Source : La Dépêche de Brest 27 septembre 1895

 

Une tentative de meurtre a été commise mardi à Milizac.

Un domestique de ferme, Tinevès (Hervé), âgé de 35 ans, a tenté d'étrangler la fille de son maître.

 

Tinevès, qui était premier domestique chez M. Paul, cultivateur au village de Kélaret, en Milizac, rentrait mardi,

vers 5 h. 1/2, à la ferme, revenant de Brest, où il avait conduit une charrette de bois.

II était légèrement pris de boisson.

Dès son arrivée, il prit à partie la fille de son maître, Mlle Gabrielle Paul, et l'injuria parce qu'elle n'était pas allée puiser de l'eau pour les chevaux.

 

Tinevès ne s'en tint pas aux injures.

Passant des paroles aux actes, il porta plusieurs coups de poing à la jeune fille et la renversa, la face contre terre ; puis, s'agenouillant sur son dos, il lui serra violemment le cou dans ses deux mains.

 

Mlle Paul parvint à échapper un instant à l’étreinte du forcené, mais Tinevès la saisit de nouveau et lui porta de nouveaux coups.

Il ne lâcha sa victime qu'à l’arrivée de deux autres domestiques, accourus aux cris de la jeune fille.

 

Mlle Paul relevée sans connaissance, a reçu les soins du docteur Kérebel, qui a constaté  un sérieux commencement de strangulation.

La face était congestionnée, les paupières tuméfiées et la gorge présentait des traces d'érosion produites par les doigts de l'agresseur.

 

Tinevès a été arrêté par la gendarmerie de Saint-Renan.

Interrogé sur la tentative de meurtre qui lui est reprochée, il répondit :

« J'étais ivre. Je ne me souviens de rien. »

 

D'après Mlle Paul, qui souffre encore des coups qu'elle a reçus, le motif de la tentative de meurtre dont elle a été l'objet serait la vengeance.

Il y a quelques jours, Tinevès voulait frapper son maître.

La jeune fille intervint pour défendre son père et réprimanda vertement Tinevès, qui aurait gardé de cette scène un vif ressentiment.

 

Conduit hier matin à Brest sous bonne escorte, Tinevès a été écroué au Bouguen.

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