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1940

La tourbe de Langazel
en Trémaouézan

 

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Source : La Dépêche de Brest 22 août 1940

 

Trémaouézan est l'un des plus discrets petits bourgs qu'il soit possible de rencontrer dans cette région si caractéristique du Nord-Finistère.

Un cimetière périphérique à l'ancienne mode, avec sa grille à pilastres monumentaux, ceinturant un bijou de petite église, constitue le motif principal de ce pittoresque ensemble.

D'antiques et sobres demeures, qui furent sans doute d'autres dépendances de quelque cossu prieuré, limitent une place minuscule dont le recueillement habituel n'est troublé, pour l'instant, que par le ronron de deux machines à battre, autour desquelles s'affaire la presque totalité de la population locale.

Il est possible que le village soit désormais plus animé.

Nous verrons pourquoi, tout à l'heure.

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Trémaouézan, au seuil des marais de Langazel, marque la séparation de deux terroirs bien différenciés.

 

Langazel, nom évocateur de légères et nerveuses antilopidées folâtrant sous d'autres cieux, étale à l'ouest du charmant petit bourg, et presque, sans transition apparente, l'étendue steppeuse de ses tourbières, ponctuées, çà et là, par des pins épars aux formes tourmentées.

Au loin, vers l'Argoat, on devine l'historique château de Mézarnou et la délicieuse chapelle de Loc-Mélar.

En direction de l'Armor percent, dans le lointain, les clochers de Ploudaniel et du Folgoët...

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La ligne à voie étroite allant de Landerneau à Lesneven se déroule, sinueuse, en bordure du marais ;

ce qui facilite l'accès du lieu, ainsi que l'évacuation de cette tourbe que plusieurs centaines de besogneux, hommes, femmes et jouvenceaux, s'occupent à extraire et transporter, à grand, renfort de louchets, civières et bras, faisant la chaîne entre la minière et le terrain proche, réservé au séchage des mottes.

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Quelques personnalités régionales, soucieuses de procurer une occupation, si modeste fût-elle, aux victimes du chômage provoqué notamment par la fermeture du Moulin-Blanc, Pont-de-Buis et autres usines, ou leur mise en veilleuse, ont pensé à l'extraction de la tourbe de Langazel.

C'est là une excellente initiative, doublement heureuse, en cette période de disette charbonnière.

L'État, le département, la direction des usines précitées et les susdites personnalités se trouvent ainsi associées pour mener à bien une œuvre d'intérêt général qui n'est encore qu'à ses débuts.

« Misereor super turbarn !... »

 

D'ores et déjà, de nombreux nouveaux gisements ont été repérés ;

des carrières ouvertes et des emplacements spéciaux sont en cours d'aménagement pour la construction des baraques et abris nécessaires, car on envisagerait d'exploiter même en période hivernale.

La plus grande difficulté du moment est de nourrir et d'héberger tant de monde dans les environs immédiats.

C'est pourquoi le bourg de Trémaouézan présente maintenant, à certaines heures, une animation accrue.

Tous les jours, de nouvelles demandes d'embauche sont présentées au secrétariat, quoique le recrutement, nous dit-on, se trouve momentanément interrompu.

Les hommes toucheraient 5 francs de l'heure et les femmes 3 fr. 75.

Les ouvriers titulaires au Moulin-Blanc et employés à Langazel conserveraient le bénéfice intégral de leurs anciens salaires.

La journée de 8 heures paraît bien courte, financièrement parlant, à beaucoup d'ouvriers de Langazel.

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Tout le monde connaît, au moins de nom, la tourbe des marais, ce combustible végétal provenant de l'accumulation et de la carbonisation de certaines mousses aquatiques ou sphaignes.

Celles-ci, se développant dans l'eau par leur partie supérieure, meurent à la base et forment ainsi, à l'abri de l'air, une couche qui s'épaissit lentement.

 

La tourbe, convenablement séchée, s'emploie au naturel dans les foyers, cuisinières et autres appareils de chauffage.

Elle est parfois distillée et donne alors, outre du gaz, divers sous-produits industriels.

Dans certaines régions, la tourbe remplace la paille dans la confection des litières.

Elle constitue un excellent filtre et il paraît que, convenablement traitée, elle remplacerait avantageusement le coton hydrophile, qui se fait de plus en plus rare.

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Source : La Dépêche de Brest 1 juin 1918

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Source : La Dépêche de Brest 10 octobre 1940

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Source : La Dépêche de Brest 8 juin 1941

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