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1937


Les œuvres sociales dans la Marine

 

 

Source : La Dépêche de Brest 5 novembre 1937

 

Le but de ce reportage, que nous commençons aujourd'hui, est d'attirer l'attention des nombreux lecteurs que la Dépêche compte parmi les personnels civils et militaires de la marine, sur ce nouveau service des « œuvres sociales » que le département de la marine a créé à leur intention, dans un but qui l'honore, ainsi qu'on en jugera par les sentiments généreux qui sont à la base de cette innovation, dont M. Blancho, sous-secrétaire d'État à la marine militaire, est le promoteur et le lieutenant de vaisseau C. Blot, son secrétaire, le réalisateur.

 

Organisation administrative

 

Au préalable il nous parait utile de rappeler, dans ses grandes lignes, le fonctionnement de cette institution nouvelle créée en août 1936, sous la dénomination de « Comité des œuvres sociales de la marine militaire ».

À côté de ce comité centralisateur, cette première décision ministérielle institua également, dans chaque port, un comité local, placé sous la présidence du contre-amiral, major général, dans le but d'étudier sur place, toutes les questions se rapportant aux œuvres sociales susceptibles d'être créées ou améliorées dans leur secteur respectif.

 

Après quelques mois d'étude, on se rendit compte en haut lieu, de la nécessité de compléter ce comité local en lui adjoignant un service exécutif pour assurer pratiquement le fonctionnement de l'œuvre en gestation.

Et c'est ainsi que, par dépêche du 25 mars dernier, le ministre ordonna la création, dans chaque port, du « service des œuvres sociales ».

 

Dans chaque port ce service, dont le fonctionnement remonte seulement à quelques semaines, est placé sous les ordres du préfet maritime.

 

Ses attributions — Son personnel

 

Les grandes lignes des attributions dévolues à ce service sont résumées comme suit:

1. Donner tous renseignements en matières d'œuvres sociales ;

2. Organisation de l'assistance sociale comportant, l'assistance à domicile ;

3. Étude des divers projets d'application des œuvres sociales en collaboration avec les services intéressés ;

4. Établir la réglementation locale des œuvres sociales.

 

Le commissaire, chef de la section administrative de la préfecture maritime, exerce les fonctions de chef de service.

Il a pour adjoint un officier d'administration de 1ère classe.

Le service est divisé en deux sections distinctes, l'une s'occupant exclusivement du personnel militaire, l'autre du personnel civil.

 

Chaque section comprend un service de renseignements et un service d'assistance sociale.

 

Le service de renseignements

 

À Brest, le « service des œuvres sociales » a été installé au 73A, de la rue Louis Pasteur, au 1er étage.

Ce service est ouvert au public du lundi au vendredi, le matin de 9 heures à 11 h. 30 et l'après-midi, de 13 h. 30 à 18 h. 30 et le samedi de 9 heures à 11 h. 30.

 

Pour la section militaire, un maître fourrier, et pour la section civile un commis de marine sont adjoints à l'officier d'administration, et sont spécialement chargés du service de renseignements.

Ceux-ci portent sur les questions ci-après :

  • Assistance publique. — Bureau de bienfaisance, assistance aux vieillards, infirmes et incurables.

  • Familles nombreuses. — Assistance obligatoire, encouragement national, primes à la natalité.

  • Protection maternelle et infantile — Assistance aux femmes en couches, primes d'allaitement, goutte de lait, crèches, pouponnières, consultation de nourrissons.

  • Œuvres de jeunesse. — Colonies de vacances, cantines scolaires, garderies de vacances

  • Enseignement. — Écoles diverses, cours d'adultes, cours divers.

  • Fondations et legs. — Intéressant le personnel de la marine.

  • Loisirs. — Sports, bibliothèques, etc...

 

Ce service peut fournir toutes indications :

aux personnels de la marine et à leurs familles sur les moyens de bénéficier des diverses lois sociales, sur les secours divers auxquels ils peuvent prétendre du fait de leur situation d'agents du personnel de la marine.

Ils possèdent également une documentation assez étendue sur les sanatoriums, préventoriums, écoles de plein air etc... organisés dans la région.

