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1938

Nuit de réveillon de Noël
à Brest

 

 

Source : La Dépêche de Brest 25 décembre 1938

 

Les Brestois n'ont pas manqué à la tradition.

Ils ont joyeusement fêté la nuit de Noël.

 

La journée avait été maussade.

Le temps gris et sombre.

Mais dans les rues enfin débarrassées de la neige et asséchées par une bise du nord-est, les retardataires se hâtaient d'envahir les magasins pour faire leurs ultimes achats.

 

On se bousculait pour emporter jouets et cadeaux, boudin blanc et foie gras truffé, poulardes et pâtisseries, crottes de chocolat et marrons glacés.

 

Le soir, toutes les vitrines resplendirent de lumière.

Les promeneurs s'y arrêtaient longuement.

Dans la charcuterie, la tremblotante gélatine prenait des reflets cuivrés.

Bijoux, fourrures, dessous vaporeux, aux étalages de luxe, excitaient la convoitise des femmes.

 

*

**

 

À minuit, les cloches des églises appelèrent les fidèles à venir fêter l'anniversaire de la naissance de l'Enfant-Jésus.

 

Les programmes musicaux présentés depuis quelques années aux messes de minuit sont loin, par leur qualité et leur variété, de ceux d'autrefois quand on se contentait d'entendre :

« Jouez hautbois, résonnez musettes », ou le « Minuit Chrétiens », d'Adam, chantés dans toutes les paroisses.

 

Qui se souvient encore de l'auteur des paroles de ce Noël célèbre ? de ce Placide Cappeau, négociant en vins, à Roquemaure, dans le Gard, qui l'écrivit, à la demande de son curé ?

 

Une cantatrice, Mme Maurcy séjournait à Roquemaure.

Elle connaissait Adolphe Adam, qui en composa la musique.

Mme Maurcy le chanta pour la première fois dans l'humble église de Roquemaure, à la messe de minuit, en 1847.

Depuis, le Noël d'Adam a fait son chemin, mais le nom de Placide Cappeau a sombré dans l'oubli.

                                                                                

À l'église Saint-Louis, Minuit Chrétiens fut chanté par un excellent soliste, avec un chœur à quatre voix mixtes, puis il y eut des chants grégoriens.

Les Kyrie, Gloria, Sanctus, Agnus Dei, à quatre voix mixtes de la messe de Sainte-Angèle, de Chérion.

À l'église Saint-Michel, un orchestre à cordes accompagna le Noël d'Adam ;

un quintette à cordes, des chants français :

Entre le bœuf et l'âne gris, de Gevaër ;

Jésus vient de naître, à quatre voix et Dans une étable obscure, à deux voix.

 

À Saint-Martin, la chorale et l'orchestre, sous la direction de M. Lidou, et à Saint-Sauveur, les programmes musicaux furent parfaits.

 

Puis vint l'heure du réveillon.

Les rues s'animèrent de nouveau de la foule sortant du cinéma et du théâtre, ou de celle venant des églises.

Tous se dirigèrent vers les tables blanches, garnies de houx et de gui, retenues dans les restaurants, ou dans l'atmosphère tiède d'une salle à manger familiale.

 

Alors le Père Noël, courbé sous sa hotte pleine de joujoux, descendit secrètement dans les cheminées...

Il y déposa un peu de joie et de bonheur.

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