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1937

Les loisirs surveillés dans les écoles

 

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Source : La Dépêche de Brest 16 octobre 1937

 

Le ministère de l'Instruction publique a prescrit de donner, chaque semaine, à tous les écoliers, une ou deux heures de « loisirs surveillés ».

 

Les directrices et directeurs d'écoles ont été invités, pendant les vacances, à étudier les meilleurs moyens d'employer ces heures de détente venant, hebdomadairement, s'ajouter aux jours de congé.

 

Le but à atteindre est : d'instruire en amusant.

La formule est séduisante.

Son application n'est encore qu'à la période d'essai.

 

Pour les garçons, le sport viendra en aide aux éducateurs chargés de leur procurer des distractions.

On s'efforcera d'y ajouter des plaisirs intellectuels et des leçons de choses.

 

Trouver pour les jeunes filles un programme enchanteur paraissait plus ardu.

L'aimable directrice de l'École pratique de commerce, d'industrie et d'enseignement ménager a bien voulu nous exposer les grandes lignes de celui qu'elle a l'intention de réaliser.

 

À l'École pratique de commerce, d'industrie et d'enseignement ménager

 

Sous la direction éclairée de Mlle Doyen, aidée de professeurs dévouées, d'un chef de travaux habilement secondée elle-même d'excellentes maîtresses d'atelier et maîtresses ouvrières, cette école connaît un succès toujours grandissant.

 

La place manque pour recevoir, rue Danton, les nombreuses postulantes se présentant aux examens d'entrée et c'est avec regret que l'on se voit, chaque année, obligé d'en éliminer un grand nombre.

 

En se serrant un peu, en utilisant au mieux toute la place disponible, on est arrivé à admettre, à la rentrée, 470 élèves au lieu de 450 l'an dernier et de 426 en 1935.

 

L'afflux toujours plus grand des candidates vient de la constatation des excellents résultats obtenus par l'enseignement donné dans cette école.

Non seulement elle forme des employées et ouvrières recherchées par les commerçants et les industriels, mais encore elle apprend à ses jeunes élèves à tenir un intérieur, à l'ornementer avec goût et à confectionner de la bonne cuisine « pour y retenir leurs futurs maris », selon la malicieuse expression d'une des maîtresses d'atelier, qui assure que ce dernier talent est loin d'être négligeable en entrant en ménage.

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Comment employer l'heure des loisirs surveillés ?

 

À cette question, Mlle Doyen répond :

— Notre emploi du temps est très chargé.

Les journées : le matin de 8 heures à midi, le soir de 14 à 17 heures, sont bien remplies.

 

« Il ne sera guère possible d'octroyer à nos élèves plus d'une heure de loisirs surveillés, la dernière heure de la semaine, le samedi de 16 à 17 heures.

 

« C'est l'avis que j'ai émis après la demande reçue pendant les vacances.

Je n'ai encore pu consulter mes collaboratrices sur cette question ;

aucun programme n'est donc définitivement établi.

 

« Dans notre école professionnelle, le problème n'a d'ailleurs pas la même importance que dans les autres écoles :

Notre emploi du temps est partagé, par moitié, entre la classe et l'atelier.

 

« Le travail manuel est moins absorbant que le travail intellectuel.

Il exige une attention moins soutenue, un silence moins absolu, une discipline moins rigoureuse.

Il crée une sorte de détente par sa variété.

 

« Si la leçon de raccommodage n'est pas très appréciée, il n'en va pas de même pour les leçons de cuisine, de couture, des soins du ménage.

Les cours de dessin sont attrayants.

La culture physique est aussi un dérivatif à l'étude.

 

« L'étendue de notre programme scolaire ne nous permettra donc de distraire qu'une heure par semaine pour les « loisirs surveillés ».

 

« J'envisage, l'été, l'institution de promenades au cours desquelles les élèves feraient, d'après nature, un croquis d'une scène pittoresque ou amusante, d'un coin de paysage.

 

« Elles donneraient libre cours à leur imagination, créeraient, au gré de leur fantaisie, une œuvre personnelle.

Ce ne serait pas un travail obligatoire, un devoir commandé.

L'émulation aidant, il deviendrait vite un plaisir.

 

« L'hiver : des visites au musée, aux expositions, à la bibliothèque de la ville pour leur apprendre à discerner dans un catalogue l'ouvrage utile.

 

« À l'école : des lectures d'œuvres choisies, des jeux, des concerts seraient à organiser.

 

« Des petites réceptions où, tour à tour, elles seraient maîtresses de maison ou invitées, leur permettraient d'apprendre à offrir un thé, à tenir une conversation.

 

« L'école ne possédant pas de grande salle, tout cela devrait se faire dans les classes ou ateliers. Chaque élève aurait le droit de choisir la distraction lui plaisant le mieux.

 

« Enfin, on leur apprendrait à danser.

Comme il est probable que ces bals seraient pour toutes le délassement préféré, il serait nécessaire — termine en souriant Mlle Doyen — d'établir, pour ce dernier loisir, un roulement.

 

« Tout cela demande, naturellement, une mise au point.

Ce ne sont encore, je le répète, que des projets.

Nous ferons de notre mieux pour créer à nos petites de courtes, mais saines et utiles distractions. »

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En les attendant, dans cette ruche silencieuse, on travaille partout avec ardeur.

Au rez-de-chaussée, dans cet atelier de couture et de confections pour dames, les élèves de 4e année suivent, attentives, les conseils de Mme Ropars, leur maîtresse de coupe, et travaillent avec entrain à la confection de robes et manteaux pour une clientèle élégante qu'elles s'efforcent de satisfaire.

 

Une cloche sonne.

En babillant, les élèves de l'École pratique sortent en bon ordre et, par petits groupes, à pas pressés, vont déjeuner, souvent très loin, pour, deux heures après, revenir gaiement continuer le travail.

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