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1931

Le pont de Plougastel

 

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Source : La revue du Touring club de France 1 janvier 1931

 

Le département du Finistère, dont le développement économique et touristique prend chaque année une ampleur nouvelle, présente un certain nombre de régions côtières, qui, jusqu'à ces dernières années, communiquaient difficilement entre elles.

 

Ces régions étaient, en effet, séparées par de profonds et larges estuaires.

 

Il fallait relier ces différentes régions autrement que par des bacs ou des embarcations dont la lenteur et l'exiguïté ne répondaient plus aux besoins de la circulation actuelle particulièrement intense pendant les mois d'été.

 

C'est pour remédier à cet état de choses que le Conseil général décida de faire construire le pont suspendu de Térénez, sur la rivière de l'Aulne qui se jette dans la rade de Brest, puis le pont de la Corde, sur la rivière « Penzé », qui sépare le pays de Carantec et les bords de la rivière de Morlaix, de Saint-Pol-de-Léon et de Roscoff, enfin le pont de Plougastel.

Le nom de Pont Albert Louppe a été donné à cet ouvrage pour honorer la mémoire de M. Louppe, qui, président du Conseil général du Finistère, en a fait voter la construction par l'Assemblée départementale.

 

Le pont de Plougastel est construit dans un site merveilleux.

Sous ses trois arches, présentant chacune une ouverture de 186 mètres, coule la rivière Élorn, grossie deux fois par jour par la marée.

 

C'est au-dessus d'un véritable bras de mer de plus de six cents mètres de largeur, profond à certains endroits de 16 mètres à mer basse, que s'élève le Pont.

 

Sur la rive droite de l'Élorn, rive de Brest, des bois de pins et des parcs des villas encadrent l'ouvrage.

Sur la rive gauche, rive de Plougastel, il est largement dominé par une ligne de rochers grandioses qui s'élèvent jusqu'à 157 mètres au-dessus du niveau de la rivière.

 

Le tablier supérieur du pont se trouve à 42 mètres au-dessus du niveau de la mer.

Parallèlement et à six mètres en dessous, existe un tablier-rail sur lequel pourra être établie une voie ferrée.

 

La navigation dispose donc, dans chaque travée, d'un tirant d'air de 36 mètres, permettant ainsi aux navires de passer pour remonter jusqu'au port de Landerneau.

 

L'ouvrage entier, avec les travaux d'accès aux arcs, présente une longueur supérieure à 800 mètres.

Il faut donc neuf minutes de marche pour aller d'une extrémité du pont à l'autre.

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Deux arcs sont déjà bétonnés.

Le cintre (au premier plan) est déplacé pour être amené à l'emplacement du 3e arc.

(Entreprise Limousin et Cie — Procédés Freyssinet.)

 

Le tablier-route, avec ses parapets pleins, constitue le but et le couronnement de l'ouvrage.

La route comprend une chaussée de six mètres sur laquelle peut passer une voie ferrée d'intérêt local, et deux trottoirs d'un mètre.

 

Il a fallu plus de 25.000 mètres cubes de béton et 1.500 tonnes d'armatures pour réaliser cette œuvre magnifique, décidée par le Conseil général le 22 septembre 1922 et terminée en septembre 1930.

 

C'est le 9 octobre 1930 que M. Gaston Doumergue est venu inaugurer le pont dont les dimensions et la hardiesse dépassent de beaucoup les travaux du même genre exécutés jusqu'à présent dans le monde entier.

 

La valeur économique de la nouvelle voie mise à la disposition des populations finistériennes et des touristes est considérable.

La distance entre les deux centres les plus importants du département, Quimper et Brest se trouve réduite de 16 km. ; la presqu'île de Plougastel, avec son clocher et son merveilleux calvaire, — un des plus célèbre de la Bretagne — est maintenant reliée au Nord-Finistère et à Brest par une voie commode et rapide.

 

Plougastel, pays des fraises, pourra augmenter sa production qu'il écoulera vers les gares de la grande ligne Brest-Paris, et vers l'Angleterre par le port de Brest, avec des facilités nouvelles.

 

Au point de vue touristique, il est difficile de concevoir un panorama plus grandiose et plus varié que celui qu'on découvre du pont de Plougastel.

