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1937

Une fillette se mourait dans un taudis
près de Plougastel

 

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Source : La Dépêche de Brest 6 mai 1937

 

La gendarmerie de Daoulas était avisée, voici quelques jours, qu'une fillette se mourait faute de soins, dans une petite ferme située au Cosquer Saint-Jean, en Plougastel.

Le maréchal-des-logis-chef Le Ray, commandant la brigade, décida aussitôt de procéder à une enquête, en compagnie du gendarme Auffret.

 

La rumeur publique accusait Mme Gouron, née Pauline Le Cam, 45 ans, de ne pas donner à l'une de ses filles les soins que son état nécessitait.

 

Le maréchal-des-logis-chef Le Ray trouva la maison des époux Gouron dans un état lamentable de malpropreté.

 

La famille habite une petite ferme de cinq hectares et M. Gouron, sur lequel de bons renseignements sont fournis, travaille à l'extérieur pour subvenir aux besoins des siens.

 

La petite malade, Marie, âgée de huit ans, fut trouvée assise sur un banc, sur le côté de l'âtre.

Elle était dans un état de grande faiblesse.

 

Mme Gouron ne fournit que bien peu de renseignements aux gendarmes, mais il fut possible de comprendre que la petite Marie avait contracté une bronchite voici quelque temps.

 

M. et Mme Gouron ont trois autres enfants :

Frédéric, né le 22 octobre 1926 ; Louis, né le 15 juin 1929 et Claudine, née le 10 avril 1932.

 

En présence des constatations qu'ils venaient de faire, les enquêteurs avertirent le parquet de Brest, qui désigna mardi matin M. le docteur Teurnier, médecin légiste, pour procéder à l'examen de la petite Marie Gouron.

 

Le docteur Teurnier s'est rendu aussitôt au Cosquer Saint-Jean.

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Au parquet

 

Dans la matinée d'hier, le parquet de Brest était en possession des premiers renseignements fournis par M. le docteur Teurnier.

 

M. Bouriel a chargé M. Louis Crenn, juge d'instruction, d'ouvrir une information contre X..., information qui sera poursuivie dès que le rapport complet du médecin légiste sera déposé.

 

Les quatre enfants du ménage Gouron ont été conduits hier matin à Brest et confiés à l'Assistance publique.

 

*

**

 

Source : La Dépêche de Brest 22 juin 1937

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Source : La Dépêche de Brest 28 juillet 1937

 

C'est une pénible affaire que le tribunal a à juger.

 

Les époux Gouron, de Plougastel-Daoulas, sont inculpés de n'avoir pas donné les soins nécessaires à leurs enfants, dont l'un, une fillette, mourut par la suite.

 

La femme, née Pauline Cam, âgée de 45 ans, présente dès le début des débats une attitude telle qu'on doit la faire sortir de la salle.

Elle prononce des paroles presque incohérentes.

 

Mère de famille de quatre enfants à l'époque des faits, Mme Gouron laissa ceux-ci dans le dénuement le plus complet, au milieu d'une saleté repoussante.

 

— Ce n'est pas ma faute, s'écrie la femme.

— Si c'est de ta faute, riposte aussitôt le mari.

 

Gesticulant, elle ajoute : « Je me défends jusqu'à la mort ».

 

C'est à ce moment que le président la fait sortir.

 

On reproche au mari, Jean Gouron, 48 ans, de n'avoir pas été suffisamment énergique dans son foyer.

 

M. Gouron explique qu'à plusieurs reprises, sachant que ses enfants étaient privés de nourriture, il s'occupa d'eux et leur donna à manger.

Voyant que l'un d'eux, plus chétif que les autres, présentait des signes de maladie grave, il fit venir un médecin au chevet de sa fillette, qui, atteinte de tuberculose, devait succomber peu après.

 

On attribua le décès de la malheureuse enfant à la privation de soins.

 

Gouron prétend avoir fait son possible pour ses enfants pendant l'absence de sa femme, qui se trouvait la plupart du temps au champ.

 

M. le docteur Teurnier fut appelé à constater l'état lamentable dans lequel vivaient les enfants des époux Gouron.

Il signale le caractère irascible de la femme.

 

Le ministère public déclare que l'avarice de l'inculpée a certainement joué un rôle dans cette affaire.

 

Après plaidoirie de Me Kerneïs, le tribunal condamne la femme Gouron à 50 francs d'amende.

Le mari est condamné à 25 francs d'amende avec sursis.

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