1938
À l'École pratique
du commerce et d'industrie
Source : La Dépêche de Brest 20 octobre 1938
Promulguée le 25 juillet 1919, la loi Astier rend obligatoires pour les apprentis et jeunes employés de 13 à 18 ans, des cours professionnels postscolaires.
Les patrons sont astreints à faire suivre ces cours aux jeunes gens qu'ils emploient, même, le cas échéant, pendant les heures de travail.
Hâtons-nous de dire que ce n'est pas le cas à Brest, puisque ces cours, placés sous le contrôle de la commission locale professionnelle, ont lieu tous les soirs de 17 h. 45 à 19 h. 15, à l'École pratique d'industrie et de commerce, 9, rue Portzmoguer.
Ils ont commencé lundi et mardi derniers et sont ouverts à tous les apprentis et jeunes employés de Brest, Lambézellec, Saint-Pierre-Quilbignon et Saint-Marc.
L'an dernier, le nombre des apprentis recensés avait été de 327 ; 321 purent être inscrits, six habitant trop loin ne pouvant suivre les cours.
On constata aussi une diminution de la fréquentation, de janvier à mars, par suite du mauvais temps et parfois parce que certains patrons gardaient leurs apprentis pour exécuter quelques petits travaux ou faire des courses.
En général, les patrons ont compris tout l’intérêt de ces cours où les apprentis sont répartis en quatre groupes :
1° Le travail des métaux en barres qui réunis 151 ajusteurs, forgerons, tourneurs, serruriers monteurs, mécaniciens, etc…
2° Le travail des métaux en feuilles, groupant 66 chaudronniers, ferblantiers, tôliers, zingueurs, plombiers, etc...
3° Le travail du bois, comprenant 42 apprentis ébénistes, menuisiers, charpentiers, sculpteurs, charrons, tapissiers, peintres, carrossiers, etc...
4° Les employés de commerce et de banque :
aides-comptables, vendeurs, clercs de notaire, garçons de courses, etc.
Pour les cours industriels, l'enseignement comprend :
L'enseignement général : français, morale, instruction civique, calcul, géométrie pratique et traçage ;
la technologie et le dessin industriel appliqués aux métiers.
Aux cours commerciaux, dans l'enseignement général, la géométrie pratique et le traçage sont remplacés par des leçons d'hygiène, de correspondance commerciale, de calcul et application auxquels s'ajoutent des leçons de comptabilité et de tenue de livres et des cours de sténo-dactylographie
En attendant que des cours pratiques soient organisés dans les ateliers munis d'un important outillage moderne, l'apprentissage pratique se fait à l'atelier patronal.
Sous la direction de M. Brohan, directeur de l'école et de professeurs dévoués, les résultats obtenus sont très satisfaisants.
Disciplinés, les élèves comprennent qu'ils ont intérêt à suivre avec assiduité ces cours pour se perfectionner dans le métier qu'ils ont choisi.
Pour les encourager, ceux qui ont réuni pour l'assiduité, la conduite et le travail une note de 12 sur 20, reçoivent une récompense en espèces.
Les élèves de 3e année obtiennent un outil correspondant à leur spécialité.
Les élèves de 1ère et 2e année sont récompensés par des livres dans le but de les intéresser à l’étude.
La distribution solennelle des prix a lieu au théâtre municipal en présence de nombreuses personnalités.
Des cours de perfectionnement facultatifs, sans âge limite, sont, en outre organisés à l'École pratique, nous en parlerons demain.
Source : La Dépêche de Brest 21 octobre 1938
Les de perfectionnement, qui ont remplacé les cours d'adultes, comme on les appelait autrefois, ont pour but de fournir aux jeunes ouvriers, employés et petits patrons, le moyen d'acquérir les connaissances techniques et professionnelles qui leur manquent pour exercer habilement leur métier ou pouvoir aspirer à une situation meilleure.
Ces cours fonctionnent depuis plus de vingt ans, du début d'octobre à fin mars, à l'École pratique de garçons.
L'an dernier, 196 élèves ont suivi avec assiduité ces cours, recherchés par la jeunesse laborieuse de l'industrie et du commerce.
