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1880


L'aspirant de marine
expliqué aux enfants

 

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Source : L'Enfant : Journal illustré des petits garçons et des petites filles 1 janvier 1880

 

Vous connaissez, mes petits amis, le mousse et le marin, et je vous ai dit un mot, dans notre premier entretien, de l’École navale.

 

Cette école est installée à bord du bâtiment Le Borda, en rade de Brest :

Car, de bonne heure, on habitue ceux qui se destinent à la carrière maritime, au sol mouvant sur lequel ils doivent passer presque toute leur vie.

Là se forment les apprentis officiers, qu’on appelle aspirants de marine.

 

Voulez-vous que nous fassions connaissance avec l’aspirant ?

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Voyez-le : c’est un tout jeune marin ;

il vient d’embrasser son père et sa mère avant de s’embarquer pour un long voyage autour du monde.

Il revient de terre, et se rend à son bord, c’est-à-dire à son navire.

Il est tout pensif ;

il songe à la patrie qu’il quitte et à tous les pays inconnus qu’il va visiter.

 

Ce grand vaisseau, véritable maison flottante, avec ses grands mâts, sa voilure, sa machine semblable à une fournaise, l’étonne un peu ;

et, quand le signal du départ est donné, c’est le cœur navré qu’il quitte la terre et ceux qu’il aime, pour s’aventurer sur cette immense étendue d’eau qu’on appelle l’Océan.

Il sera des semaines entières sans apercevoir un rivage, n’ayant pour tout horizon que le ciel et l’eau.

Mais, comme notre jeune officier est entouré de marins braves et dévoués, de vieux loups de mer, comme on les appelle dans la marine, il se rassure bientôt :

L’émotion cède le pas au devoir, et il ne pense plus au danger.

 

Les détails du service, d’ailleurs, lui laissent peu de temps pour la rêverie ;

et, après les manœuvres, l’exercice et l’étude, s’il reste quelques heures pour le repos, l’aspirant en profite pour dormir profondément dans son hamac, sorte de couchette légère suspendue par deux clous aux flancs du navire.

 

Pour le jeune officier, ces quelques planches qui le tiennent suspendu sur un abîme sont une portion de la patrie absente ;

s’il faut qu’il les défende contre un ennemi de la France, il y mettra le courage et l’acharnement avec lesquels il lutterait pour la moindre parcelle du sol français.

Vous le verrez alors courir à l'abordage, le pistolet et le sabre aux poings.

Les matelots l’entourent, la hache à la main, et tous, officiers et marins, s’apprêtent à tomber sur la navire ennemi, et vont, par leur énergie et leur intrépidité, forcer l’équipage à se rendre.

 

Léon Vanier.

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