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1897

Une journée ordinaire
au Tribunal Correctionnel

 

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Source : La Dépêche de Brest 8 décembre 1897

 

Un enfant de la Creuse

 

Auguste Tanguy est un enfant de la Creuse égaré en Bretagne.

Se trouvant, il y a quelques jours à Porstrein, il chanta pour apitoyer les passants.

 Au moment où le prévenu arrive à la barre, sa mère, se trouvant dans le public, crie d'une voix suppliante :

— Me permettez-vous de parler pour mon fils ?

 

Le prévenu explique qu'il était sans travail et qu'il a chanté pour obtenir quelques sous.

La mère intercède une seconde fois ;

M. le substitut déclare que les renseignements sur l'inculpé sont bons.

 

Le tribunal condamne Tanguy à quatre jours de prison.

Comme il a fait quatre jours de prévention, il a été mis en liberté.

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Le vol à la mendicité

 

Il y a quelques jours, Louis-Dominique Dodjard, né en 1872 en Ille-et-Vilaine, rencontra Marie Roudaut, femme Hénaff, habitant Recouvrance.

 

Comme Dominique est assez disgracié de la nature, il s'associa avec la femme Hénaff pour mendier.

Il chantait pendant qu'elle guettait si les agents n'arrivaient pas.

 

Pour toucher plus sûrement le cœur des gens charitables, la femme portait sa petite fille sur son bras.

 

Quand Dominique eut récolté quatre sous, les deux associés allèrent boire un café rue Borda.

C'est alors que la rusée Roudaut opéra pour son compte.

Elle monta dans les étages des maisons, s'empara d'une paire de sabots et d'un seau, puis s'enfuit.

 

Elle fut arrêtée, quelque temps après, et interrogée par M. Lagarde, commissaire de police.

 

À l'audience, Dominique fait des aveux complets.

La femme Hénaff nie avoir mendié, mais est obligée de reconnaître le vol.

Elle est soupçonnée d'être l'auteur de divers méfaits accomplis à Recouvrance, dans de semblables conditions, mais on n'a pu le prouver.

 

Dominique, qui a déjà été condamné plusieurs fois pour mendicité, se voit octroyer un mois de prison.

 

La femme Hénaff a déjà été condamnée trois fois pour mendicité en réunion, et une fois pour complicité de vol.

Les plus mauvais renseignements sont fournis sur elle par M. Lagarde, commissaire de police, qui vient témoigner à l'audience.

Elle recueille quatre mois de prison.

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Un mari ivrogne et brutal

 

Goulven Galliou, 48 ans, né à Plouguerneau, manœuvre, demeurant actuellement à Recouvrance, a une passion immodérée de la boisson.

Chaque fois qu'il est ivre, ce qui lui arrive presque quotidiennement, il roue sa femme de coups.

 

Cette situation dure depuis près de 22 ans, c'est-à-dire depuis son mariage.

Après avoir abandonné sa femme pendant trois ans et demi, la laissant sans ressources avec cinq enfants, il revint il y sept mois suppliant sa moitié de reprendre la vie commune, et promettant de ne plus boire.

 

De son serment, Galliou en fit ce qu'en font les ivrognes, il ne le tint pas.

Ce qu'il n'oublia point, cependant, ce sont les coups administrés jadis à sa femme.

 

Le 5 décembre, il arriva chez lui vers sept heures.

Il était abominablement ivre.

Sans que sa femme lui ait adressé le moindre reproche, il se précipita sur elle et la frappa cruellement.

 

Ses trois filles, âgées de 17 ans, 15 ans et 13 ans, se précipitèrent au secours de leur mère.

L'ivrogne tourna sa colère contre elles ; prenant son soulier, après s'être déchaussé, il roua de coups ses trois enfants.

 

La fillette de 15 ans put s'échapper et courut au poste de police de Recouvrance.

Galliou fut arrêté et vient répondre, devant le tribunal, des faits que nous venons de raconter.

 

La mère et les trois filles, triste spectacle, viennent déposer l'une contre son mari et les autres contre leur père.

 

Galliou est condamné à deux mois de prison.

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Anonyme

 

Deux voleuses de gouttière

 

Le jeudi 2 décembre, un quartier-maître chauffeur, M. Le G..., fut victime d'un vol de 166 fr. 50, commis dans les circonstances peu banales que nous avons racontées.  (*)

Le G... s'était rendu, on s'en souvient, dans la chambre de Marie Guélard, femme Jaouen.

Pendant qu'il filait le parfait amour, il avait été dévalisé.

 

Le volé, s'en étant aperçu, cria :

« Au voleur ! »

Marie Guélard et deux autres complices, Amélia Crenn, veuve Collet, et la femme Rolland, sur le point d'être arrêtées dans leur chambre, prirent la fuite par les toits.

Poursuivies par les agents, elles furent obligées de se rendre et furent emmenées devant M. Picq, commissaire de police, qui établit leur culpabilité.

Hier, ces voleuses de gouttière comparaissaient devant le tribunal.

 

Marie Guélard, âgée de 29 ans, pourvue de quatre condamnations, est condamnée à quatre mois de prison.

La femme Anne Rolland, 31 ans, a son casier orné de douze condamnations, dont trois à plus de trois mois et un jour de prison.

Elle se voit également infliger quatre mois de prison.

La veuve Collet est acquittée.

 

(* ) Source : La Dépêche de Brest 8 décembre 1897

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