Ouverts lundi dernier, ils sont déjà fréquentés par de nombreux auditeurs dont le nombre ira croissant jusqu'à la fin du mois et dépassera, croit-on, celui de l'an dernier.
Ces cours, faits par des professeurs de renseignement technique, ont lieu le soir de 17 n. 45 à 19 h. 15 et le dimanche de 8 h. 30 à 11 h. 30.
Les cours commerciaux du dimanche peuvent être fréquentés par les dames et demoiselles.
Aucune limite d'âge n'est fixée et on a vu, certaines années, des élèves de 30 à 40 ans, suivre avec assiduité les leçons qui comprennent les matières suivantes :
Dessin industriel, géométrie descriptive et sténo-dactylographie le dimanche de 8 h. 30 à 11 h. 30.
Mécanique générale et appliquée :
Moteurs à explosion, mathématiques appliquées, électricité industrielle le soir de 17 h. 45 à 19 h. 15.
Les cours de perfectionnement ne font pas double emploi avec les cours professionnels obligatoires, dont nous parlions hier, mais en sont la continuation.
D'un niveau nettement supérieur aux premiers, ils ne s'adressent pas à la même « clientèle ».
Ils ne reçoivent, en effet, que les jeunes gens ayant obtenu le certificat d'aptitude professionnelle ou le brevet d'enseignement industriel ou commercial et les ouvriers, employés et patrons de plus de 18 ans.
Il faut souhaiter le développement de ces cours post-scolaires qui permettent aux jeunes gens d'améliorer leur situation.
L'École pratique d'industrie et du commerce assure, d'autre part, à ses élèves une instruction générale et professionnelle les rendant aptes à se créer des situations, non seulement dans l'industrie et le commerce, mais encore dans la marine ou à l'arsenal.
Créée par arrêté ministériel du 6 octobre 1894, elle fut dirigée le 8 avril 1895, par le regretté M. Daniel et, en 1900, le succès obtenu par l'enseignement technique qui y était professé obligea à construire, rue Portzmoguer, l'école actuelle sur un terrain d'une superficie de 2.815 mètres carrés, dont 1.000 mètres carrés de cour pour les récréations.
Malheureusement, elle ne fut prévue que pour 300 élèves et elle en compte aujourd'hui 560.
Sur plus de 600 candidats présentés cette année, il n'a pu être pris que 220 nouveaux élèves et l'établissement ne peut recevoir que 55 internes et une vingtaine de demi-pensionnaires.
Le prix de la pension pour les élèves internes est de 3.000 francs (*) et pour les demi-pensionnaires de 1.440 fr., payables par trimestre.
(*) 1.623 euros de 2021
Non seulement les cours sont gratuits, mais encore toutes les fournitures scolaires ou d'atelier nécessaires aux élèves leur sont données gratuitement s'ils habitent Brest.
Les autres ont à verser annuellement à la recette municipale une somme de 400 francs (*).
(*) 216 euros de 2021
L'an dernier, 43 élèves possédant le brevet d'enseignement industriel (B.E.I.) âgés moins de 17 ans, sont entrés, après essai, dans l'arsenal et l'école lui fournit chaque année, après quatre ans d'études, de nombreux dessinateurs et ouvriers, passant avec facilité le concours d'entrée.
La section industrielle, dotée de machines modernes, prépare des ouvriers habiles capables de devenir contremaîtres, chefs d'ateliers, agents d'étude et de contrôle ;
la section commerciale forme des employés pour les entreprises industrielles, commerciales, bancaires et financières et les élèves qui, à la suite de l'examen de 3e année obtiennent le brevet d'enseignement industriel ou le brevet d'enseignement commercial qui ouvrent l'accès aux écoles supérieures d'enseignement technique :
Arts et Métiers, etc..
Ils sont en outre assurés de voir leur entrée facilitée dans les établissements de l'État.
Pour les élèves obligés de quitter plus tôt l'école pour entrer en apprentissage, ont été créés ces cours facultatifs qu'on ne saurait trop engager les jeunes gens à suivre avec assiduité pour améliorer leur situation.
