Source : La Dépêche de Brest 31 octobre 1896

 

Nous avons annoncé la mort, à Rennes, de M. Alfred Domalain, lieutenant de vaisseau en retraite, ancien commandant de la légion des francs-tireurs bretons en 1870.

 

À la tête d'une légion de quinze cents hommes et d'une batterie de montagne, le commandant Domalain figura brillamment à l'armée des Vosges et fut cité à l'ordre du jour par le général Cambriels.

Un trait de sa carrière pendant l'année terrible mérita spécialement d'être rappelé :

 

Au mois d'octobre 1870, le commandant breton tenait tête à l'ennemi dans la région montagneuse qui avoisine le village jurassien de la Burgonce.

Un matin, ses gars avaient fait prisonnier un officier de uhlans.

 

Dans la journée, Domalain reçut à son bivouac la visite du curé de la Burgonce, que les Prussiens envoyaient en parlementaire, avec un message ainsi conçu :

 

Ordre est donné au commandant des francs-tireurs de restituer l'officier allemand qu'il a capturé.

Faute de quoi, demain à midi, le village de la Burgonce sera brûlé ;

les principaux notables seront fusillés.

 

Signé : Le général VON DEGOENFELD.

 

Le commandant répondit immédiatement en déclarant que lui, officier régulier de la marine française, s'étonnait de ce langage ;

que les braves gens qui l'accompagnaient, dont les foyers n'étaient pas menacés et qui étaient accourus à la défense de la patrie, méritaient une meilleure considération.

Si l'ennemi fusillait les francs-tireurs captifs, eux, les francs-tireurs bretons, soignaient les Allemands prisonniers.

Enfin, il terminait ainsi :

 

.... Et maintenant, voici ma réponse :

Si vous touchez à un cheveu d'un seul habitant de la Burgonce, si vous brûlez une seule planche,

demain à midi, en haut du clocher votre prisonnier sera pendu.

 

Signé : Le lieutenant, de vaisseau commandant la légion bretonne,

 

A. DOMALAIN.

 

Inutile de dire que le bravache prussien ne donna aucune suite à son essai d'intimidation....

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