1937
Brest
De Kerabécam à la jetée de l'Est
Source : La Dépêche de Brest 13 avril 1937
Rampes du port de commerce, comme à la jetée de l'Est, de lourds camions chargés de terre défilent sans arrêt à longueur de journée et viennent déverser leur contenu en bordure du terre-plein dont on poursuit la création.
On sait que vers 1931 on commençait l'amorce de ce terre-plein en arrière de la forme du bassin de radoub et on constituait la base du cordon d'enrochements qui allait le border sur le bassin des yachts.
Puis on couronnait ce cordon d'une suite de masques de béton.
Dans le bassin ainsi obtenu une drague refoulait directement les sables et les vases extraites devant la passe Est qu'elle rendait du même coup utilisable par les cargos.
Cependant on ne pouvait songer à créer uniquement par ce moyen un terre-plein dont la superficie doit atteindre cinq hectares.
Aussi laissa-t-on le soin à la décharge publique de poursuivre le comblement.
Fort heureusement de nombreux travaux entrepris à Brest permirent d'utiliser ainsi une quantité considérable de déblais.
Les chemins de fer procédant au renouvellement des ballasts sur bon nombre de lignes, amènent depuis longtemps déjà des wagons emplis de déblais.
Il en vint d'autres provenant des travaux de la nouvelle gare.
À présent les apports principaux sont issus des terrassements nécessités par la construction du nouvel hôpital.
Ce fut d'abord ceux qu'entraînait la création de la nouvelle route de Kérinou.
C'est à présent ceux qui proviennent de l'arasement des buttes de l'ancien fort des Fédérés.
Une pelle mécanique se meut là sur chenilles, arrachant un demi-mètre cube à chaque coup de benne.
Les camions sont ainsi rapidement remplis.
Ils filent aussitôt vers le terre-plein de l'Est où ils basculent automatiquement leur chargement.
Ici un autre engin, également monté sur chenilles, procède à l'aplanissement en repoussant les déblais entassés à l'aide d'un épais bouclier concave qui garnit son avant.
Entre cet engin et la pelle mécanique, les camions ne s'arrêtent guère.
Ils parviennent à transporter 160 chargements dans une journée.
À ce rythme, si la construction du terre-plein s'avance, le vieux quartier de Kerabécam se modifie singulièrement.
Bien sûr on ne peut s'attendre encore à voir sortir de terre les premiers éléments des bâtiments de l'hôpital ;
cela ne se produira pas avant septembre.
C'est qu'après les terrassements dont on connaît l'importance il faudra entreprendre des travaux de fouilles considérables.
On sait aussi que c'est dans cette région de la future ville, que doit desservir l'avenue Maréchal Foch, la plus large et la plus belle de la cité que doit se construire le parc des sports.
Ce parc s'étendra depuis le rond-point de la « villa champêtre » le long des remparts derrière la caserne de l'Harteloire.
Il comprendra l'Office municipal des sports, contraint de quitter Keroriou pour céder la place au Foyer du soldat, une piscine et un vaste vélodrome ayant à son centre un terrain de football.
Telle sera la réalisation première du plan d'embellissement de Brest.