Il y a aussi les cours facultatifs de l’École municipale d'Art appliqué où l'on enseigne surtout le dessin.
Ils feront l'objet d'un prochain article.
Source : La Dépêche de Brest 22 octobre 1938
Il y a quelque cinquante ans, les auberges au bas de la rue de Paris s'ornaient d'enseignes humoristiques et de tableautins amusants.
Si les auteurs de ces peintures primitives n'avaient jamais suivi de cours de dessin, du moins avaient-ils une certaine imagination.
Près de la scintillante Étoile du Nord, en face du colossal Chapeau rouge, qui existent encore, on voyait à côté de ce facile rébus 0,20,100,0, un tableau représentant deux promeneurs altérés, s'épongeant le front, sous les ardents rayons d'un soleil d'or :
Le soleil brille pour tout le monde, lisait-on sous cette œuvre et, à côté, un convoi funèbre suivi d'une foule éplorée, portait cette légende :
« Crédit est mort, les mauvais payeurs l'ont tué. »
Le Crédit municipal vient, à son tour, de mourir.
Ce ne sont pas les mauvais payeurs qui l'ont tué, mais le nombre décroissant de sa clientèle.
Depuis la guerre, les conditions d'existence ont changé :
Les œuvres d'assistance, les dévaluations du franc, les augmentations de salaires, ont, heureusement, raréfié la clientèle qui fréquentait le Mont-de-Piété.
Il fut créé le 6 décembre 1826 et installé rue Duguay-Trouin, dans les locaux de l'Assistance publique, jusqu'en 1872, où il vint s'établir rue Kéréon.
On eut beau remplacer, en 1918, son nom de Mont-de-Piété, qui sonnait mal, par celui, plus pompeux, de Crédit municipal, le nombre de ses opérations alla toujours en diminuant.
Le déficit du moribond s'accentuant, sa suppression fut décidée.
Le Crédit municipal a fermé ses portes, il y a quelques mois.
On procède à sa transformation en école.
De ses vétustés bureaux sombres et tristes, on fait des salles claires et gaies.
Le vieil immeuble qui abrita en 1853 la gendarmerie départementale pour devenir l'asile des nonnes de la Miséricorde de Dieu et en 1872, le triste Mont-de-Piété, va recevoir sous peu, les joyeux élèves de l'École d'art appliqué.
L'École d'art appliqué
En attendant cette transformation, les cours de perfectionnement de cette école ont repris depuis quelques jours, dans les salles de classe de la rue Michelet, sous la direction de M. Lachaud.
Ces cours comprennent plusieurs séries :
L'une est un cours de perfectionnement destiné aux élèves des écoles.
Il a lieu, de 9 heures à 11 heures, les jeudis et dimanches.
Les cours de dessin et peinture ont lieu les lundi, mardi, mercredi et vendredi de chaque semaine de 8 heures à 10 heures.
Il existe aussi, les mêmes jours, aux mêmes heures :
1° une école de perfectionnement pour les apprentis et ouvriers peintres en bâtiment qui y apprennent à exécuter le filage, les lettres, l'enseigne, le faux marbre et le faux bois ;
2° le cours de cimentiers-mosaïstes, déjà installé rue Kéréon.
Jusqu'à l'organisation de ces cours, on n'employait dans cette profession que des ouvriers étrangers, les Italiens y étaient particulièrement habiles.
On enseigne aujourd'hui à l'école d'art appliqué, la mosaïque et le graniteau.
L'enseignement dure deux années, au bout desquelles l'élève qui a donné satisfaction reçoit un diplôme lui permettant d'exercer ce métier dans les entreprises de travaux publics.
Cours d'académie
Il y a, enfin, les jeudis et samedis de 2 à 7 heures et de 5 à 7, un cours d'académie, fréquenté surtout par des peintres et des professeurs de dessin.
On y travaille d'après le modèle vivant.
Tour à tour, c'est le père Stéphan, un vieux pêcheur de 71 ans, aux joues aussi basanées que son costume de toile rouge, qui garde la pose, immobile comme à la barre de son bateau.
Ce sont, d'autres fois, de coquettes paysannes :
accortes Bigoudènes ou femmes de Plougastel, qui servent de modèles.