 

144 demandes pour le premier mois

 

— Combien de demandes de renseignements avez-vous reçues à ce jour ;

demandons-nous à M. Goarnisson, officier d'administration, chef adjoint du service ?

— Cent quarante-quatre exactement, dont 85 émanant du personnel civil et 59 du personnel militaire.

 

« À ce propos, il y a lieu de remarquer que notre service n'a commencé à fonctionner que le 1er octobre.

Ce chiffre ne porte donc que sur un mois.

Avant d'ouvrir nos bureaux, il a fallu rassembler toute la documentation nécessaire pour nous permettre d'être à même de renseigner avec précision.

 

« Dans ce but, nous sommes entrée en relation avec tous les organismes sociaux de Brest et du département, qu'ils soient publics ou privés.

Aujourd'hui nous possédons en somme toute la nomenclature des œuvres sociales du Finistère, qu'il s'agisse d'écoles de plein air, de colonies de vacances, de sanatorium ou préventorium ainsi que les conditions d'admission et de séjour dans ces établissements.

 

« C'est, croyez-moi, un très gros travail qui nous a pris près de trois mois d'activité.

J'estime que le nombre de demandes de renseignements que nous avons reçues est le meilleur Indice de l'intérêt que porte le personnel à ce service, car d'existence récente, celui-ci n'est pas encore bien connu.

Trop de gens ignorent encore et l'adresse de nos bureaux et la bonne collaboration qu'ils peuvent y trouver.

On confond aussi facilement « œuvres sociales » et « assurances sociales ».

C'est une question de temps et de publicité.

 

« Nous sommes déjà bien armés « pour rendre service », et nous le serons encore mieux dans quelque temps, car à Paris, le lieutenant de vaisseau Blot travaille à rassembler toute la documentation générale, ayant trait à la législation sociale.

C'est un très gros travail étant donné la multiplicité des lois existantes dans ce domaine.

 

« Extérieurement, le local que nous occupons est bien modeste, mais nos bureaux sont propres et bien situés par rapport aux divers services de la marine à Brest.

C'est un point auquel le département attachait de l'importance et cela se conçoit.

Il nous a d'ailleurs fallu faire vite et vous savez comme moi qu'on ne se loge pas facilement à Brest.

La chaleur de l'accueil que nous réservons à nos visiteurs, des femmes le plus souvent, compense l'austérité de l'immeuble que nous occupons d'ailleurs provisoirement. »

 

Le service d'assistance sociale

 

Voyons maintenant comment fonctionne le service d'assistance sociale qu'assurent les infirmières visiteuses, pour l'instant au nombre de deux, chacune étant attachée à une section.

 

Ses moyens d'action sont multiples et s'étendent à tous les membres de la famille.

Sur la demande de celle-ci, ces infirmières, diplômées de l'État, apportent dans les foyers leurs connaissances et leur expérience, pour tout ce qui concerne la santé physique et morale des enfants, des mamans et le bien-être de l'intérieur.

 

Elles doivent être l'amie qui réconforte la conseillère qui guide.

Leur qualité d'infirmière s'exerce d'abord à la permanence où elles disposent de bureaux spéciaux, 73A. rue Louis Pasteur, le mercredi de 9 heures à 11 h. 30 et de 13 h. 30 à 18 h. 30 et le samedi de 9 heures à 11 h. 30.

 

Leur tableau de travail se complète par les visites à domicile, aux jeunes mamans pendant la période prénatale, aux jeunes nourrissons, dont elles surveillent l'hygiène alimentaire et vestimentaire.

En accord avec les médecins traitants, elles soignent les malades puis elles se transforment en conseillères pour les écoliers, en secrétaires parfois pour constituer un dossier administratif et effectuer les démarches utiles pour l'obtention d'une pension, d'une allocation.

Elles collaborent aussi avec les infirmières des dispensaires ; dirigent les enfants et adultes sur des consultations médicales ;

désignent les enfants qui ont le plus besoin d'un séjour aux colonies de vacances, et s'occupent de l'assistance et du placement des vieillards et des infirmes.

 

Gratuité et discrétion absolue

 

Voilà, en vrac, les grandes lignes du noble rôle qu'ont à remplir les assistantes sociales de la marine.

