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1937

Le service sanitaire maritime


 

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Source : La Dépêche de Brest 15 mars 1937

 

Les travaux d'agrandissement du quai de l'Ouest au port de commerce, sont actuellement suspendus, faute de crédits.

Quand ils seront terminés, l'immeuble du service sanitaire maritime sera reconstruit et à l'emplacement de l'ancien bâtiment s'élèvera un portique destiné au service des ponts et chaussées.

 

La « Santé » fut édifiée en 1868, après l’établissement du port de commerce et donna son nom au quai du 1er bassin.

 

Mais il y a deux siècles que fut établi à Brest le « bureau de santé » sous la direction de la municipalité qui avait alors à s'occuper de la police sanitaire.

 

Le maire s'intitule « juge royal de santé ».

C'est lui qui fait appliquer les ordonnances royales concernant les épidémies et particulièrement lorsque, par une lettre de l'intendant, il apprend qu'une maladie contagieuse pourrait être apportée à Brest par mer.

 

Le bureau de santé comprend six membres de la municipalité, deux chirurgiens et deux interprètes.

La Marine fournit une chaloupe qui porte au-devant de chaque navire arrivant à Brest, au moins un ou deux membres du bureau.

Ils se font reconnaître en plaçant à l'avant de leur embarcation une bannière de Saint-Roch, le patron des pestiférés.

 

Une garde de mer est établie pour surveiller l'entrée de la rade et le bureau de santé fait afficher dans tous les ports de la côte ouest de Bretagne une ordonnance faisant

« défense aux capitaines, maîtres et patrons et à toutes autres personnes... venant de la mer, de faire aucune descente... et à ceux qui sont à terre de communiquer avec eux, qu'ils n'aient été visités par le bureau de santé ».

 

Les vaisseaux suspects sont mis en quarantaine entre l'île Trébéron et la presqu'île de Quélern et les équipages viennent prendre des vivres frais « sur un des coffres ou bouées qui sont en rade ».

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Ce fut en 1757 que le bureau de santé fonctionna à outrance.

Le 23 novembre, l'escadre du vice-amiral du Bois de la Mothe, arrive de Louisbourg à Brest avec un grand nombre de malades atteints de typhus.

 

L'épidémie se propage rapidement en ville et à la mi-décembre, « le mal fait de si grands progrès que les prêtres ne peuvent plus suffire à administrer les Sacrements et à enterrer les morts ».

 

C'est par charretées que l'on transporte les cadavres ;

le cimetière de la rue Algésiras ne suffit plus et il faut acheter le vaste terrain de Coataudon.

 

L'épidémie avait fait jusqu'au mois de février près de 10.000 victimes et le corps médical avait été particulièrement atteint, puisque près de 200 chirurgiens de Brest, de la Bretagne et de Paris, moururent du fléau.

 

Au bureau de santé, il y eut des défaillances.

 

Le médecin Boyer, de la Faculté de Paris, écrit au ministre de la Marine « qu'il ne faut pas compter beaucoup sur les officiers municipaux de Brest, qui sont des trembleurs ».

 

Mais combien firent leur devoir tels :

Le maire Martret de Priville, les échevins Jourdain et Raby et aussi le procureur-syndic, M. Malassis, libraire-imprimeur, qui mourut sur la brèche, dès les premiers jours, en allant visiter les malades.

 

Le bureau de santé ne s'occupait pas seulement des relations par mer.

 

En 1768, on apprend que « la chaîne des forçats qui est actuellement en route pour venir au bagne de Brest, est attaquée de maladie épidémique ».

 

Aussitôt le bureau défend toute communication des habitants avec la chaîne qui sera embarquée en rivière de Landerneau sur un bateau frété par la Marine et sera transporté à l'île Trébéron, pour y rester en quarantaine sous la surveillance d'une garde de mer.

 

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L'île Trébéron avait un petit hôpital, dès la fin du XVIIIe siècle, mais c'est seulement en 1818 que fut créé le lazaret.

Il reçut une grande extension en 1826, quand revint, retour des Antilles, avec des équipages contaminés, la division du contre-amiral Jurien de la Gravière.

 

Des bâtiments qui existent toujours furent alors construits, pouvant contenir 25 lits d'officiers et 150 de matelots et soldats.

