1939
Incendie à la base d'aviation
de La Ninon
Source : La Dépêche de Brest 2 mars 1939
Vers heure du matin, les sinistres appels des trompes des voitures de pompiers semaient l'effroi parmi les habitants de Recouvrance et de Saint-Pierre-Quilbignon, dans la nuit de mardi à mercredi.
Aucune lueur d'incendie n'illuminait le ciel.
On ne savait où avait éclaté le feu ayant nécessité, ce déploiement de matériel.
Hier matin, on faisait courir les bruits les plus divers.
Le feu, disaient les uns, avait détruit un hangar à la base d'aviation de La Ninon ; d'autres, se prétendant mieux renseignés, disaient qu'il s'agissait de la destruction du hangar des « ballons captifs » et de la « saucisse » qui y étaient enfermés.
Les proportions de l'incendie se réduisaient heureusement à la destruction d'une petite baraque située à proximité de la voie étroite du petit train reliant la Grande-Rivière aux Quatre-Pompes.
L'alarme
Vers une heure du matin, la sentinelle dont la guérite est distante de quelques mètres d'une baraque mesurant 5 mètres de longueur, 4 mètres de largeur et 4 mètres de hauteur, construite en planches par les services des travaux maritimes — aperçut une épaisse fumée sortant du toit.
Le factionnaire, aussitôt, prévint le chef de poste qui, avec un marin de garde, muni d'un extincteur, le suivit jusqu'à la baraque.
Un carreau de la fenêtre fut brisé pour permettre de se servir de l'extincteur, mais l'appel d'air aviva les flammes et, en un instant, la baraque en bois fut en feu.
Le maître principal Le Gall, de service, alerté, avait réveillé les hommes formant l'équipage de la base d'aviation.
Ils arrivaient avec leur motopompe et se disposaient à la brancher sur les postes d'eau à proximité, quand les pompiers de La Ninon arrivèrent avec leur autopompe et les gendarmes maritimes Antoine Bonderf, Quiniou et Dérédec, qui, en faisant une ronde, avaient aperçu les flammes.
Peu après, arrivaient les marins-pompiers du poste de Pontaniou, puis ceux du poste central de la rive gauche avec autopompes, grande échelle et camionnette avec électro-ventilateur, sous le commandement de l'officier des équipages Toul, commandant les pompiers de la marine.
La baraque ne formait plus qu'un énorme brasier dont les flammes montaient à une grande hauteur.
Poussées par un vent du nord-ouest, des flammèches étaient emportées vers le hangar abritant les « saucisses », situé à une quinzaine de mètres de la baraque.
Deux grosses lances déversèrent des torrents d'eau sur le feu et, après une demi-heure d'efforts, les pompiers en étaient maîtres.
Les dégâts
Cette baraque servait de vestiaire à dix ouvriers employés à la Société brestoise de travaux maritimes et de travaux publics.
Une bicyclette et tous leurs vêtements de travail ont été brûlés.
La baraque est entièrement détruite. Les bois encore debout sont à demi calcinés.
L'enquête
Le gendarme Bonderf, chef de poste à La Ninon, a procédé à une enquête.
Le surveillant des travaux maritimes Divérès était entré le dernier dans la baraque.
Vers 22 heures, il avait alimenté un poêle se trouvant dans un angle, placé sur un isolateur métallique.
D'après lui, à une cinquantaine de centimètres du poêle, se trouvait une caisse emplie de bois cassé; mais il semble résulter de l'enquête que quelques morceaux de bois, provenant de planches et destinés à allumer le feu avaient été placés sur l'isolateur.
Une étincelle, jaillissant du poêle, aura communiqué le feu à ce bois, puis à la caisse, et, en un instant, le petit édifice a été la proie des flammes.
Grâce à la promptitude des secours, le feu n'a pas gagné, comme on pouvait le craindre, les hangars voisins.
Les pompiers de Saint-Pierre-Quilbignon et de Brest s'étaient inquiétés aussi de ces départs des pompiers de la marine et se tenaient prêts à partir, au moindre appel, pour prêter leur concours.