Les études sont très poussées.
Il en est qui permettent de déceler le réel talent de jeunes artistes
Les cours ont lieu dans l'atmosphère cordiale d'un atelier de rapins.
Il règne dans ce cénacle une excellente camaraderie et on y travaille avec ardeur.
Les cours de dessin et de peinture
Aux 32 heures de cours faits dans la semaine par M. Lachaud et son dévoué collaborateur assistent près de 300 élèves, jeunes et vieux, filles et garçons venus soit pour se perfectionner dans l'art du dessin ou de la peinture soit pour améliorer leur situation, en acquérant des connaissances artistiques, soit comme ces enfants des Écoles :
Lycées ou tous autres établissements scolaires, pour prendre goût à un art qui, comme la musique, leur permettra de s'évader, par instants, d'une vie monotone et terre-à-terre, pour avoir la jouissance et la joie de reproduire, par le crayon ou le pinceau, les beautés dispensées gratuitement à tous par la Nature.
Dans cette vaste salle de la rue Michelet où la lumière pénètre par de larges baies, penchés sur leurs cartons à dessin, une quarantaine d'élèves tracent au fusain des lignes sur le papier.
De ci, de là, traînent sur des meubles, les plâtres classiques :
L'homme écorché voisine avec la Vénus de Milo, le buste de Platon se trouve près de la tête de molosse, une feuille d'acanthe s'appuie sur le chapiteau d'une colonne.
M. Lachaud a inauguré, à Brest, un nouveau mode d'enseignement :
— Les élèves, dit-il, trouvent fastidieux, à leurs débuts, de toujours dessiner des cylindres, cônes ou parallélépipèdes.
Il s'agit de les intéresser au travail en leur procurant des modèles géométriques dont ils traceront les lignes en construisant maisons ou édifices divers.
J'ai construit à cet usage ce village.
Ce sont des petits cubes de bois colorié, qui, juxtaposés, peuvent se transformer presque à l'infini, puisque interchangeables.
Ce village aurait pu être aussi bien de style provençal, alsacien ou hollandais :
Nous sommes en Bretagne, il est d'architecture bretonne.
Enlevez le clocher de l'église, vous obtenez les bâtiments d'une ferme ; retirez les cheminées de cette maison, vous créez un hangar; déplacez celle-ci, vous avez une maison avec toit prolongé sur appentis comme il en existe tant dans nos campagnes.
Quant aux fossés, vous pouvez les disposer à votre fantaisie et les prolonger à votre gré.
Vu sous des angles différents, ce village se prête à une étude de perspective.
Les premières leçons consistent à en apprendre les règles.
Ce sont des leçons de dessin d'imitation qui intéressent beaucoup plus les enfants que la reproduction d'un plâtre.
De plus, les élèves ne travaillent pas ici dans la crainte du pensum ou de la retenue de promenade.
Tout en exigeant d'eux une discipline indispensable, il ne leur est pas défendu de bavarder.
Les résultats sont bons puisque, malgré le mélange des classes sociales, il existe dans cette atmosphère, beaucoup plus d'atelier que d'école, une parfaite camaraderie entre tous les élèves, animés, d'ailleurs, du meilleur esprit.
Quand ils sauront bien mettre en place et tracer, sans défaut, les lignes fuyantes du village, nous passerons du dessin d'imitation au dessin d'imagination.
Les élèves planteront alors leur village, au gré de leur fantaisie, dans le site ou le paysage de leur choix.
Ils pourront l'entourer de champs ou d'eau, de collines ou de plaines.
Il leur sera permis de l'édifier au bord d'une route ou d'une rivière, au milieu d'arbres ou sur le rivage de la mer.
Ils pourront même y dessiner des habitants.
Notre but est d'obtenir de la précision dans le dessin, la correction dans la perspective et dans la coloration, l'emploi des tons complémentaires sans heurts de mauvais goût.
Avant tout, il faut former le goût de tous ces enfants et leur faire comprendre qu'en prenant plaisir à suivre ces cours que nous faisons aussi attrayants que possible, ils se réservent, pour l'avenir, de bien agréables distractions.
