Les petites histoires
de
Tonton Louis de Tréouergat
Sortilèges et tours pendables
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Tripatouillé par les Gars du Sabbat
À Coatauroc'h, le bois de l'auroch, si vous voulez, une ferme importante, l'un des journaliers venait tous les jours très tôt à son travail, été comme hiver.
Finalement, le Maître-Commis Émile trouva que c'en était trop.
Mettre ainsi tous les matins, à une heure pas honnête, tout le monde de la ferme debout !
Car évidemment, il les réveillait en se mettant à travailler.
Et d'abord, en apportant du bout de la meule, du fond de l'aire à battre, les faix énormes de foin, aux vaches dans leur étable.
Émile se mit en tête de dénicher une façon de bien s'y prendre pour « sevrer » correctement ce grand veau-là.
Il se rendit donc très tôt attendre le journalier au bout du tas de foin, en se tenant caché derrière les faix préparés depuis la veille.
Quand l’autre drôle se présenta, il le saisit à pleines mains humides et froides, sans se montrer, tout au bas de ses jambes, nues sous le pantalon !
Sur le coup, le journalier fut épouvanté net !
Éperdu, il alla se fourrer dans l'étable parmi les vaches, sans plus bouger.
C'est un bon moment après qu’il fut trouvé là, tremblant encore de l’effroi d’avoir été « tripatouillé » par les « Gars du Sabbat ».
Au petit déjeuner, le Maître-Commis, avec beaucoup de bon sens, lui déclara :
« Peut-être bien que ça ne leur plaît pas tellement à ces clients-là de voir les humains se lever si tôt.
Le jour est fait pour travailler, c'est vrai.
Mais la nuit pour dormir.
Et en plus, sans nul doute, pour que les nains bossus aillent tranquillement par leurs chemins de traverse. »
Le journalier se montra dorénavant beaucoup plus raisonnable.
Mais il allait, à présent, au bout du tas de foin, armé de sa fourche.
On ne sait jamais.