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Les échos du vallon sourd

Chroniques d'un monde paysan
à jamais disparu


Louis Conq de Tréouergat raconte
 

Septembre 44

Enfin, Brest tombe

Hommage Tréhouergat (892 x 766).jpg

 

Enfin, Brest tombe.

Beaucoup d'entre nous sont renvoyés dans leurs foyers, en attendant d’être rappelés en cas de besoin, après qu'a eu lieu le Défilé du Bataillon F.F.I. à Ploudalmézeau et qu'on nous a fait des louanges pour le travail réalisé.

Ainsi, comme il l’est dit encore plus solennellement, au bout du chemin menant à Kergoff, plus tard, lors de l'érection de la stèle-souvenir :

« Notre canton, peuplé de seize mille habitants, a fourni, à lui tout seul, onze cents volontaires.

Çà a été une levée en masse de toute la jeunesse !

À ce compte-là, à travers tout le pays, le Bataillon des F.F.I. aurait dû compté trois millions d'hommes. »

L'instigateur, l'organisateur et le cerveau de la Résistance chez nous a été le notaire Maître Provostic, mort déporté sans avoir connu le succès de son entreprise patriotique.

Que cette stèle perpétue sa mémoire dans nos esprits, comme aussi son exemple.

Il a été aidé de quelques hommes courageux qui, plus heureux que lui, sont encore parmi nous.

Son chef et maître d'œuvre n'a été qu'un simple gendarme : M. Grannec, appelé encore « Joseph 351 ».

 

Reconnaissons à ce gendarme beaucoup de mérite.

Du courage réfléchi pour avoir d'abord tenu tête à la Gestapo, de l’astuce pour déjouer le travail répugnant des espions et collaborateurs, et une connaissance parfaite de nos ruraux, pour n'avoir choisi et recruté que des hommes sûrs.

Il lui a fallu de l'autorité pour être obéi par ce millier d'hommes, un certain nombre d’entre eux plus haut gradés ou plus âgés que lui.

 

Il lui a fallu, spécialement, être sur ses gardes, et faire preuve d'un habile et prudent savoir-faire, pour traiter avec les Russes de Vlassoff.

La plupart de ceux-ci venaient d'au-delà de l’Oural.

Ils n’étaient pas des gars de tout repos.

À cette époque, ils avaient déjà changé leur fusil d’épaule au moins deux fois, pour ne pas dire davantage.

Les hommes du Maquis de Tréouergat ont nettoyé l'Arvor tout alentour et ont apporté leur aide précieuse pour libérer Brest.

Les Américains, avec leur armement lourd, ont écrasé les casemates de l'ennemi,

mais ils ont laissé aux gars du Maquis, qui n'avaient que leur poitrine, la charge de faire beaucoup du reste.

Il n'y a pas eu de désordres, ni d'attentats à l'encontre de quiconque, comme on aurait pu s’y attendre.

Tréouergat, cette petite Commune courageuse, n’a pas hésité à accueillir le Maquis en août 1944.

Le lieu était remarquablement bien choisi.

Mais le risque était immense.

S'il s'était produit un retour des Allemands, elle aurait subi le sort atroce d’Oradour, ou,

plus près de nous, celui de Plouvien.

Donnons-lui toute notre reconnaissance.

Que cette Stèle du Souvenir en soit le témoignage, bien qu'il soit un peu tardif.

Stèle Tréouergat (1500 x 842).jpg
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