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1891

Assommé et volé
sur la route de Guilers

 

1892 Une agression route de Guilers.jpg

 

Source : La Dépêche de Brest 4 mai 1891

 

Avant-hier soir, le bruit se répandait en ville qu'un individu avait été assailli sur la route de Guilers et assassiné à coups de revolver.

L'heure tardive à laquelle nous parvint ce renseignement ne nous permit pas d'en contrôler la véracité ; mais voici les renseignements que nous avons recueillis hier, sur les lieux.

 

Avant-hier matin, la domestique du nommé Jacopin, cultivateur à Kériolet, sur la route de Guilers, trouva, en se rendant dans le champ de son maître, un vieillard couché, la tête et les vêtements couverts de sang.

Affolée, elle prévint M. Jézéquel, conseiller municipal de Guilers, qui passait à ce moment dans sa charrette.

Ce dernier y plaça le blessé, qui fut transporté chez le sieur Causeur, buraliste et charron au bourg, où le docteur Loupy, médecin à Saint-Renan, qu'on avait appelé en toute hâte, prodigua ses soins au blessé.

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C'est un nommé Le Gall (Jean-Marie), âgé de 65 ans, cultivateur au village de Lanvers, en Milizac.

Il se rendait vers dix heures à Saint-Pierre-Quilbignon pour voir sa belle-fille, malade.

Il était accompagné d'un homme qu'il avait rencontré aux environs de Ty-Colo, en Saint-Renan.

Ce dernier, qui se disait domestique en Plougonvelin, était vêtu comme les paysans de la région.

Il paraissait âgé de 28 à 30 ans.

 

Arrivé au lieu-dit Kériolet, à un kilomètre environ de Guilers, Le Gall alla dans un champ bordant la route de Guilers pour se reposer.

Il causait avec son compagnon de route, quand, d'après sa version — inexacte comme on le verra plus loin — un individu monta sur le fossé « tira sur lui six ou sept coups de revolver ».

 

Le Gall s'évanouit.

Revenu à lui, il s'aperçut qu'on lui avait dérobé une somme de 6 francs environ.

Son camarade avait pris la fuite.

 

M. Le Hir, maire, accompagné de son secrétaire, M. Corre, et de M. Mazé, conseiller municipal, se sont rendus chez Causeur, où Le Gall confirma ce qui précède.

La gendarmerie de Saint-Renan a aussitôt procédé à une enquête.

Les blessures que Le Gall porte à la tête sont graves, mais — contrairement à ce qu'il avance — elles auraient été occasionnées par un bâton et non par des halles de revolver.

Le bâton avec lequel il a dû être frappé a été trouvé dans le champ de M. Jacopin.

Il était maculé de sang et des cheveux adhéraient à l'écorce.

 

Le Gall a été transporté avant-hier à son domicile, à Saint-Renan.

Il prétend que son agresseur, brun avec des moustaches blondes, était âgé d'une quarantaine d'années.

Ce n'était pas un paysan et il le reconnaîtrait, s'il le voyait.

Assommé et volé 6 mai 1892.jpg

 

Source : La Dépêche de Brest 6 mai 1891

 

Ainsi que nous le disions hier, l'auteur de la tentative de meurtre suivie de vol commise sur la route de Guilers a été arrêté par la gendarmerie.

 

C'est un nommé Appéré (Jean-Marie), âgé de 28 ans, domestique de ferme, demeurant à Locmaria-Plouzané.

Il a déjà encouru une condamnation pour viol.

 

Appéré se promenait dans la rue du Pont, à Saint-Renan, quand la gendarmerie l'a arrêté, mardi soir, vers onze heures.

Il était à ce moment légèrement pris de boisson.

 

Interrogé sur son identité et l'emploi de son temps dans la journée du 2 courant, il répondit qu'il était venu de Ploudalmézeau avec le courrier de cette localité pour se rendre à Brest chercher du travail.

Entre Saint-Renan et Guilers, il fît la rencontre d'un homme d'une soixantaine d'années, qu'il ne connaissait pas.

Il lia conversation avec lui jusqu'à Guilers, où celui-ci lui paya un verre.

En sortant de l'auberge, cet homme prit la route de Penfeld, et Appéré celle de Recouvrance, par Pont-Cabioch.

 

L'inculpé feignit d'ignorer la tentative de meurtre, mais, quand on lui présenta le bâton qui a servi à assommer Le Gall, il devint très pâle et se mit à pleurer.

 

Avant-hier matin, Appéré fut conduit chez Le Gall.

À peine y était-il entré, que la victime se dressa sur son séant et s'écria :

« C'est cet homme qui a fait route avec moi jusqu'au champ où il m'a frappé ! »

 

Appéré persista cependant à nier, mais il ne conserva pas longtemps cette attitude.

Ramené à la caserne de gendarmerie, il se décida à faire des aveux complets et il déclara qu'étant sans travail et sans ressource, il avait frappé pour tuer et voler, dans le but de se procurer de l'argent.

 

Conduit devant le procureur de la République, il renouvela ses aveux dans le cabinet du juge d'instruction et en présence de ce dernier magistrat.

Il a été incarcéré à la maison d'arrêt du Bouguen.

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