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1937

Les cantines municipales scolaires
à Brest

 

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Source : La Dépêche de Brest 20 décembre 1937

 

À peine les portes de l'école franchies, à 11 heures, les élèves, pour se rattraper du silence et de l'immobilité exigés en classe, sortent, se bousculent, crient, ivres de liberté et s'égaillent dans les rues.

 

La plupart, ceux dont les parents habitent près de l'école, se dirigent en hâte vers le logis familial où les attend une maman, pleine de sollicitude, qui a préparé avec amour le mets ou le dessert préféré de son enfant dont elle ne se lasse pas d'écouter le gentil babil, dans l’atmosphère chaude de la salle à manger.

 

D'autres — trop nombreux, hélas ! — parce que leur mère travaille au dehors ou habite trop loin, ont heureusement pour déjeuner chaudement, la ressource de se rendre à la cantine municipale scolaire, œuvre admirable où l'on s'efforce de procurer gratuitement ou pour un prix bien modique, une nourriture saine et substantielle aux petits écoliers qui la fréquente et s'en montrent généralement satisfaits.

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Quatre de ces cantines existent à Brest :

rue Danton où, l'an dernier, ont été servis 16.897 déjeuners ;

rue de la République, où le nombre des repas a été de 20.280 ;

boulevard Thiers, qui tient le record avec 25.425 déjeuners

et place Joseph Goëz, à Recouvrance, où l'on a reçu 22.101 petits convives.

Au total 84.703 repas, confectionnés et servis dans chacune des cantines par une cuisinière, son aide et trois femmes de service.

 

Sur ces 84.703 repas, 40.253 ont été donnés gratuitement aux élèves nécessiteux.

 

Si le repas ne revenait encore, en 1936, qu'à 1 fr. 30, aujourd'hui, avec cette hausse continue dont tout le monde souffre, le prix du repas atteint 1 fr. 75, bien que pour les « payants » il ait été fixé à 1 fr. 50 seulement.

 

La différence est supportée par le budget de la Caisse des écoles qui, l'an dernier, s'élevait déjà, pour les repas gratuits, à près de 52.000 francs, chiffre qui sera dépassé cette année, en raison du prix croissant des denrées, bien que les potagers de Beauséjour et de Penmarch soient mis à contribution pour l’amélioration des menus.

C'est le souci permanent des dirigeants de cette œuvre sociale, intéressante entre toutes, dont le but est de donner aux enfants fréquentant la cantine scolaire une nourriture saine et suffisamment abondante pour calmer l'appétit de ces jeunes écoliers.

 

À discrétion sont distribués le pain, la soupe et les légumes.

— Quelques pauvres petits — disait quelqu’un qui avec dévouement surveille de très près la bonne tenue des cantines scolaires — quelques pauvres petits mal soignés, font à la cantine le repas le plus confortable, quand ce n’est pas le seul, de la journée.

 

« Surpris et angoissés, nous les voyons se bourrer de pain, engloutir quatre ou cinq de ces tartines pourtant grosses, manger avec avidité leur soupe, alors que d’autres, difficiles et capricieux, gâcheraient, si nous n'y mettions bon ordre, des mets qui nous coûtent si cher !

 

« Autant que faire se peut, nous varions menus, les composant, après expérience, des plats les plus appréciés des enfants.

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« Les menus sont sensiblement les mêmes dans les quatre cantines avec quelques variantes.

Samedi dernier, rue Danton, les haricots blancs étaient remplacés par des pommes frites qui obtiennent toujours du succès. »

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Des tables, encadrées de bancs, au bois soigneusement lavé, s'alignent sur toute la longueur des vastes salles.

Les femmes de service mettent le couvert :

profonde assiette blanche, cuiller, fourchette et timbale d'aluminium.

 

De la cuisine séparée par une mince cloison parvient une bonne odeur de soupe.

 

Des tout-petits de l'école maternelle proche, arrivent les premiers.

Ils ont une table réservée et ont droit à des bancs à dossier.

C'est un plaisir de les voir manger, avec appétit, leur soupe fumante.

 

Les grands arrivent en courant.

Les filles prennent place près des fenêtres, les garçons au milieu de la salle.

Les femmes de service emplissent les assiettes.

Le silence se fait.

On n'entend plus que le bruit des cuillers.

 

— Bonne, la soupe ?

— Oui, M'sieur, répondent, la bouche pleine, garçons et filles.

 

La soupière à la main, les femmes de service passent :

— Qui en veut encore ?

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Déjà la plupart des enfants mordent à belles dents dans la tartine de pain qui vient de leur être distribuée.

Le plat de viande et les légumes sont lestement avalés et s'il ne fallait pas attendre le dessert, la plupart de ces gamins, dont la hâte est grande d'aller jouer au dehors, absorberaient en quelques minutes leur déjeuner.

 

Dès qu'ils ont en main le gâteau constituant le dessert du jour, ils quittent la salle pour courir dans les rues ou jouer sur la place voisine en attendant l'heure de la rentrée en classe.

 

Les femmes de service, avec une belle émulation, la vaisselle rangée, préparent la décoration des réfectoires :

guirlandes et fleurs de papier qui orneront les murs pour la fête de l'arbre de Noël qui, mercredi, avec un menu soigné et une distribution de friandises et de joujoux, apportera à tous ces enfants un peu de joie et de bonheur.

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