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1892

Tentative de meurtre à Brest

 

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Source : La Dépêche de Brest 23 avril 1892

 

Une tentative de meurtre a été commise avant-hier soir, à Brest.

 

Vers sept heures et demie, une débitante de la rue Suffren, Mme Le Bail, se rendait chez M. Le Givre, rue Traverse, pour acheter du fromage, lorsque, à la hauteur des Bretons, elle se trouva en présence d'une femme Siou, demeurant rue Kléber, qui, sans provocation, l'injuria grossièrement.

 

La débitante ne répondit pas et continua sa route.

Ses acquisitions faites, elle rentrait chez elle par le même chemin, mais, devant la mercerie Guérandel, elle se trouva de nouveau en présence de la femme Siou qui, se jetant sur elle un couteau à la main, lui en porta un coup au côté droit de la tête.

 

Mme Le Bail poussa un cri.

Le sang coulait à flots de sa blessure ;

cependant, elle put regagner son domicile, où, à peine arrivée, elle s'évanouit.

 

Tandis que les bonnes du débit s'empressaient autour d'elle, sa fille, Mlle Julia Le Bail, se dirigeait en courant vers l'endroit où avait eu lieu l'agression.

Un rassemblement s'était formé.

Plusieurs personnes lui dirent que la femme Siou s'était dirigée vers le bas de la rue de Siam.

 

Mlle Le Bail y courut, et, rencontrant deux agents, elle leur raconta l'agression dont sa mère venait d'être victime.

Ces derniers l'accompagnèrent jusqu'au débit, où le docteur Hébert, immédiatement appelé, fit un premier pansement à la blessée et lui recommanda un repos absolu

 

Mme Le Bail, dont la faiblesse était extrême, avait une blessure de deux centimètres, de laquelle une grande quantité de sang s'était échappée.

Sur les conseils du médecin, elle s'alita aussitôt.

La nuit, la fièvre s'est déclarée, mais le docteur Hébert espère que la blessure, quoique grave, n'aura pas de suites fâcheuses.

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Anonyme

 

L'auteur de cette tentative de meurtre, la femme Siou, est âgée de 34 ans.

Condamnée il y a quelques mois par le tribunal correctionnel pour adultère, elle vit séparée de son mari, qui a introduit devant le tribunal civil une instance en divorce.

Ce dernier, qui est portefaix, fréquentait depuis de nombreuses années la maison de Mme Le Bail.

 

Cette fréquentation avait déterminé chez la femme Siou une haine qui ne se traduisait pas seulement par des injures.

Il y a dix mois environ, elle lançait du 4e étage, où elle habitait, une pierre qui faillit atteindre Mme Le Bail à la tête et, tout dernièrement, elle aurait manifesté à une femme Le Duff son intention bien arrêtée de tuer la débitante.

 

La femme Siou a été arrêtée à huit heures, près de son domicile, par les agents de la sûreté mis à sa recherche.

Conduite aussitôt devant M. Guibaud commissaire du 2e arrondissement, elle nia énergiquement, prétendant n'avoir pas vu Mme Le Bail depuis plus d'un an.

Elle n'en a pas moins été maintenue en état d'arrestation.

 

L'enquête ouverte a, d'ailleurs, établi les faits racontés plus haut.

La femme Siou était furieuse de voir que son mari fréquentait le débit de Mme Le Bail, et elle savait que la débitante sortait tous les soirs entre sept heures et sept-heures et demie.

 

Plusieurs témoins de la scène ont été entendus hier.

Quant à la femme Siou après un premier interrogatoire devant M. le procureur de la République, elle a été incarcérée au Bouguen.

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Anonyme

 

Source : La Dépêche de Brest le 24 avril 1892

 

Le docteur Hébert s'est rendu de nouveau hier matin, à onze heures, au domicile de Mme Le Bail, la victime de la tentative de meurtre que nous avons racontée hier.

 

La blessure serait plus profonde qu'on ne l'aurait cru tout d'abord.

Au lieu de deux centimètres de profondeur, la plaie en aurait quatre.

Bien que la blessée continue à être en proie à une fièvre intense, son état n'inspire aucune inquiétude.

 

Quant à la femme Siou, elle a été conduite hier, à une heure de l'après-midi, devant M. le procureur de la République, qui l'a de nouveau interrogée.

Elle persiste à nier énergiquement et a prétendu que depuis plus d'un an elle n'avait pas vu Mme Le Bail.

 

À une heure et demie, trois témoins, deux jeunes gens et une femme, ont été confrontés avec l'inculpée dans le cabinet de M. le procureur de la République.

Tous trois l'ont parfaitement reconnue et ont affirmé que c'était bien elle qui avait porté le coup de couteau à Mme Le Bail.

L'un des témoins, M. Salmon (Théodore), demeurant rue de la Rampe, 45, a même couru après elle.

 

Malgré ces témoignages, la femme Siou a persisté dans ses dénégations.

À quatre heures et demie, elle a été reconduite à la maison d'arrêt du Bouguen.

 

Malgré toutes les recherches, il a été impossible jusqu'ici de retrouver le couteau.

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Source : La Dépêche de Brest 27 mai 1892

 

On se rappelle l'agression dont fut victime, le 20 avril dernier, vers sept heures du soir, à l'angle des rues de Siam et de Traverse, Mme Le Bail, débitante, rue Suffren.

 

La femme Siou, qui, depuis quelques instants, guettait son passage, lui asséna un violent coup de couteau au front.

Cette blessure n'eut pas de conséquences graves, et au bout de huit jours Mme Le Bail fut complètement rétablie ; aussi le juge d'instruction rendit une ordonnance renvoyant la prévenue devant le tribunal correctionnel, sous- l'inculpation de coups et blessures volontaires.

 

Après l'audition de quatre témoins, le président interroge la prévenue qui nie énergiquement les faits qui lui sont reprochés.

Elle n'en est pas moins condamnée à trois mois de prison.

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Anonyme

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