Nous varions les sujets d'études :
Voici des fleurs, des fruits pour les natures mortes ;
des petits bateaux modèles qui, quand ils sauront les dessiner serviront comme le village, à composer d'harmonieux ensembles.
— Mais ceux qui ne peuvent considérer le dessin et la peinture comme un agrément …
— Ceux-là trouveront toujours un avantage à connaître les règles du dessin.
Quel que soit le métier choisi, la connaissance du dessin permettra d'améliorer sa situation.
Avec une émulation digne d'éloges les élèves reproduisent avec attention le petit village.
Les professeurs passent de l'un à l'autre, conseillent, critiquent, rectifient les dessins et les deux heures de leçon passent avec rapidité.
— « Le temps passe plus vite qu'en classe », traduit un petit en serrant dans son carton le dessin ébauché.
Dans un grand bruit de chaises déplacées, la petite classe dégringole l'escalier au galop.
Les filles bavardent avant de se séparer, les garçons se rattrapent de deux heures d'immobilité en échangeant quelques amicaux horions et chacun se hâte vers la demeure des parents pour montrer comme il a réussi son village.
Source : La Dépêche de Brest 27 octobre 1938
Quand, en 1905, Mlle Trouffleau, directrice du Lycée de jeunes filles, fonda l'« Union fraternelle », destinée à enseigner la couture et les travaux ménagers aux jeunes filles, elle ne prévoyait pas l'extension que devait prendre par la suite l'enseignement professionnel féminin dont elle avait compris l'intérêt.
Dans le petit bâtiment municipal mis à la disposition de Mlle Trouffleau et de ses aides bénévoles, l'afflux des élèves devint si grand que la municipalité dut d'abord, organiser, sous la direction de Mlle TreJlu, des cours quotidiens et décider la construction de l'école actuelle, ne prévoyant malheureusement qu'un effectif de 200 élèves.
Les cours municipaux furent transformés en École pratique d'industrie et d'enseignement ménager en 1910 et, en 1930, une section commerciale fut annexée, mais sur l'effectif actuel de 455 élèves. 370 suivent les cours de la section industrielle prépondérante.
Les buts poursuivis
Les buts que nous poursuivons, disait l'aimable et distinguée directrice de l'École, Mlle Doyen, sont de donner à la jeune fille de 13 ans qui nous est confiée, une éducation professionnelle méthodique et complète qui lui permette de gagner sa vie le plus tôt possible, tout en gardant la possibilité de s'élever dans la hiérarchie de l'emploi.
Nous nous appliquons à donner à nos élèves une culture générale, restreinte évidemment, mais choisie pour servir l'intelligence du métier et l'organisation ménagère ; leur donner le goût, pour les loisirs futurs, d'un effort intellectuel personnel ;
assurer à toute la vie de l'ouvrière une valeur et une conscience plus grandes ;
enfin, par une éducation physique et ménagère, conserver et améliorer la santé de l'élève et de sa famille actuelle et future.
Tous nos cours :
gymnastique, hygiène, puériculture, cuisine, nettoyage et entretien de la maison, lavage et repassage, raccommodage et couture usuelle, ainsi que la confection du trousseau, sont dominés, dirigés, intellectualisés par un enseignement scientifique très modeste, mais cherchant continuellement ses applications dans la vie.
Nous faisons tous nos efforts pour créer un esprit général de l'école, tout de coopération entre professeurs et élèves.
À Brest, nos jeunes filles demandent presque toutes l'apprentissage du métier de couture pour dames, avec l'intention d'exercer ce métier pendant quelques années et l'espoir de fonder une famille — on se marie jeune à Brest — le métier n'étant plus exercé alors que pour les besoins ménagers.
L'an dernier, sur 454 élèves, 265 ont choisi la couture pour dames ;
39 celui de « giletière-culottière » (couturières pour hommes) ;
28 ont préféré être couturières-lingères et 20 modistes.
L'apprentissage de ces métiers dure trois ans et absorbe la moitié de l'horaire des cours.
La technique comprend des exercices méthodiques de couture, le tracé des patrons sur papier, pour la compréhension des formes, et l'exercice régulier du moulage pour la rapidité de la pratique.
