1931
Les élèves de Cléder
en sortie à Brest
Source : La Dépêche de Brest 9 juillet 1931
Le mardi 30 juin, les garçons de l'école publique de Cléder se sont rendus à Brest.
Ce fut une superbe journée, instructive et amusante à la fois, qui laissera des traces durables dans la mémoire de ces enfants.
Nous fûmes reçus avec une grande cordialité par M. Kutschener, qui avait préparé la promenade, et M. Porquet, délégué de la municipalité.
Quels spectacles variés s’offrirent aux jeunes yeux étonnés !
Certains de ces petits n'avaient jamais quitté leur commune et tout leur était nouveau.
Après la visite de l'hôtel de ville, des halles, l'on se rend à l'école professionnelle des garçons où, grâce à l'amabilité du directeur, M. Labineau, l'on nous ouvre toutes grandes les portes.
Les écoliers, surpris et ahuris, visitèrent successivement les ateliers de menuiserie, chaudronnerie, forge, aciérie, en plein travail à ce moment.
C'était comique de voir ces fils de travailleurs de la terre évoluer avec précaution près des machines aux courroies compliquées dont les professeurs pratiques leur expliquaient l'usage et le fonctionnement.
Que ne virent-ils pas :
Scier une planche, aiguiser une scie, couper une barre de fer, marteler une barre rougie au feu, sous le rude marteau-pilon...
Quelle vivante leçon de choses !
Merci à tout le personnel de l'établissement, qui se dévoua si bien pour nos écoliers.
Ils suivirent ensuite les rues de la ville et arrivèrent au cours Dajot ;
ils contemplèrent la rade, ses bateaux : paquebots, cargos et bateaux de guerre.
Mais les promenades ouvrent l'appétit.
Un copieux repas, pour une somme modique, leur fut servi à la cantine municipale de la rue Monge.
On y mangea « mieux qu'à la noce » disaient certains.
Nous ne manquerons pas de remercier la municipalité de Brest, qui ne recule devant aucun sacrifice financier pour recevoir avec tant de prodigalité les caravanes scolaires et délègue des gens compétents et dévoués pour les guider en ville :
MM. Porquet, conseiller municipal, et Kutschener, régisseur de la cantine, dont le concours fut si précieux aux instituteurs.
L'après-midi, l'on ne se tenait pas de joie : n'allait-on pas visiter l'arsenal ?
Par l'intermédiaire de la municipalité, les portes s'en ouvrirent magiquement.
L’on se dirigea, après avoir vu de près un bateau en réparation à sec au bassin de radoub, ainsi qu'à la grande grue en mouvement, vers le croiseur cuirassé Strasbourg.
Merci à l'officier de marine qui nous souhaita la bienvenue à la coupée de son navire et nous laissa tout voir...
Ce fut l'impression maîtresse, la chose que l'on jugea la plus intéressante.
L'on attendit, sur un pont flottant, le passage du sous-marin Argo pour traverser la Penfeld et se rendre au musée.
Pas grand, ce musée, mais quel bijou maritime.
Que n'y voit-on pas ?
Il est luisant, verni, et astiqué à merveille !
On y admire des réductions très exactes d’anciens vaisseaux, de galères royales, des premiers bateaux à vapeur, des nouveaux croiseurs (de différents gabarits).
Il eût fallut pouvoir y rester trois heures.
Mais le temps passe : admirons encore le canot de l'Empereur, si doré et si gracieux dans son hall vitré, et l'on sort de l’arsenal pour se rendre aux « Dames de France ».
Là, chaque enfant reçoit un jouet ou une image, et après avoir goûté les émotions de l'ascenseur.
Nous remercions vivement le directeur des « Dames de France » de son bienveillant accueil et de sa générosité.
C’est avec regret que l'on reprit le chemin du retour.
Pourtant quelle joie de décrire, dans la rude langue du Léon, à ceux restés à la maison, les multiples choses vues à Brest !
Au nom de tous les écoliers, merci à tous ceux qui leur ont fait si bien connaître les beautés de Brest.