Nous y reviendrons demain, car il mérite qu'on l'examine de plus près.

 

Terminons donc pour aujourd'hui en précisant que ces divers services, spécialement créés par la marine, dans un but de solidarité en faveur de son personnel, sont entièrement gratuits et en soulignant que la perspective de voir pénétrer dans leur foyer une inconnue, ne doit point gêner les familles car en qualité d'infirmières visiteuses diplômées, les assistantes de la marine sont liées par le secret professionnel, au même titre que les médecins.

 

Source : La Dépêche de Brest 6 novembre 1937

 

De récentes statistiques, publiées a l'occasion de l'Exposition internationale, font ressortir que grâce à la protection de la santé par la médecine préventive, l'hygiène sociale et la médecine curative la durée moyenne de la vie humaine est passée de :

37 ans 6 mois en 1835

à

57 ans 10 mois en 1935.

 

À la même source, nous apprenons que grâce au développement de la puériculture, la mortalité infantile, pendant la même période est tombée de 16,6 % à 6,7 %.

 

L'éloquence de ces chiffres démontre toute l'importance du rôle joué par les œuvres sociales, précieuses auxiliaires du corps médical qui, avec lui, ont pour mission de veiller sur la santé physique et morale du foyer.

 

Dans l'œuvre qui nous occupe, ce sont les infirmières visiteuses (administrativement, les assistantes sociales), dont nous avons hier défini les principales attributions, qui sont appelées à remplir cette mission.

 

À sa valeur professionnelle, acquise par des études d'un minimum de 3 ans, et sanctionnées par des diplômes, l'assistante sociale doit ajouter de grandes qualités de cœur et être surtout très psychologue, car son action dans les foyers s'exercera aussi souvent, si ce n'est davantage, moralement que physiquement.

 

Quelques minutes avec les assistantes

 

Au siège de la rue Louis Pasteur nous avons la bonne fortune de trouver, entre deux visites, les assistantes attachées au service des œuvres sociales de notre port.

 

Jeunes et affables, elles sont toutes deux extrêmement sympathiques, mais nous expriment, dès que nous leur avons exposé le but de notre visite, leur désir de ne pas poser devant l'objectif, ni d'être citées nominalement.

Elles veulent rester des anonymes, au service de la collectivité.

Excès de modestie ?

Non ce n'est pas non plus la stricte observation d'un vœu, mais une règle que s'imposent ces bonnes samaritaines, d'agir sans bruit et sans publicité, le devoir accompli restant leur plus grande satisfaction.

 

Ces dames acceptent cependant très volontiers de causer avec nous et tandis que la préposée au service du personnel civil nous quitte pour se rendre d'urgence auprès d'une malade, sa collègue nous confie ses premières impressions.

 

« Il y a un mois que nous sommes entrées en fonction, et déjà nous avons eu l'occasion de visiter de nombreux foyers ou de recevoir ici même des visites pour des conseils de toutes natures.

 

« Vous me trouvez ravie et chagrine de ce premier contact.

Je suis heureuse de trouver chez nos marins des foyers propres et bien entretenus, alors que j'ai eu l'occasion, en d'autres villes, d'exercer dans certains quartiers, habités il est vrai, par une majorité d'étrangers, des foyers impropres et négligés.

 

« J'ai constaté partout avec plaisir que le mari, met la main à la pâte pour aider sa compagne et fait preuve d'un esprit bricoleur et inventif grâce auquel, aussi modeste qu'il soit, le foyer apparaît méthodiquement organisé et revêt un aspect coquet.

 

« Ma tâche est d'autant plus agréable que partout j'ai reçu un accueil charmant, cordial même.

Ce sont surtout de jeunes mamans que j'ai visitées.

Éloignées de leur famille, plusieurs d'entre elles, en l'absence surtout de leur mari, quand il est en mer, souffrent de cette solitude et se montrent souvent inquiètes dès que leur bébé, surtout quand c'est le premier, est tourmenté pour la moindre indisposition.

Nous les rassurons bien vite et nos conseils sont écoutés attentivement et suivis à la lettre.

 

« Vous avez hier, tracé les grandes lignes du rôle qui nous est dévolu.

N'y revenons donc pas.

