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1937

L'enfant martyr de Lambézellec

 

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Source : La Dépêche de Brest 22 janvier 1937

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Sur la foi d'une information qui lui était parvenue, M. Bouriel, procureur de la République, chargeait, hier après-midi, M. Ménez, commissaire de police de Lambézellec, d'ouvrir une enquête sur des faits lamentables qui venaient de lui être signalés.

 

M. Ménez se rendit au hameau de Poul-ar-Feunteun, à l'adresse qu'on lui avait indiquée, accompagné de M. Jolivet, garde champêtre.

 

Dans une pièce repoussante de saleté, garnie de trois lits infects, à terre sur un grabat sordide, amas de vieux chiffons recouverts d'excréments, gisait, hébété, un petit garçon de six ans.

« — Donne-moi du pain, dit-il à M. Ménez, j'ai faim ! »

 

Interloquée par l'arrivée soudaine de la police, la femme, Julie Le Gall, geôlière de l'enfant martyr, ne pouvait nier l'état lamentable dans lequel elle le laissait :

 

« — Son père, M. Le Borgne, balayeur municipal à Brest, me l'a confié il y a dix-huit mois, répondit-elle aux questions de M. Ménez ;

il me donnait cent sous par jour, ce n'est pas avec cela que je pouvais le nourrir et l'habiller comme un prince. »

 

O ironie des mots !

À peine vêtu de loques, le pauvre gosse, le visage émacié, le corps affreusement maigre, ne recevait rarement, comme nourriture, qu'une pomme de terre crue que, mourant de faim, il dévorait comme une friandise.

 

Quand on lui permettait d'aller jusqu'à la porte du taudis infect de sa gardienne, parfois il récoltait un morceau de pain donné par le boulanger faisant sa distribution.

Mais il lui fallait souvent se contenter de manger les excréments sur lesquels il couchait.

 

M. Ménez se hâta de téléphoner au parquet les résultats probants de sa visite.

 

M. Crenn, juge d'instruction, commit aussitôt M. le docteur Mignard, médecin-légiste, pour examiner l'enfant.

 

Le praticien se rendit à Lambézellec et, devant l'état de malpropreté de l'enfant et le manque absolu de soins dans lequel le laissait son indigne gardienne, il déposa immédiatement son rapport au parquet.

 

Cependant, M. Ménez poursuivait son enquête.

Il apprit que la femme Le Gall était réputée pour se livrer à la boisson en compagnie d'un ancien colonial, pendant que son mari travaillait à Kérinou comme ouvrier agricole.

 

Ce dernier ne vient au logis que le dimanche, pendant de courts instants, le temps de remettre l'argent de sa semaine à sa femme.

 

Ce triste ménage a eu cinq enfants :

l'un est soldat, deux autres travaillent et ont quitté le domicile maternel ;

enfin, deux petites filles de 8 et 12 ans habitent avec leur misérable mère, mais ne semblent pas manquer de soins.

 

*

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Plusieurs personnes n'ignoraient pas le martyre du petit Le Borgne.

 

— Il reçoit pour plus de cent sous de taloches par jour, s'il ne reçoit pas de nourriture, nous a dit une femme.

 

— Il ne lui reste qu'une touffe de cheveux sur le sommet du crâne, ajoute une autre ;

c'est sans doute par-là que la femme Le Gall l'empoigne pour le battre.

 

Dès aujourd'hui, l'ambulance municipale conduira à l'hospice civil l'enfant martyr.

Il sera confié à l'assistance publique et pourra enfin manger à sa faim.

 

Dès hier soir, M. Ménez lui a fait donner du pain, qu'il a dévoré.

 

La femme Le Gall, prise de tardifs remords, peut-être, ou plutôt par crainte de l'immanente justice qui ne saurait être trop sévère pour ceux qui font souffrir les petits enfants, s'est décidée à nettoyer un peu le petit être, tout surpris d'être l'objet d'attentions qu'on n'avait jamais eues pour lui.

 

En raison de sa situation de famille, la femme Le Gall a été laissée en liberté provisoire.

Son mari sera interrogé par M. Ménez, qui poursuivra aujourd'hui son enquête.

