

Les terrasses

 

Le monument étant élevé à l'angle de la muraille, tout l'espace environnant sera aménagé en terrasses.

 

Leur ensemble, long de 80 mètres sur le cours, s'y amorcera par un étroit glacis gazonné, coupé par deux magnifiques escaliers à 7 marches de granit, à 38 mètres d'intervalle, et longs de 13 mètres.

 

Les gradins donneront accès à deux terrasses de même dimension, sensiblement carrées, en communication avec la terrasse centrale, large de 12 mètres et longue de 38 mètres dans la direction du cours.

 

Ces trois terrasses seront couvertes de gravier et de sable, avec, en bordure, quelques bancs de granit poli, et fermées par des lignes de dés de granit hauts de 0 m. 50 et larges de 0 m 1. 40.

Signalons qu'elles constitueront, de belles tribunes naturelles pour les fêtes et les parades futures.

 

Le reste sera semé de gazon, piqué de fleurs et planté d'arbres dont l'espèce est encore à l'étude, un chemin sera toutefois ménagé en bordure du parapet, là où se trouvait autrefois un talus.

 

Sur la rampe du port de commerce, au pied du monument, le plan porte la création d'un jardinet avec quelques bancs, séparé de la chaussée par des bornes.

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Le monument

 

Quant à la tour, haute de 50 mètres, large de 5 mètres 50, elle s’élèvera sur une série de paliers en granit, derrière la terrasse principale.

À 38 mètres d'élévation, sa hauteur actuelle, un décrochement à angle droit diminuera sa largeur d'un mètre environ, lui donnant une certaine apparence de minaret, tunisien.

Elle portera sur sa face principale, entourée de faisceaux, une inscription commémorative en trois langues :

Français, anglais et latin.

 

Les autres faces et les arêtes horizontales seront ornées de sculptures décoratives et symboliques.

Décoration consistant en guirlandes et couronnes, sirènes, hippocampes, poissons et coquillages.

Ces allégories sont sculptées en bas-reliefs carrés d'environ 1 m. 50 de côté, faisant pendant au principal, qui portera les armes des États-Unis.

 

Au sommet du monument, les quatre coins seront quatre aigles de granit, stylisés dans un goût très moderne quatre autres emblèmes de la Fédération américaine, et dont l’emplacement est tout indiqué dans ces hauteurs.

 

Les conversations populaires qui inventent insensiblement tant de fables, n’ont pas manqué d'en faire accroire au sujet de la fameuse tour.

Certains ont cru qu'elle serait surmontée d'une lanterne où brûlerait une flamme du Souvenir ;

d'autres, que son sommet, dominant à la ronde la rade et la ville, serait couronné d'une plateforme ou d'un balcon circulaire.

Remarquons, du reste, que ces opinions erronées n'ont guère plus cours.

 

Le fait est que le monument n'aura pas plus de lanterne que de balcon ;

quant à la plateforme, les oiseaux seuls la visiteront.

 

Le public pourra toutefois pénétrer dans la tour par deux portes latérales a battant de bronze, dont l'une sera sans doute condamnée pour éviter des courants d'air préjudiciables, paraît-il, à la solidité de l'édifice, lors des tempêtes.

 

Les parois intérieures seront simplement en pierre piquée de Saint-Renan, à joints cimentés, tout comme les murs de certaines villas au bord de la mer.

La forme intérieure sera circulaire jusqu'au premier étage, avec escalier en colimaçon, et carrée au-dessus, avec escalier droit, les marches étant de granit et la rampe de fer forgé.

 

À la partie supérieure, la tour sera ouverte au milieu de chaque face par une meurtrière large de 40 cm.

et haute de 1 m. 50 environ, close d'une glace à cadre de bronze, donnant une vue superbe sur les alentours.

 

En somme, le comité américain a tenu à laisser à l'édifice les caractères d'un monument et a banni tout détail étranger aux pensées qui ont motivé sa conception.

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Les travaux

 

Les travaux sont effectués sous la direction de MM. Le Bomain frères, constructeurs de la nouvelle poste de notre ville et de nombreux édifices ériges tant à Brest qu'ailleurs.

Le comité leur a délégué un représentant, M. Pigmann, qui s'acquitte au mieux de son rôle délicat.

 

L'effectif des ouvriers, actuellement diminué, a atteint le total de 55 hommes, Italiens pour la plupart, y compris une équipe de 15 sculpteurs, dirigés par M. Quattrocchi, un Italien naturalisé américain.

 

Tous s'acquittent parfaitement de leur tâche et si l’érection est lente, c’est que le travail, subordonné à certaines difficultés, exige beaucoup de soins.

 

Ainsi, il a fallu creuser dans la terre rapportée qui couvrait le bastion, jusqu'à 5 et 6 mètres de profondeur pour établir solidement et la terrasse et surtout le dé, dont les blocs pèsent de 2 à 9.000 kilogrammes.

 

Pour la tour, la photographie donne une idée de la complication des échafaudages, de même qu'elle montre la grue en plein travail, un spectacle qui est d'ailleurs devenu commun à nos concitoyens en promenade.

Qu'il nous suffise de rappeler que sa force est de trois tonnes et varie avec l'angle que doit prendre la flèche pour travailler sur tel ou tel point, ses plus lourdes charges étant des blocs de 600 kilogrammes.

 

Donc, pendant quatre mois encore se répéteront sur le monument en beau granit de Ploumanach, l'œuvre des mètres, des pelles, des truelles et des ciseaux, jusqu'au jour solennel de l'inauguration.

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