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2004

Île-Tudy
La lessive sèche au vent du large

 

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Source : Le Télégramme de Brest 29 août 2004

Auteur : Françoise Le Bris

Remerciements à Philippe Rouyer

 

Existe-t-il d'autres communes côtières où les petites et grandes lessives sèchent au vent du large, sur fond de mer, le long de la corniche ?

Lingerie fine ou grands draps de toile, ils y passent tous à l'air salin avant de regagner l'armoire à linge.

Le linge de l'Île-Tudy, c'est toute une histoire.

Une belle histoire liée au passé de port de pêche de la petite cité bal­néaire bigoudène.

 

Drôle, inattendu, attendrissant.

Les draps, les chemises et les torchons... claquent toute l'année, au vent de l'Île-Tudy, sur des lignes communales, installées sur le domaine public, face à la mer.

 

Comme un paysage

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Entre deux morceaux de linge, on aperçoit le phare de la Perdrix.

Les îliens ne prêtent pas attention.

Ils ont toujours connu.

Les visiteurs, en revanche, sont surpris et s'attardent volontiers devant la lessive étendue devant la mer, face à la mairie, comme on s'attarde devant un paysage pittoresque.

Beaucoup ne résistent pas à tirer la photo, comme pour se persuader qu'ils ne rêvent pas et qu'ici, le sèche-linge n'a pas encore détrôné le bon air du large.

 

Les filets de pêche

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Avec ses étroites ruelles et ses pittoresques petites maisons serrées les unes aux autres, l'Île-Tudy a le charme des anciens villages de pêcheur.

Un village sans jardin pour une population tournée vers la mer.

« Tout se passait à la grève.

Les marins tendaient des perches pour faire sécher les lourds filets de pêche, en coton.

S'ils ne séchaient pas correctement, ils pourrissaient.

Ce n'était pas des filets en nylon comme aujourd'hui.

Lorsque le séchage était terminé, c'était au tour des femmes de l'Île de tendre leur corde à linge pour y étendre les lessives », raconte Paule Montreuil, native de l'Île, qui se souvient avoir vu son père marin à ses filets, puis sa mère lui succéder avec sa corde à linge.

 

1960, des poteaux en dur

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« Et puis, le jour où les filets en nylon ont fait leur apparition, les lavandières ont continué à utiliser les perches.

Quand, un peu plus tard, la commune a procédé au bitumage de la corniche, elle a installé des poteaux en dur dans le béton.

C'était autour de 1960 ».

Paule, adorable mamie, est revenue à l'Île, à l'âge de la retraite.

Et elle a retrouvé le goût et le plaisir du linge séché face à la mer.

 

Rien ne vaut l'air du large

« Bien sûr, j'ai un sèche-linge.

Mais rien ne vaut une lessive fouettée par le vent.

Il sent bon, il est doux, facile à repasser.

Et comme j'aime le bruit du linge qui claque au vent.

Les touristes aussi utilisent la ligne.

Bien sûr, il y a quelques vols de temps à autre, mais c'est rare.

Il y a parfois, quelques petites culottes qui disparaissent, mais ça arrive aussi dans les jardins privés.

On entend aussi des réflexions négatives sur le fait d'exhiber son linge.

Mais, dans l'ensemble, les gens sont attendris.

Ils posent des questions, font des photos.

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On m'a même offert un poème de Pierre Kérébel, intitulé « Du vent dans les voiles », inspiré par le linge de l'Île-Tudy ».

« Si, un jour, on devait supprimer ces lignes, ça ferait des mécontents », note à son tour le maire de l'Île-Tudy, qui s'empresse d'ajouter que ce n'est pas demain la veille...

Le linge de mer, fait partie de l'histoire.

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