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Source : La Dépêche de Brest 23 janvier 1937

 

Nous avons dit hier comment M. Ménez, commissaire de police de Lambézellec, avait découvert dans une masure misérable, au hameau de Poul-ar-Feunteun, un enfant dont l'état de misère physique était véritablement effroyable.

 

Il s’agissait du petit Jean Le Borgne né le 7 décembre 1935 (*), que son père, balayeur municipal à Brest, avait confié à la femme Le Gall pour l'élever.

Depuis 18 mois, M. Le Borgne versait régulièrement 150 francs par mois à la « gardienne » de son enfant.

 

Il est permis vraiment de se demander à quoi cet argent quand on a vu quelle était la misère du petit être, privé de nourriture et vêtu de quelques haillons.

Depuis des mois sans doute, l'enfant n'avait pas été lavé.

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(*) NDLR : L'année de naissance est erronée

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À POUL-AR-FEUNTEUN

 

« — Jamais, nous dit un témoin, je n'avais vu chose pareille.

Et pourtant, il m'a été donné de rencontrer bien des misères. »

 

Quelques meubles hors d'usage, mouillés par la pluie qui passe à travers le toit.

Des chiffons, de vieux papiers, quelques casseroles et trois vieux lits.

 

L'enfant gisait sur un grabat infect et semblait privé de toute conscience.

Il ne peut plus se tenir debout.

Ses jambes, dans un état de maigreur extrême, sont repliées sous lui.

Malgré son âge, il ne sait pas parler, ou presque.

Il ne dit qu'une chose : « Maman... pain ».

 

C'est tout ce qu'on a pu obtenir de lui.

 

Comme on demandait à Julie Le Gall l'âge du petit, elle répondit :

« Je ne sais pas. Cinq ans, six ans... mettez quatre ans... »

« Vous le savez, l'enfant en a six, mais il en porte à peine cinq ».

 

C'est encore devant un témoin que, « pour faire une démonstration » de ce qu'elle avançait, la femme Le Gall voulut donner une pomme de terre crue à son « pensionnaire ».

« — Vous allez voir, dit-elle, il va la manger. »

 

Le petit l'aurait fait et il fallut l'en empêcher.

 

L'EXAMEN DU MÉDECIN LÉGISTE

 

M. le docteur Mignard, médecin légiste, a été reçu hier par M. Crenn, juge d'instruction, auquel il a fourni les premiers éléments de son rapport.

On sait en effet que c'est le docteur Mignard qui se rendit à Poul-ar-Feunteun avec M. Ménez.

 

L'enfant est très certainement un anormal et un arriéré.

Il présente des signes évidents de dégénérescence.

Le fait de manger ses excréments, par exemple, est un signe pathologique certain.

 

Le pauvre être ne peut plus du tout se servir de ses jambes et parait n'avoir aucune connaissance du monde extérieur.

Il est très vraisemblable que c'est lui-même qui, dans les périodes d'excitation morbide, s'arrache les cheveux.

 

Mais ce qui est certain aussi, c'est qu'il a manqué des soins les plus ordinaires et a été privé de nourriture.

 

L'ENQUÊTE

 

M. Ménez avait, dès jeudi soir, fait nettoyer l'enfant par sa « gardienne », qui sans doute n'en avait jamais tant fait.

Dans la matinée d'hier, M. Le Borgne s'est rendu à Poul-ar-Feunteun pour prévenir qu'il allait reprendre son petit.

 

Puis il a été entendu par M. Ménez.

 

C'est par la lecture des journaux que M. Le Borgne eut connaissance de l'état dans lequel se trouvait son fils.

 

« — Je suis, dit-il, absolument navré de ce qui arrive. J'ignorais tout. »

« En effet, je vais chaque mois payer la pension du petit Jean.

Ce jour-là, sans doute, on lui faisait une toilette convenable et je n'avais rien remarqué d'anormal.

« Il y a deux mois que je n'avais pas vu le petit, car la dernière fois, le 30 décembre, c'est une autre personne qui a été porter les 150 francs à Poul-ar-Feunteun. »

 

Précisons que cette personne n'avait d'ailleurs pas vu l'enfant, qui se trouvait étendu dans quelque recoin du taudis.

 

M. Le Borgne déclara qu'il avait, voici plus de 18 mois, confié son petit à l'hospice

Mais il avait dû le reprendre.

