Vous n'avez pas dû connaître le « Chouan » ?

Moi non plus, mais il était bien connu autrefois de l'autre côté de Plouguin, comme un fameux braconnier.

Cela ne le gênait pas.

II braconnait toujours à la barbe des gendarmes, constamment à ces trousses, qui rentraient régulièrement bredouilles.

Sur le point d’être enfin pincé par ceux-ci, épinglé le fusil à la mains il put encore, au tout dernier moment, bondir sur une jument qui paissait là dans le « prad ».

Les talons dans les flancs de la bête, au « galop rouge » par-dessus les entrées de champs barrées de pierres entassées à la mode du pays !

Non pas en direction de chez lui, évidemment, mais carrément en direction du Bourg !

 

Ayant pris un bon bout d'avance, il lâche le cheval pour qu'il retourne chez lui.

Il cache son fusil dans le chaume d'une étable voisine.

Il se brosse un tout petit peu de ses mains, puis il fonce résolument vers la Place du Bourg pour aller bavarder.

Ce sera juste avec Monsieur le Maire en personne qui rentrait de la Mairie.

Il savait bien, le « Chouan » ce qu'il faisait ainsi.

En effet, quand les « Enfants de Jésus » vinrent quémander la signature du Maire pour leur procès-verbal, une toute petite heure plus tard, celui-ci n'en crut pas un seul mot.

— Mais ce n'est pas possible que vous ayez surpris le « Chouan » à braconner au fusil, il y a une heure!

À ce moment-là, il était ici même à bavarder avec moi, sur la Grand-Place !

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