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1937

À la foire de Lannilis

 

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Source : La Dépêche de Brest 7 janvier 1937

 

Depuis quelque temps, les cours sont en hausse.

Afin de tirer le meilleur parti de la situation, certains n'attendent point que les animaux soient amenés en foire où s'établit un cours proportionné aux circonstances.

Des rabatteurs se rendent chez les éleveurs où ils s'efforcent d'obtenir les prix les plus avantageux.

D'autres, en dépit de toutes les interdictions, attendent, sur les routes convergeant vers le champ de foire, la venue des propriétaires des bestiaux.

 

Bien sûr, quelques procès-verbaux sont dressés, mais la tenue d'un gendarme se voit de loin.

 

Hier, à Lannilis, dès quatre heures du matin, des porcs et porcelets étaient amenés sur la place principale du bourg.

Il n'y avait pas eu de foire dans la région depuis celle du dernier lundi de décembre, à Lesneven.

Et comme, pendant les fêtes, il avait été fait une grande consommation de ce bétail, bon nombre de marchands avaient battu toutes les fermes du pays.

Il en est résulté une hausse très sensible.

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— Le porc, nous dit un acquéreur avec un geste impressionnant, a augmenté de 100 francs par 100 kilos depuis la foire de Lesneven.

 

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Les bovins, eux, sont enlevés pour le plus grand nombre, par camions automobiles.

Aussi toutes les rues, les moindres emplacements du bourg sont encombrés des véhicules les plus divers destinés à ce transport.

 

Il en est résulté dans divers pays un bouleversement total des habitudes.

Les foires, qui se prolongeaient jusqu'aux premières heures de l'après-midi sont souvent terminées dès neuf heures ou dix heures du matin.

 

Tel est le cas pour Landerneau, St-Thégonnec, Sizun, Pleyber-Christ.

Évidemment, le commerce local qui tirait le parti que l'on devine de la prolongation de ces manifestations n'y trouve pas son compte.


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À Lannilis, cependant, les bovins occupent encore à 14 heures la rue qui conduit vers Brest.

Et pourtant les tractations ont été nombreuses.

Il est venu des acheteurs de toute la région et des représentants des firmes étrangères, Suisse, Sarre, etc..

 

Résultats : les taureaux ont été enlevés peu après leur arrivée.

La tendance est incontestablement accusée vers la hausse.

Le taureau qui se payait il y a un mois entre 1 fr. 60 et 1 fr. 70 sur pied par livre, atteint aujourd’hui 2 francs. (*)

La vache passe dans le même temps de 1 fr. 10 à 1 fr. 20 à 1 fr. 50.

Des vaches laitières ont été payées 2.000 francs.

 

La hausse la plus sensible est celle qui s'est produite sur les veaux.

Ici, la livre sur pied se payait il y a environ un mois de 2 fr. 75 à 3 francs, à la foire de Lesneven de 3 fr. 50 à 3 fr. 75 ; aujourd'hui on ne cède guère à moins de quatre francs.

 

On discute ferme, on s'indigne, on s'en va, mais devant la volonté inébranlable de l'éleveur, on revient et on s'incline.

 

La revalorisation des produits de l'élevage est, comme on peut le constater, en excellente voie.

Reste à en connaître les répercussions pour le mangeur de biftecks et d'escalopes.

 

(*) Compte tenu de l'érosion monétaire due à l'inflation, le pouvoir d'achat de 1,00 Ancien franc en 1937

est donc le même que celui de 0,60 Euros en 2021.

 

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