L'habileté manuelle et le goût sont formés, en même temps, par cinq heures par semaine de dessin et arts appliqués.
Nous cherchons la liaison la plus constante entre les travaux des ateliers de dessin et de couture ou mode.
Notre idéal est que l'exécution manuelle de la pièce dessinée soit commencée au cours de dessin et continuée à l'atelier avec conseils du professeur de dessin.
La plupart des jeunes filles demandent à faire une quatrième année pratique de perfectionnement.
Nous avons aussi un atelier de travaux variés : jours, broderie, etc.
Il concourt à l'apprentissage de robes, chapeaux, etc.
On y fait aussi de la dentelle bretonne, des pièces de valeur artistique, résultat d'un travail collectif, dont quelques-unes ont figuré aux expositions.
Mlle Voisin fait admirer de magnifiques panneaux, de splendides napperons des cols de dentelle d'une finesse, d'une légèreté et d'un fini irréprochables.
Dans les couloirs sont exposés des dessins, des aquarelles, des peintures qui montrent les travaux d'art qui, plus tard, créeront à l'excellente ménagère formée à l'école, où elle aura appris à faire elle-même ses robes et ses chapeaux, et tant d'autres choses utiles, d'agréables loisirs.
Commerce
Dans des classes bien éclairées ont lieu les cours de comptabilité, sténographie, dactylographie, géographie, arithmétique, législation, correspondance commerciales et anglais, où les élèves reçoivent un entraînement suffisant pour que les directeurs des entreprises commerciales locales recherchent les meilleures comme secrétaires, aides-comptables, vendeuses, etc.
Cours professionnels
Pour les apprenties et employées de l'industrie et du commerce, la loi Astier-Cuminal du 25 juillet 1919 a organisé les cours professionnels féminins obligatoires.
Ils ont lieu dans les locaux et avec le matériel de l'École pratique, 11, rue Danton, et ont commencé il y a quelques jours.
Entièrement gratuite, ils ont lieu, par année scolaire, pendant 30 semaines, de 17 h. 15 à 19 h. 15, les lundi, mardi et mercredi de chaque semaine, soit environ pour les élèves de 1ère et 2e années, 120 heures de scolarité et 180 pour celles de 3e année.
La plupart des jeunes filles, apprenties ou employées, assujetties à ces cours, apprécient vivement l'enseignement professionnel et ménager qui y est donné par des professeurs et maîtresses dévouées.
Plusieurs, non assujetties, demandent à suivre ces cours.
Une maman avait sollicité l'an dernier son admission et a assisté régulièrement et avec profit aux cours avec sa fillette.
L'enseignement général, français, arithmétique, etc., est suivi avec moins d'entrain.
Quand on a quitté l'école, n'est-ce pas ? on y revient sans plaisir.
Cependant, la majorité des élèves se rend compte de la valeur de l'aide offerte et en profite bien.
Les meilleures, les non assujetties, considèrent comme une faveur d'être admises à suivre les cours.
Les élèves des cours professionnels passent en juin l'examen pour l'obtention du certificat d'aptitude professionnelle, concurremment avec les élèves de l'école du même métier.
Ce certificat sanctionne les études et permet aux élèves un placement assez aisé, certains ateliers de la ville choisissant presque exclusivement les élèves de l'École pratique comme ouvrières.
Basé sur les expériences personnelles orientées vers la vie de l'élève et de sa famille, le caractère général de l'enseignement donné à l'École pratique forme des ménagères accomplies, capables de diriger leur intérieur avec goût et économie et de devenir de bonnes mères de famille, car l'enseignement y est vivant et constamment renouvelé.
Il rend donc d'excellents services et l'on comprend l'empressement des élèves à se présenter chaque année au concours d'admission.
Bien que les locaux soient utilisés au maximum, faute de place, de nombreuses élèves ne peuvent être admises.
La municipalité fait tous ses efforts pour remédier à cet état de choses.
Elle ne peut y parvenir sans l'aide financière du gouvernement.
Il faut souhaiter qu'elle l'obtienne le plus rapidement possible.