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1896

Audience correctionnelle du 30 octobre

 

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Source : La Dépêche de Brest 31 octobre

 

Deux bonneteurs.

 

Carel (Pierre) et Delage (François), qui ouvrent l'audience, sont les deux individus dont nous avons annoncé l'arrestation le 24 septembre pour escroquerie et vagabondage.

Ils s'étaient fait une petite industrie du jeu des trois cartes, communément appelé jeu du bonneteau.

 

Deux marins de la Melpomène, C... et D..., alors embarqués sur la Saône, qui, un soir, dans le débit tenu par Mina Bieuzen, dans la rue Suffren, ont accepté leur offre de jouer aux trois cartes, avaient vu leur faible avoir disparaître dans les poches des deux compères.

 

C'est à la suite de leur plainte qu'ils ont été arrêtés.

L'enquête ouverte depuis contre les accusés a relevé que, le 20 septembre, Carel et Delage s'étaient rendus ensemble à la foire du Conquet, où ils avaient encore pratiqué le jeu des trois cartes et fait de nombreuses dupes.

 

L'une d'elles, un garçon boucher, nommé Cozian (Pierre), entendu à l'audience, déclare que c'est Carel qui battait les cartes, tandis que Delage jouait pour attirer le client et gagnait chaque fois.

Le témoin a joué quatre fois, il a d'abord gagné deux francs et finalement partit en perdant six francs.

 

Carel et Delage sont deux sujets peu intéressants, qui ont déjà encouru diverses condamnations pour vol, coups, etc.

Ils se défendent tous deux de ne vivre que du produit du jeu de bonneteau et prétendent exercer la profession de vendeurs de mercerie.

C'est par hasard qu'ils se sont rencontrés à la foire du Conquet.

 

Le substitut Chardon estime que les divers chefs d'accusation relevés contre Carel et Delage sont suffisamment établis et réclame contre eux l'application de la loi.

 

Après une plaidoirie de Me Isnard, le tribunal ne retient contre les accusés que l'escroquerie commise par eux au Conquet, et condamne Carel à quatre mois et Delage à deux mois de prison.

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Voleur de vaches, dévaliseur de troncs d'église, de cimetières, faussaire.

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Hirvoas (Joseph) 17 ans est un produit de l'enseignement congréganiste.

 

Le 3 octobre, il s'emparait d'une vache qui paissait dans un champ, à Gouesnou, et la conduisait aussitôt à la foire de Saint-Renan, où il la vendait pour la somme de 105 fr.

Nanti de cet argent, Hirvoas venait à Brest, où, après avoir acheté un vêtement complet, il dépensait le reste de son avoir à s'amuser.

 

Le 8 octobre, dans les mêmes circonstances que la première fois, il s'emparait d'une autre vache dans un champ à Guipavas, et s'apprêtait à aller la vendre quand il fut pris.

 

Hirvoas, sur lequel les plus détestables renseignements sont fournis, a été pendant quelque temps employé dans les bureaux de la mairie de Lambézellec, d'où il a été renvoyé pour sa paresse.

 

Pendant l'instruction, il s'est fait passer pour une victime de la politique en attribuant son renvoi de la mairie de Lambézellec au changement de la municipalité, après les dernières élections.

L'ancien maire, M. Simon, fait lui-même raison de cette allégation en fournissant des renseignements défavorables à l'inculpé.

 

Depuis, Hirvoas, dans une lettre qu'il a adressée à M. Guicheteau, juge d'instruction, se déclare l'auteur de vingt-sept vols qualifiés, commis dans l'église, dans la cimetière de Lambézellec et dans la mairie de cette commune.

Il prétend même avoir fait des faux pendant l'exercice de ses dernières fonctions.

 

Tous les vols dont il se déclare coupable ont, en effet, été commis et la gendarmerie n'était pas parvenue jusqu'à ce jour à en découvrir les auteurs.

 

À l'audience, Hirvoas répond au président, qui l'interroge :

« Donnez-moi la peine la plus sévère si vous voulez. »

 

En attendant qu'il soit déféré à une autre juridiction, le tribunal correctionnel le condamne à quatre mois de prison.

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La mendicité.

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Le G… (Yves) est arrêté pour mendicité.

Pendant que le président l'interroge, une voix crie dans la salle :

« C'est mon beau-frère ! »

L'interrupteur invité à comparaître devant le tribunal, est invité à se taire, sous peine d'être expulsé, ou même écroué à la maison d'arrêt.

 

Le G... est ensuite condamné à quarante-huit heures de prison.

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Une fillette de dix ans, la jeune G... (Émilie), a été arrêtée par un agent, au moment où, dans la rue d'Aiguillon,

elle recevait un sou d'un officier de marine.

Elle est traduite devant le tribunal pour ce fait.

De bons renseignements sont fournis sur elle et sur sa famille, qui se compose de cinq enfants.

 

La jeune G..., acquittée comme ayant agi sans discernement, est remise à ses parents.

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La femme Gourmelon, néa Louarn (Eugénie), est une mégère qui oblige ses filles, âgées de huit et neuf ans, à mendier.

De détestables renseignements sont fournis sur elle et sur son mari.

Tous deux s'enivrent quotidiennement avec le produit de la mendicité de leurs fillettes, auxquelles elles imposent toutes sortes de privations, les obligeant notamment à coucher sur la paille.

 

La femme Gourmelon est condamnée à trois, mois de prison.

Ainsi que son mari, elle sera prochainement déchue de la puissance paternelle.

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Délits de chasse.

 

Un cultivateur de Kerlouan, P..., et son domestique, C..., sont accusés d'avoir chassé sans permis et en temps prohibé, le 15 août dernier.

C'est à la suite d'une dénonciation adressée au parquet par un voisin avec lequel P... est en procès que les deux inculpés sont poursuivis.

 

Malgré une plaidoirie de Me Le Bras, qui invoque la contradiction qui existe entre les témoins, le tribunal condamne P... et C... chacun à 50 francs d'amende.

À la suite de cette double condamnation, le substitut Chardon se lève et prend des réquisitions contre un témoin, nommé T..., qui a déposé en faveur des accusés, qui ont invoqué un alibi, et demande qu'il soit immédiatement arrêté pour faux témoignage.

Spontanément, Me Le Bras prend la défense de T... et le tribunal, considérant que le délit qui lui est reproché n'est toutefois pas flagrant, passe outre à la demande du ministère public.

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