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1938

Comment fut créée
la station de sauvetage de Brest
par Charles Léger

 

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Source : La Dépêche de Brest 18 septembre 1938

 

L'Abeille 22, annoncions-nous avant-hier, vient d'arriver du Havre pour hiverner à Brest.

Nous avons coutume, à présent, de voir dans notre port un remorqueur de sauvetage toujours prêt à intervenir au premier signal.

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Il n'est pas si loin de nous le temps où lorsqu'un navire se trouvait menacé de disparaître en plein océan, son équipage n'avait comme planche de salut que les embarcations du bord, dont l'exiguïté apparaissait tragiquement sur l'immensité.

Encore devait-on compter avec le hasard, seul capable de déterminer la rencontre d'un autre navire ou de pousser les esquifs vers la terre.

 

Des faits de ce genre devenaient exceptionnels, cependant, grâce à l'emploi de la télégraphie sans fil, mise à profit, il y a quarante ans, par la plupart des navires.

Mais encore fallait-il, dans les ports, se trouver prêt à intervenir.

 

Lorsque, sur nos côtes, on signalait un navire en danger, on faisait chauffer un des remorqueurs de la marine militaire, pour lui porter secours.

 

Il y en avait une flottille à Brest, tels que le Mastodonte, l'Infatigable, l'Hippopotame, puis l'Athlète, le Hâleur, le Faisan, le Tumulte, le Hêtre.

Mais tandis que celui qui assurait le service de veille dans la deuxième catégorie pouvait appareiller une heure après avis, celui qui l'assurait dans la première ne se trouvait guère en mesure de partir que six heures plus tard.

 

Tandis que les navires accrochaient des antennes à leurs mâts, on songeait à organiser, en certains ports, des stations de sauvetage.

 

M. Rio, alors sous-secrétaire d'État à la Marine marchande, mit, à titre d'expérience, en service à l'embouchure de la Gironde, le 1er juillet 1921, le remorqueur Cyclone.

Puis, en présence des résultats obtenus, il chargeait l'Union française maritime de créer et d'exploiter trois nouveaux centres de sauvetage : à Marseille, à Saint-Nazaire et à Brest.

 

C'est ainsi qu'en décembre 1923 était affecté à Brest le remorqueur Puissant.

Mais, en dépit de son nom, il se heurtait parfois à des tâches très difficiles.

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Remorqueur Iroise.jpg

 

En novembre1Î924, il était remplacé par l’Iroise.

 

Désormais, qu'un navire fût en danger, ses appels de secours ne pouvaient manquer d'être entendus.

Trois lettres suffisent pour signaler sa détresse : S. O. S.

 

Sur mer comme sur terre, de nuit comme de jour, les radiotélégraphistes, toujours en éveil, reçoivent l'appel.

Et le remorqueur, toujours sous pression, prend le large.

 

La réponse, avec tous les encouragements qu'elle comporte, ne se fait pas attendre.

Toute une conversation s'engage entre ceux qui, peut-être, vont périr, et ceux qui s'apprêtent à leur porter secours.

En premier lieu est transmise la situation exacte du navire menacé.

 

Il serait vain de rappeler ici les exploits de l’Iroise et de son vaillant équipage.

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Remorqueur de sauvetage

Jacob van Heemskerck

 

Vers l'époque de la création de la station, en octobre 1923, le remorqueur hollandais Jacob van Heemskerck était, lui aussi et dans un même but, venu prendre base à Brest.

Sa dernière intervention avait été marquée par un pénible accident.

Comme il coopérait à un sauvetage dans le golfe de Gascogne, plusieurs hommes de son équipage furent blessés et l'un d'eux emporté par les vagues.

 

Quelque temps plus tard, il était remplacé à Brest par le remorqueur de même nationalité Villem Barendez, qui y demeura pendant l'hiver, jusqu'en 1926.

 

Cependant, à l’Iroise on avait adjoint un deuxième remorqueur, de moindre puissance : l’Auroch.

Sur celui-ci on eut également à déplorer, une nuit de tempête, la perte d'un homme, que la mer emporta...

 

C'est en décembre 1927 que l'Abeille 22 vint, pour la première fois, stationner à Brest.

Désormais, il allait régulièrement y venir hiverner.

 

Cependant un autre remorqueur, le Tourbillon, venait aussi, pour la même cause, mouiller devant Camaret pendant quelques années.

 

La station, comme on le voit, devenait d'importance.

On ne peut s'en étonner quand on sait que toutes les grandes lignes maritimes se croisent devant Brest !

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À Douarnenez on vit venir un jour le remorqueur allemand Seefalke.

Après plusieurs hivernages, il fut remplacé par le hollandais Zwartzee puis, plus récemment par le Thames.

Ce dernier ayant pris le large tout récemment, le Zwartzee est revenu.

 

Quant à l’Iroise, vendu à une nouvelle compagnie en 1934, il demeura encore un an à Brest et partit en Méditerranée.

 

L'Auroch avait déjà quitté Brest.

 

Ainsi dans notre région, où tant de remorqueurs de sauvetage ont stationné ne reste-t-il plus que l'Abeille 22 à Brest et le Zwartzee à Douarnenez

 

Accosté à l'éperon du 2e bassin, l'Abeille 22, toujours prêt à intervenir, a repris, dès son arrivée, sa veille vigilante.

Quel que soit l'appel et d'où qu'il vienne, le capitaine Loussot, qui commande le remorqueur, ordonne immédiatement le départ.

 

Ne l'avons-nous pas vu l'avant-dernier hiver, s'en aller porter secours jusqu'aux Açores au cargo français Louisiane, démuni de son hélice, et qu'il parvint à ramener à Brest ?

 

Ses interventions sont multiples ; nos lecteurs savent combien elles furent courageuses.

Aussi sommes-nous heureux de souhaiter la bienvenue au capitaine Loussot ainsi qu'à son vaillant équipage.

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