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1879

Les fraises de Plougastel

 

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Source : Le Finistère mai 1879

 

Nous empruntons au Journal de la Société centrale d'horticulture de France des détails intéressants sur la culture des fraisiers dans le territoire de Plougastel :

Confinées dès la fin du siècle dernier et, pendant la première partie du nôtre dans quelques hameaux dont les côtes sont baignées par la rade de Brest, les cultures de Plougastel ont, depuis la création des chemins de Fer, pris une grande extension.

 

Elles commencent au nord à Kéralliou et viennent finir un peu avant d'arriver au fort Corbeau ;

elles reprennent dans l'anse du Caro, en font le tour et continuent sur une colline exposée au midi, jusqu'auprès de la chapelle Sainte Christine.

La culture part ensuite de la pointe Armorique qui est l'endroit le plus éloigné de Plougastel, où se trouve Kerdaniel, garnit toutes les falaises jusqu'au fond de la baie de Lauberlac'h, et vient se terminer au sud de cette baie à Rosgat.

 

Après avoir passé la pointe du Bindi, on la retrouve longeant la rivière de Saint-Claude jusqu'au Tindulf, et enfin arrivant dans la commune de Loperhet, sur les bords de la rivière de Daoulas.

Les fraisiers sont cultivés en plein champ sur les collines ou falaises qui avoisinent la mer ;

leur limite n'avance guère à plus de 600 mètres dans les terres.

Sur les plateaux, les fleurs sont sujettes à être détruites par les gelées tardives, et, de plus, comme les vents sont plus violents et les brouillards moins intenses, les terres se dessèchent plus vite.

 

Les champs de ces falaises ont environ 50 mètres carrés ;

ils sont entourés de haies ou de petits murs en pierres sèches qui les garantissent des coups de vent et retiennent en même temps la chaleur solaire qui leur arrive directement.

 

Les fraises cultivées à Plougastel appartiennent à un grand nombre do variétés différentes, mais dont l'une forme une espèce distincte, le fraisier du Chili, importé en France vers 1713 par un voyageur dont le nom, si on en contrarie un peu l'orthographe, pourra paraître prédestiné à une semblable importation, l'ingénieur Amédée-François Frézier.

La récolte des fraises commence ordinairement vers le 20 mai à Lauberlac'h, parcourt tout le mois de juin et se termine par le fraisier du Chili dans la deuxième, quinzaine de juillet.

La récolte de celles qui doivent être exportées se termine à peu près vers le 24 juin, à l'époque des grandes chaleurs ;

à partir de ce temps, toutes les fraises récoltées à Plougastel se répandent dans toute la Bretagne jusqu'à la fin de la saison.

Comme c'est à cette époque que la fraise du Chili commence, à mûrir, elle est toute consommée aux environs de Brest ;

ce n'est qu'accidentellement qu'on peut la rencontrer sur les marchés de Paris.

 

On connaît bien la quantité de ces fraises qui s'en va par le chemin de fer ;

mais il est presque impossible d'apprécier celle qui se consomme à Brest et aux environs.

Il n'y a pas de pays en Europe où il soit plus consommé de fraises qu'à Brest.

Il on vient tellement, dans la saison, que les marchés, les coins de rues, les portes des casernes et des arsenaux sont encombrés de marchands de fraises ;

sur la table la plus somptueuse, comme sur la plus pauvre, tout le monde mange des fraises à Brest,

et il s'en perd encore des quantités prodigieuses, faute de monde pour les récolter.

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