 

Quand on regarde vers l'amont de la rivière, les yeux découvrent une nappe argentée qui s'insinue au milieu de bois, des champs fleuris formant des pointes, et des baies animées par les embarcations des pêcheurs de Kerhor, du Passage, et de Kerhuon.

Dans le lointain, au-dessus des clochers de Landerneau, s'étagent les collines dominées par des rochers aux formes fantastiques et enfin, à l'horizon, les premiers sommets des Monts d'Arrée.

 

Puis, si, détournant la vue à regret de ce splendide panorama, le touriste se tourne vers l'aval, il aperçoit, largement ouverte devant lui, la rade de Brest dans toute sa splendeur.

À gauche les derniers rochers de Plougastel, les falaises de la presqu'île, l'île Ronde, puis sur la rive sud de la rade, l'île Longue, et, devant la presqu'île de Crozon-Morgat, les îles Trébéron et des Morts.

 

La presqu'île de Roscanvel terminée par la pointe Espagnole (ou des Espagnols), forme dans le lointain une masse sombre dont les hautes falaises dominent la rade et le goulet.

 

Celui-ci est constitué par une échancrure de 1.200 mètres de large dans la partie la plus étroite.

De chaque côté, sur la rive nord et la rive sud, les mêmes falaises escarpées dominées par des forts et le phare du Portzic.

Au-delà de l'étroit couloir, la haute mer.

 

Sur la rive nord on devine la Pointe Saint-Mathieu, la plage du Trez-Hir, le phare du Minou, et à l'intérieur de la rade, des jetées, c'est la rade-abri où sont au mouillage les navires de guerre.

Non loin d'elle, d'autres jetées, c'est le port de commerce de Brest.

À terre, de hautes murailles, c'est le château, puis les remparts dominés par le cours Dajot et la ville de Brest ;

Au milieu d'une verdure toujours rafraîchie par la brise marine, s'élèvent des clochers :

ceux de Lambézellec et de Saint-Marc.

Sur le bord de la rade se ce sont des villas cachées au milieu des arbres.

Vers le nord, c'est le Léon.

 

Maintenant, grâce au pont de Plougastel, le Léon, au nord, et la Cornouaille, au sud, peuvent se tendre les mains, largement ouvertes, pour une collaboration féconde dans le travail.

 

Le sculpteur breton Quillivic à concrétisé cette collaboration.

Il a ciselé dans le granit bleu et dur du Finistère quatre personnages :

un Plougastel et une Plougastel, un Léonard et une Léonarde.

 

Sur la rive gauche, le Plougastel producteur de fraises, présente au passant les produits de son pays ;

sur la rive droite le Léonard, éleveur de chevaux réputés dans le monde entier tient à la main un licol.

 

Tel est cet ouvrage impressionnant appelé Pont Albert Louppe.

MM. Limousin et Freyssinet, qui l'ont construit sous le contrôle de MM. les Ingénieurs des Ponts et Chaussées et plus particulièrement de MM. Genest et Cavenel, ingénieurs en chef, de MM. Coyne et Pétri, ingénieurs des Ponts et Chaussées et Luart, ingénieur des Travaux publics de l'État ont accompli une œuvre considérables !

 

Grâce à elle le développement économique de toute une région et le développement touristique du département entier vont, sans aucun doute, conne naître une ère de grande prospérité.

L'ouvrage constitue une gloire pour la France tout entière.

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P. S. — Le pont de Plougastel est un pont à péage.

Les prix des passages les plus usuels sont les suivants :

1 piéton ou 1 personne en voiture 0 fr. 50 ;

cycliste, 1 franc; motocycliste, 2 francs ;

moto avec side-car avec remorque, auto 2 places, 3 francs ;

auto 3 places, 4 fr. 50 ;

4 places, 6 francs ;

6 places, 8 francs etc.,

 

le prix de passage du conducteur est compris dans celui du véhicule.

Toute personne transportée en plus du conducteur paye 0 fr. 50.

1 chien, 0 fr. 25;

 

Georges THIÉBAUT, délégué du T. C. F.

Président du S. I. du Nord Finistère

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