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1937


Une baleinière de l'Orage
chavire sous voiles
en face de la grève du Vieux-Saint-Marc

 

 

Source : La Dépêche de Brest 13 septembre 1937

 

Il était 16 h. 50, hier, quand un coup de téléphone provenant de MM. Pouliquen et Garcin, gardes champêtres à Saint-Marc, avisait l'officier de service de la préfecture maritime qu'une baleinière de l'État venait de chavirer à quelques, centaines de mètres du rivage.

 

On ne précisait pas s'il y avait des victimes.

 

La Direction du port ainsi que l'hôpital maritime furent néanmoins avisés et une pinasse d'un côté, l'ambulance de l'hôpital de l'autre, furent dirigées sur les lieux.

 

Il y avait affluence sur la grève de Saint-Marc, quand vers 16 h. 45, M. Le Moan, propriétaire de cabines, et M. Nicolas, premier maître timonier à bord du croiseur Émile Bertin, qui regardaient évoluer sous voiles une baleinière de l'État, virent soudain l'embarcation chavirer sous leurs yeux et ses occupants s'y agripper.

 

Les témoins, sans perdre un instant, se précipitèrent vers des périssoires amarrées le long du rivage.

 

Les secours

 

M. Le Moan emporta avec lui deux ceintures de sauvetage et dans le frêle esquif prit place également M. Marchadour, confiseur à Brest.

 

Ils furent bientôt suivis de MM. Nicolas Idas, maître mécanicien de la D. P. ;

Lannuzel, ouvrier à l'arsenal ;

Schwartz, et d'autres courageux sauveteurs, parmi lesquels le propriétaire d'un petit canot, la Mouette, qui devait un peu plus tard coopérer au renflouage de la baleinière coulée.

 

L'accident, qui s'était produit à environ 500 mètres de la côte, avait attiré la foule des promeneurs, qui suivaient avec anxiété les péripéties du sauvetage.

 

Ceux qui avaient sauté dans les périssoires atteignirent en peu de temps les infortunés marins, qui attendaient impatiemment qu'on vienne les secourir.

Tous, sauf un, savaient nager.

 

Une partie de l'équipage de la baleinière se hissa à bord du canot la Mouette ;

les autres matelots, se cramponnant à l'arrière des périssoires, furent ainsi remorqués jusqu'à la côte.

 

Le marin qui ne savait pas nager fut retiré de sa fâcheuse situation par M. Schwartz.

 

Bientôt, grâce à la promptitude des secours, les sept matelots formant l'équipage de la baleinière étaient ramenés sains et saufs sur la grève, où ils reçurent les soins nécessaires.

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Ce que dit l'un des matelots

 

Nous avons pu joindre les naufragés, qu'entouraient les nombreux témoins de l'accident qui venait de se dérouler sous leurs yeux et tout le monde se félicitait que cette aventure se soit aussi bien terminée.

 

L'un des naufragés a bien voulu nous déclarer.

 

« Nous avions quitté vers 14 heures, notre bâtiment, le torpilleur Orage (*), dans une baleinière de 7 m. 50, avec deux voiles de misaine.

Nous étions sept :

Bégot matelot canonnier ; Rosset, matelot fusilier ; Le Minster, matelot électricien ; Grosseni, matelot canonnier ; Hys matelot clairon ; Loirat, matelot torpilleur, et Le Goinvie, matelot gabier, patron.

C'est celui-ci qui ne savait pas nager.

 

« Nous nous sommes dirigés vers Saint-Marc pour nous baigner.

Le temps était maniable.

 

« Après notre bain, vers 16 heures, mes camarades et moi, sommes montés dans la baleinière pour rentrer à bord.

Quatre prirent place d'un côté et trois de l'autre.

 

« Nous étions arrivés à environ 500 mètres de la côte quand, brusquement, une risée plus forte que les autres nous surprit.

Pour rétablir l'équilibre, on se porta du côté opposé à celui qui penchait.

Mais il était trop tard ; notre embarcation s'inclina tout à fait puis se retourna.

 

« Nous avons réussi à nous cramponner à la barque, qui était restée à la surface grâce à ses voiles déployées.

 

« De la grève, on avait vu l'accident et aussitôt M. Le Moan, entreprit avec rapidité l'organisation des secours ».

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La pinasse de la Direction du port, arrivée sur les lieux, et le canot de la Mouette, ramenèrent ensuite à terre la baleinière, tandis qu'une automobile de la Marine transportait à Brest les matelots de l'Orage, heureux de s'en être tirés à si bon compte.

 

Quant aux sauveteurs, nous leur adressons nos sincères félicitations.

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Source : Aux Marins – Mémorial des marins morts pour la France

 

Torpilleur Orage construit en 1926 à Caen, coulé à Dunkerque.

 

Gravement endommagé par la Luftwaffe le 23 mai 1940, l'"Orage" dérive en feu, puis explose et coule le 24 mai 1940 à 03 h 15.

 

Commandé par le C.C. Viennot de Vaublanc, il reçoit quatre bombes, avant qu'une cinquième n'éclate le long du navire, provoquant une large brèche.

Incendié et criblé par les explosions des munitions sur le pont, il doit être évacué et le "Chasseur 42" embarque le personnel et le commandant.

Les soutes de l'"Orage" explosent et le bâtiment coule, pavillon haut, le 24 mai à 03 h 15.

Sur 137 hommes d'équipage, seuls 67 hommes survivront au naufrage.

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