Chaque jour qui vient cependant est pour nous l'occasion de découvrir une forme nouvelle d'assistance.

Dans ces jeunes foyers que nous visitons, nous trouvons parfois une timidité excessive, que nous nous attachons à vaincre.

C'est ainsi par exemple qu'il nous est arrivé de pénétrer dans des familles où la maladie persistante avait obéré le budget.

Il nous a suffi d'exposer au médecin traitant — ce que la famille n'avait osé faire — la situation exacte pour obtenir des réductions appréciables ou des annulations de notes, qui sont tout à l'honneur du corps médical, avec lequel nous collaborons étroitement.

 

« Une récente dépêche ministérielle nous a également confié le service de vaccination B. C. G. et nous collaborons également avec nos collègues des dispensaires, avec le désir de soulager leur tâche dans la mesure de nos moyens d'action. »

 

— Vous m'avez dit tout à l'heure, Madame, que vous étiez aussi chagrine. Pourquoi ?

 

— Ceci est un autre aspect de la question et il échappe à notre compétence.

Il s'agit en effet des jeunes ménages — et ils sont nombreux — de marins qui accomplissent leur service militaire et sont mariés, pères de familles.

 

« Suivant qu'ils sont sans spécialité, ou selon la nature de celle-ci, ces recrues touchent une solde mensuelle allant de 20 à 45 fr. par mois.

À cette mensualité s'ajoute bien l'allocation de soutien de famille dont le montant journalier est de 3 fr. 50 pour la femme, 3 francs pour le premier enfant, 3 fr. 50 pour le second, 4 fr. pour le troisième et 4 fr. 50 pour chacun des suivants.

Ces allocations ne sont accordées que dans la limite de 12 % du contingent — limite d'ailleurs rarement atteinte à Brest :

1° aux appelés mariés, pères de famille ;

2° aux veuves et familles d'au moins quatre enfants ;

3° aux autres familles nécessiteuses.

 

« Dans un cas comme dans l'autre, ces demandes doivent être faites par l'intermédiaire de la commune où réside l'intéressé, laquelle transmet ensuite à la commission départementale dont le siège est à la préfecture maritime de chaque port.

 

« Cette formalité demande une moyenne de 4 à 5 mois, pendant lesquels la jeune maman doit s'arranger pour vivre avec sa modeste mensualité.

Heureuses sont celles alors qui possèdent une famille pour les recevoir pendant cette période difficile.

Quant aux autres elles connaissent une grande détresse.

Le plus admirable, dans une pareille situation, est que ces jeunes femmes n'expriment qu'un désir :

trouver du travail, faire un ménage ou n'importe quoi.

Nous nous y emploierons et serions reconnaissantes à toutes les personnes qui voudraient bien nous aider dans cette tâche. »

 

On frappe à la porte.

Un jeune col bleu vient annoncer qu'une dame demande à être reçue.

Laissant l'assistante à l'exercice de sa fonction, nous la remercions de son amabilité et la félicitons de la haute conception qu'elle a de celle-ci, et de l'esprit de dévouement qui l'anime.

 

Nous emportons de cet entretien la nette impression que le personnel des œuvres sociales du port de Brest a été bien choisi.

Cette impression se confirmera d'ailleurs peu après, quand nous aurons l'occasion de nous entretenir avec diverses personnes, venues au siège pour renseignements, qui nous déclarent unanimement qu'au 73A de la rue Louis Pasteur on trouve un personnel affable et accueillant tel qu'on aimerait à en trouver dans tous les services publics.

 

Nous terminerons demain ce reportage en exposant à nos lecteurs les divers projets actuellement à l'étude et destinés à compléter l'action du service des œuvres sociales du port de Brest.

 

Source : La Dépêche de Brest 7 novembre 1937

 

Dans nos précédents articles, nous avons exposé le but poursuivi par la Marine en créant dans chaque port un service des œuvres sociales, réservé à son personnel, et nous avons également examiné dans quelles conditions ce service fonctionne à Brest.

Les principes sont les mêmes pour les autres ports et ne peuvent différer que sur des questions de détail, notamment en ce qui concerne les heures et jours de visites à domicile ou de consultations dans les services.

