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1908

La morgue à Brest

 

La morgue à Brest.jpg

 

Source : La Dépêche de Brest 3 juillet 1908

 

À l'inverse des Parisiens, qui tous connaissent la morgue, bien peu de Brestois seraient à même d'indiquer où se trouve, dans notre ville, le local qui en fait l'office et qui est mis gracieusement à la disposition de la ville par l'administration de l'hôpital civil.

 

Car il n'y a jamais eu de morgue proprement dite à Brest.

 

C'est à droite de la porte cochère de l'hospice rue de Traverse, que se trouve cette salle, qui est étroite et mal éclairée, le jour ne venant que par la vitre placée au-dessus de l'huis.

 

Elle est pourvue en son centre d'une dalle, souvent occupée par un corps plus ou moins putréfié.

Sur les murs sont accrochés les vêtements sanglants des victimes.

 

C'est en vain que vous cherchez un appareil de désinfection quelconque, susceptible de modifier, même légèrement, l’atmosphère parfois irrespirable de ce caveau funèbre.

 

L'hygiène, à Brest, n'a jamais pu franchir le seuil de la morgue.

Aussi la putréfaction des corps est-elle extrêmement rapide dans ce local unique ;

en été, après vingt-quatre heures d'exposition, l'identité devient presque impossible à établir.

 

Telle est la morgue d'une des plus grandes villes de France, où l'on dépose chaque jour des corps d'individus décédés un peu partout (noyés, suicidés, etc., etc.).

 

Il est facile de comprendre les très graves inconvénients résultant d'une installation aussi rudimentaire, aussi défectueuse, aussi indigne d'une ville comme Brest.

 

En premier lieu, la morgue actuelle constitue un foyer d'infection pour le quartier populeux au milieu duquel elle est placée.

 

Pendant les mois chauds, les odeurs qui s'en dégagent incommodent au plus haut point les locataires des maisons voisines et il n'est pas d'année ou des pétitions ne soient adressées aux autorités compétentes pour la cessation d'un tel état de choses.

 

En second lieu, le local actuel, par son insuffisance, son installation plus que primitive, ne répond pas au but que l'on s'était proposé en créant une morgue.

 

Ce but est la reconnaissance de l'identité des corps exposés, et leur dissection.

 

Il est nécessaire, à cet effet, d'avoir un local assez vaste, bien éclairé et surtout bien aéré, pourvu d’appareils frigorifiques servant à enrayer et à retarder la putréfaction.

 

Au lieu de cela, comme on l'a vu plus haut ;

on ne dispose à Brest que d'une sorte de caveau étroit, dans lequel on fait des autopsies, et d'une chambre mortuaire, meublée de lits de fer, où l’on dépose souvent, en même temps, cinq à six cadavres.

 

Nous pourrions signaler d'autres inconvénients, résumant d’une installation aussi défectueuse, mais nous nous bornons aujourd'hui, à demander la cessation d’un tel état de choses et à doter Brest, dès que le budget de la ville le permettra, d’un établissement mortuaire installé suivant les données de  la science moderne et digne de notre grand port.

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Salle des concerts de la morgue.jpg
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