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Les petites histoires
de
Tonton Louis de Tréouergat

Sortilèges et tours pendables

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Peur du noir

 

Tonton Hervé, le frère de Nonnon, le forgeron de Toullan, était lui-aussi assez « canaille » avec ses histoires.

Il m'en raconta vers mes trois-quatre ans.

Il m’avait installé sur ses épaules, en venant du chantier de la nouvelle ferme à Traon-Bouzar, à la nuit close, par les sentes du Park-Lakoun.

Je frissonnais, de peur que mes petits pieds ne fussent pas assez loin de terre :

Si quelque renard à la queue rousse venait me lécher les talons ?

Ou quelque sanglier aux moustaches encore plus longues que ses dents de coin ?

 

Plus grand, je restais assez peureux la nuit :

S'il était encore là, le renard à la queue rousse, dans ce coin sombre derrière tel têtard d'arbre rabougri, ou, allez voir quoi !

Sous les vieux arbres tordus du bas du bourg, accroupis dans l'eau du gué d'Enez Rouz, des coassements de grenouilles se faisaient souvent entendre.

Aussi, quand il fallait passer par là à une heure tardive, je filais, et sans chercher mon reste !

 

C'était une affaire chaque fois que venait mon tour, après le souper, de porter sa pitance au chien à travers la cour obscure.

La chauve-souris n’était pas grand-chose.

Mais la chouette et le chat- huant étaient d’autres lascars en qui je n'avais aucune confiance.

À Enez-Rouz, chaque nuit, deux ou trois faisaient l'imbécile autour des vieilles cheminées :

l'un demandait le « gou-oût » à longueur de nuit, et l'autre lançait « houin-ho » tout-à-coup, comme pour vous surprendre, après avoir gloutonnement avalé quelque souriceau imprudent.

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