 

L'assistance sociale est un problème extrêmement vaste qui se différencie de la charité, en ce sens que celle-ci est curative puisqu'elle consiste à aider la famille frappée par le mal, tandis que l'assistance sociale s'attaque aux causes du mal et joue, par cela même, une action préventive.

 

Il faut que chacun se libère de ce préjuge qui fait que, dans l'esprit de beaucoup de gens, le seul mot assistance apparaît comme un synonyme de mendicité, alors qu'il signifie l'organisation de la solidarité.

N'est-ce pas l'ancien ministre, M. Léon Bourgeois, qui écrivit un jour :

« L'homme ne doit plus se considérer comme un être isolé.

L'être humain est un associé.

L'associé de tous ses semblables. »

Léon Bourgeois

 

La solidarité est certainement le plus beau sentiment humain qui existe et l'assistance sociale n'est qu'une manifestation de ce sentiment, manifestation qui s'exerce sous les formes les plus variées. Au cours de notre enquête, M. Goarnisson, chef adjoint du service des œuvres sociales de Brest, nous parlait du même service organisé, il y a quelques années, par la commune de Suresnes, et cité comme un modèle de perfection, dans notre pays.

 

— Bien qu'appartenant à toutes les classes de la société, nous dit M. Goarnisson, 93 % des habitants de Suresnes utilisent les divers services d'assistance mis à leur disposition par la commune.

 

Sur quelques projets à l'étude

 

— Pourriez-vous nous exposer sommairement quels sont les projets que la Marine compte réaliser à Brest pour compléter son action sociale en faveur de son personnel ?

— Très volontiers.

Ces projets sont, à l'heure actuelle, au nombre de quatre :

« 1° Création d'un office des sports et loisirs et aménagement d'un stade ;

« 2° Création d'une colonie de vacances ;

« 3° Installation d'un centre d'allaitement dans l'arsenal ;

« 4° Institution d'une mutuelle réservée au personnel militaire. »

 

L'office des sports de l'arsenal

 

En ce qui concerne l'aménagement d'un stade, au fort de Pen-ar-Créach, et la création d'un office des sports de l'arsenal, nous avons eu récemment l'occasion d'en entretenir nos lecteurs, en rubrique sportive.

 

Les travaux du stade continuent sans être toutefois encore très poussés, l'adjudication des travaux n'étant pas encore faite, ce qui ne saurait tarder.

 

Un projet de statut pour l'Office des sports a été transmis au lieutenant de vaisseau Blot, à Paris, et il est vraisemblable que prochainement il sera approuvé par une décision ministérielle.

 

Sans entrer dans le détail de ce projet, susceptible de subir des modifications, nous pouvons dire que le but de cet office est :

1° De créer des sociétés pour l'encouragement et le développement de l'éducation physique et des sports dans le cadre du personnel de l'arsenal et des équipages ;

2° De construire, aménager et gérer les biens, meubles et immeubles, de quelque source qu'ils proviennent, mis à la disposition de ces sociétés ;

3° D'assurer la répartition des terrains et locaux appartenant à l'Office, entre les différents groupements agréés par celui-ci.

 

La colonie de vacances de Lagatjar

 

C'est dans l'ancien camp de Lagatjar, installé sur le plateau qui surplombe le Toulinguet à Camaret, que la Marine compte installer sa première colonie de vacances dans la région brestoise.

 

— Celle-ci, nous dit M. Goarnisson, sera ouverte aux enfants des personnels civils et militaires des différents ports, sans distinction d'affectation.

Elle commencera à fonctionner en 1938, du 15 juillet au 15 septembre.

Les enfants des deux sexes pourront y être admis, mais séparément, c'est-à-dire qu'un mois sera réservé aux garçons et l'autre aux filles.

 

« La mer étant contre-indiquée pour certains enfants, nous comptons nous entendre avec d'autres organisations similaires, dont le centre se trouve en montagne, pour procéder à des échanges d'enfants.

 

— Combien d'enfants pourrez-vous grouper dans cette colonie ?

— Pour 1938, notre première année, nous prenons nos dispositions pour en recevoir 100, mais les possibilités des locaux permettent d'envisager, pour l'avenir, de doubler ce chiffre.

