Les petites histoires
de
Tonton Louis de Tréouergat
Sortilèges et tours pendables
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Fañch-les-boutons, farceur de Tréouergat
Nous continuons en compagnie des farceurs du Tréouergat d’autrefois. Fañch-les-boutons !
Il avait dû au moins une fois ou l'autre mettre des boutons dans le plat du « fabricien » (*).
Il était aussi joliment renommé, en son temps, pour savoir faire des tours, surtout peut-être à sa vieille Marie Kerboul qui était sourde comme trois pots.
Un malin donc qui savait faire l'andouille quand ça le démangeait.
Je vois Fañch, un samedi soir, de retour du marché de Saint-Renan, qui s’attable à la Maison du Forgeron.
En ce débit, entre autres choses nombreuses, il y avait un petit dépôt de journaux :
au moins quinze à vingt numéros du « Courrier » (**).
En tout cas, ce samedi soir, tous les journaux étaient déjà partis, sauf un seul encore entre les mains d'Anastaz.
Celle-ci le lisait, tout en servant les clients au comptoir.
Après avoir bu un coup avec quelque copain, notre Fanch s’avisa de demander « Le Courrier ».
— Tenez ! fit Anastaz.
Voilà le dernier.
Prenez-le !
Je l'ai lu entièrement !
— Ah! déclara Fañch.
Alors je n'en veux pas.
Je n'en ai pas besoin.
Envolées, toutes les nouvelles qu’il y avait dessus !
II n'y eut rien à faire pour le décider à prendre un journal qui avait été déjà lu.
Bien entendu, Fañch fit un clin d'œil à son copain en s'en allant de la maison.
Tandis qu'il laissait Anastaz penser ce qu’elle voulait, et se demander si Fañch n'était pas un peu dérangé, ou au moins « lutiné ».
(*) Le fabricien est chargé de l’administration des biens de l’église.
Le plat du fabricien s’entend comme la corbeille de la quête à l’église.
(**) « Le Courrier » du Finistère est un journal