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1895

Abus de confiance qualifié
à Quéménéven

 

 

Source : La Dépêche de Brest 9 juillet 1895

 

Le 8 avril dernier, le sieur Le Gars, cultivateur à Prat-Bian, en Châteaulin, avait chargé le nommé Quéré (Jean-Pierre), âgé de 31 ans, qui était à son service depuis le 23 mars précédent, de vendre une jument à la foire de Kergoat, en Quéménéven.

Quéré fit marché avec un sieur Emily, marchand de chevaux, pour le prix de 425 fr., sur lequel il reçut dix francs d'arrhes, qu'il remit à son maître.

Le même jour, vers 6 h. 1/2 du soir, l'acheteur versa à Quéré, dans une auberge située en face de la gare de Châteaulin, la somme de 415 fr., dont 400 fr. en billets de banque.

 

Dans la même soirée, Quéré monnayait deux billets de 100 fr. et, après s'être livré à des dépenses de toutes sortes, il quittait Châteaulin le lendemain matin, sans avoir reparu chez son maître.

Il fut arrêté le 21 avril seulement, à Pleyben, porteur d'un revolver chargé, dont il aurait peut-être fait usage sans la promptitude du brigadier de gendarmerie.

 

Il ne lui restait plus un centime de la somme détournée, qu'il prétend avoir dissipée en peu de jours en excès de toute sorte.

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Il ressort de l'information que, dès la remise entre ses mains du prix de vente de la jument, Quéré a manifesté l'intention de se l'approprier.

 

Quéré a été condamné la 5 janvier 1892  à cinq ans de réclusion pour incendie volontaire (*) et avait été libéré conditionnellement le 11 août 1894.

Depuis son retour dans le pays, il ne s'était nullement préoccupé de sa femme et de son enfant, qu'il laissait dans le besoin.

 

Adonné à l'ivrognerie et dangereux lorsqu'il était sous l'empire de l'ivresse, il dissipait tous ses gains dans les auberges.

 

Ministère public, M. Drouot, procureur de la République.

Défenseur, Me Boulo.

 

Reconnu coupable, avec admission des circonstances atténuantes, Quéré est condamné à cinq ans de prison.

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(*) Source : La Dépêche de Brest 6 janvier 1892

 

L'accusé Quéré (Jean-Pierre), âgé de 28 ans, domestique au village de Kerascoët, en la commune de Pleyben, est loin d'avoir de bonnes références.

Voici, en effet, sous quel jour il est représenté par l'information :

« La réputation de Quéré est détestable.

Ivrogne et brutal, toujours porteur d'armes dont il semblait prêt à se servir, il était universellement redouté.

Depuis plusieurs années, il avait abandonné dans le plus profond dénuement sa femme et son jeune enfant. »

C'est assez complet.

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Voici maintenant ce que dit l'acte d'accusation :

 

Le 8 novembre 1891, vers 9 h. 1/2 du soir, le feu se déclarait dans l'aire à battre du sieur Crenn, propriétaire à Lopérec.

Cinq meules de foin ou de paille, estimées 1,450 fr., furent consumées entièrement et la maison d'habitation, située à quelques mètres seulement, eut été infailliblement embrasée si le vent n'avait donné à la flamme une direction favorable.

 

Jean-Pierre Quéré, ancien domestique chez le sieur Crenn, qui avait dû le congédier quelques jours auparavant, en raison de son inconduite, laissa, pendant l'incendie, échapper ces mots, qui furent entendus de ses voisins :

« J'aurais mieux fait de me pendre que de faire ce que j'ai fait ! »

Ces paroles, jointes aux menaces que Quéré avait proférées contre la famille Crenn, ne laissaient pas de doute sur la culpabilité de cet individu, qui fut arrêté le surlendemain et avoua son crime sans difficulté.

Il prétendit seulement n'avoir mis le feu qu'à deux meules ;

mais il résulte des constatations faites par les personnes arrivées dès le début sur le lieu du sinistre que le feu a été mis distinctement à toutes les meules à la fois.

 

Quéré affirme n'avoir pas prémédité son crime et n'avoir agi que sous l'influence de l'ivresse, mais la haine qu'il manifestait depuis son renvoi à l'égard de ses anciens maîtres, son attitude dans la soirée du 8 novembre et le soin qu'il avait eu quelques heures avant l'incendie de se munir d'allumettes qui pussent résister à l'action du vent, prouvent suffisamment son intention bien arrêtés de réaliser les projets de vengeance qu'il nourrissait contre la famille Crenn.

 

Plus d'une heure avant d'allumer l'incendie, Quéré avait soustrait, dans une étable non fermée, distante d'environ 60 mètres de l'habitation Crenn, un mouton qu'il tua et dont il essaya de faire cuire les morceaux dans les auberges à Lopérec.

 

Ministère public, M. Fretaud ; défenseur, Me Le Clech.

 

Quéré, reconnu coupable avec admission de circonstances atténuantes, est condamné à cinq ans de réclusion.

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