Une ou deux assistantes seront affectées à Lagatjar, qui sera aménagé dans les meilleures conditions d'hygiène, suivant le statut administratif et technique des colonies de vacances, établi par le ministère de la Santé publique, où à juste raison on considère « la colonie » comme la première ligne de défense contre la tuberculose.

 

— Par qui sera gérée cette colonie ?

— Vraisemblablement par l'Office des sports et loisirs de l'arsenal de Brest, qui aura la faculté de s'entendre avec un groupement spécialisé, telle que la Coopérative de l'arsenal par exemple.

Une redevance individuelle est prévue.

Le taux n'en est pas encore fixé, mais il sera peu élevé.

 

— Est-ce que la pratique de l'éducation physique, de la natation, ou autres sports de plein air, figurera officiellement au programme de cette colonie ?

 

Nous en avons l'intention, mais comme nous démarrons seulement, ce sont là des questions de détail qui restent à mettre au point.

 

Le centre d'allaitement

 

— Voulez-vous bien maintenant nous parler du centre d'allaitement ?

— Très volontiers, mais je ne vous en dirai pas grand'chose, car l'instruction ministérielle ordonnant cette étude vient de nous parvenir, de sorte que nous n'avons pas encore examiné les moyens de réaliser ce centre, qui prévoit la création :

a) D'une chambre d'allaitement pour les enfants de 0 à 15 mois ;

b) D'une crèche pouponnière pour enfants de 15 mois à 3 ans ;

c) De jardins pour enfants de 3 ans à 6 ans.

 

— Il s'agit en somme, de garder les enfants que les exigences du travail laissent seuls à la maison ?

— Exactement.

Cela est d'ailleurs une obligation, pour toutes les usines occupant plus de 100 femmes, en application d’une loi du 5 août 1917 complétée par un règlement d'administration publique du 11 mars 1926.

Le plus difficile sera pour nous de trouver dans l'arsenal des locaux et des emplacements susceptibles de répondre aux exigences de cette loi, et en même temps facilement accessibles aux intéressés.

 

Et votre projet de mutuelle militaire ?

— L'étude de ce projet est faite à Paris par M. le lieutenant de vaisseau Blot.

L'idée consiste à organiser une mutuelle réservée au personnel militaire de la marine, sans distinction de grade ni de corps, afin d'offrir à ce personnel des mêmes avantages analogues à ceux que concèdent les assurances sociales, dont il ne bénéficie pas.

 

« La marine poursuit actuellement des pourparlers avec le ministère du Travail, pour que, grâce à cette mutuelle, qui serait facultative, les familles du personnel militaire bénéficient des mêmes avantages que ceux accordés aux familles du personnel ouvrier.

 

« Une des conditions essentielles de succès, pour la création de cette mutuelle, consisterait à grouper au départ 10.000 adhérents, minimum imposé pour bénéficier des subventions de l'État.

Cette condition paraît assez facile à réaliser, attendu qu'on peut évaluer à environ 60.000 unités le personnel militaire de la marine.

Voilà où en est cette question ».

 

Une œuvre de longue haleine

 

Il n'y a pas de doute que la marine s'est attelée à une œuvre dont l’importance morale et sociale ne peut échapper à personne.

 

Cette œuvre existe déjà depuis un certain temps, dans de nombreuses industries françaises, mais elle n'a pas été réalisée en un jour.

Le travail qui commence dans chaque port est un travail de longue haleine.

Il faut aujourd'hui retenir l'idée qui guide le département de la Marine et le désir qui l'anime, plus que les avantages matériels que les intéressés pourront en tirer immédiatement.

 

En d'autres termes, la marine attaque, avec des moyens très limités, un problème qui est vaste et dont la réalisation est onéreuse.

Petit à petit, à la faveur de périodes meilleures, du point de vue financier, elle arrivera à étendre son programme d'aujourd'hui dans le domaine social, où il reste encore énormément à faire.

 

Il faut cependant se réjouir de l'excellente initiative qu'elle a prise, lui faire confiance et l'aider à façonner son œuvre, qui, rien qu'à Brest, intéresse 8.000 ouvriers, 600 agents techniques, comptables ou commis et un effectif de marins qui oscille entre 15.000 et 20.000 hommes.

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