 

Par procès-verbal en date du 10 mars 1933, il y eut rétrocession et remise à la Marine militaire du terrain, du local et du matériel situés dans l'îlot de Trébéron.

 

La police sanitaire actuelle du littoral est exercée par un personnel relevant directement du ministère de la Santé publique.

 

Le littoral est divisé en cinq circonscriptions sanitaires à la tête desquelles sont placés des directeurs de la Santé maritime.

Les circonscriptions se trouvent :

la 1ère à Dunkerque ;

la 2e au Havre ;

la 3e à Saint-Nazaire ;

la 4e à Pauillac et la 5e à Marseille.

Il y en avait six jusqu'au 30 novembre 1935, date de la suppression de la circonscription de Brest qui comprenait trois départements (Finistère, Côtes-du-Nord, Ille-et-Vilaine).

 

Le service sanitaire maritime de Brest dépend de la direction de Saint-Nazaire qui comprend outre les trois départements sus-indiqués, ceux de la Loire-Inférieure, Morbihan et Vendée.

 

Le personnel de la 3e circonscription est ainsi composé :

Un directeur de la Santé, qui siège à Saint-Nazaire, avec un médecin, deux officiers et deux gardes ;

à Nantes, un officier ;

à Brest, un agent sanitaire principal qui est M. le docteur Mignard ;

un officier et deux gardes, chargés de la surveillance des navires entrant dans le port.

 

Quand un bâtiment ayant à bord un malade passe à Saint-Mathieu, le capitaine transmet un radio soit au représentant de la compagnie, soit directement au service sanitaire qui prend aussitôt toutes les mesures nécessaires.

 

On sait d'autre part que le capitaine de tout navire est tenu de déclarer immédiatement à l'autorité sanitaire tout cas de « maladie fébrile » qui surviendrait à bord pendant son séjour dans le port (art. 49 du règlement de la Santé maritime).

 

Nos obligations professionnelles nous ont maintes fois donné l'occasion de voir à l'œuvre l'officier de santé au port de Brest, M. Poggioli qui, tant par son tact que par son dévouement et sa grande affabilité, a su s’attirer toute l'estime des commandants de navires, des compagnies de navigation et des nombreux usagers du port.

 

Le service de la Santé maritime a pour but essentiel de s'opposer à l’invasion par voie de mer des maladies épidémiques.

 

Outre un service de bureau qui a certes son importance (réception et délivrance des patentes de santé — notamment à Brest en ce qui concerne tous les bâtiments de guerre se rendant à l'étranger; tenue des registres, secrétariat et économat des directions), les agents de la Santé ont des attributions très variées qui comportent :

 

1° La reconnaissance, l'arraisonnement et l'inspection sanitaire des navires, avant toute communication avec la terre, opérations se faisant à quai ou sur rade, de jour ou de nuit, quel que soit l'état de la mer, l'accès aux navires s'effectuant au moyen d'échelles de corde, ce qui parfois n'est pas sans danger.

2° L'application des mesures sanitaires prescrites à l'arrivée et au départ.

3° Le contrôle des opérations de dératisation et de désinfection.

4° L'exercice d'une surveillance active et constante des navires en escale et de leur personnel pendant le séjour desdits navires dans le port.

 

Le personnel sanitaire spécialisé comptait en 1890, 153 unités.

À la suite de premières compressions, il comptait au 1er janvier 1914, 106.

Entre les années 1914 et 1929, il fut encore réduit au chiffre de 90 et depuis 1934, l'effectif total n'est plus que de 79, dont 24 officiers.

 

Chaque navire entrant dans un port est redevable d'une taxe sanitaire calculée d'après le tonnage net et la provenance du bâtiment.

Le montant total de ces taxes perçues par l'ensemble des cinq circonscriptions y compris celle de l'Algérie, a été pour l'année 1935, de plus de 12 millions.

 

Par suite de l'agrandissement et du trafic de plus en plus important de tous les ports, le service de la Santé maritime est devenu de plus en plus intense.

 

Sentinelles avancées de la défense de la santé publique, les agents sanitaires doivent se consacrer entièrement à l'accomplissement d'un devoir qui nécessite la mise en œuvre de leurs plus belles qualités d'initiative et de conscience.

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