L'enfant pouvait alors se servir un peu de ses jambes.

 

Ne pouvant le conserver auprès de lui et des siens, son père l'avait alors placé à Poul-ar-Feunteun et avait toujours acquitté scrupuleusement le montant de la « pension ».

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Source : La Dépêche de Brest 24 janvier 1937

 

Nous avons dit avec quelle célérité M. Ménez, commissaire de police à Lambézellec, avait mené l'enquête relative aux graves sévices dont le jeune Jean Le Borgne était l'objet depuis plus d'un an.

 

L'actif magistrat avait recueilli des indications qui allaient donner à son enquête une tournure nouvelle.

Aussi, hier, procédait-il à de nouveaux interrogatoires de la femme Le Gall, de ses deux fillettes, ainsi que de Joseph Lotrian, le compagnon habituel de la mégère.

 

L'affaire devait, dès lors, prendre une tournure nouvelle et revêtir un caractère d'exceptionnelle gravité puisque, pour l'un des inculpés, elle sera évoquée devant les assises.

 

Un triste personnage

 

M. Ménez. vendredi soir, avait décidé de pousser plus avant l'enquête entreprise au sujet du petit Jean Le Borgne et de l'étendre aux personnes qui fréquentaient la maison où avait été découvert l'enfant martyr.

 

Il donnait hier matin à MM. Fagon et Jollivet, mission de retrouver Joseph Lotrian, 37 ans, qui, bien qu'habitué de la maison de Poul-ar-Feunteun, avait disparu depuis 48 heures.

 

MM. Fagon et Jollivet procédèrent alors à urne minutieuse enquête.

Ils finirent par découvrir Lotrian chez une voisine de la femme Le Gall, Mme Soubigou, dont le mari est employé chez Mme Ouarné, commerçante, 18, rue de Penfeld. en Lambézellec.

 

Lotrian était dissimulé dans une crèche.

Quand les gardes champêtres lui dirent qu'on le demandait au commissariat de police de Lambézellec, il ne fit aucune difficulté pour se rendre à la convocation.

 

Lotrian est titulaire d'une pension de 4.000 francs.

Il a, en effet, accompli cinq ans de service dans la marine, cinq ans dans l'armée coloniale et cinq ans dans la Légion étrangère.

Étant à la Légion, au Maroc, il se conduisit très bien, participant à de pénibles services de constructions de pistes et de ravitaillement.

 

M. Ménez, qui avait, la veille, interrogé les fillettes de la femme Le Gall, était en possession d'éléments suffisants pour obtenir des aveux de Lotrian.

 

Mis en présence de l'évidence, celui-ci ne fit d'ailleurs aucune difficulté pour dire la vérité.

Il se livrait à des actes immoraux sur la personne des deux fillettes de celle qui lui accordait une hospitalité probablement complice.

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Tonton Joseph

 

Les petites Yvonne Le Gall, 12 ans et demi, et Georgette, 8 ans, avaient déclaré à M. Ménez que Lotrian, qu'elles appelaient « Tonton Joseph », avait bien des fois abusé d'elles, en l'absence de leur mère.

Nous n'insisterons pas sur les scènes révoltantes qui purent alors avoir pour théâtre la pauvre maison de Poul-ar-Feunteun.

 

En raison de ces aveux, l'ancien légionnaire était arrêté, à 9 h. 30, par M. Ménez.

À la même heure, la femme Le Gall se présentait au commissariat et renouvelait ses précédentes déclarations.

Elle fut autorisée à retourner à son domicile pour l'heure du déjeuner, à condition de revenir à 14 h. 30, ce qu'elle fit.

 

Le mari de la femme Le Gall, garçon de ferme chez M. Cloarec, au Petit-Kérinou, en Lambézellec, est absolument hors de cause dans cette lamentable affaire.

Il ne venait à Poul-ar-Feunteun que le dimanche pour y apporter son salaire.

M. Le Gall est très bien considéré de tous ceux qui le connaissent et sa conduite est hors de tout soupçon.

 

Les braves gens

 

Le frère de Julie Le Gall, M. Cueff, demeurant à Traon-Quizac, en Lambézellec, ouvrier à l'arsenal, mutilé de guerre, ému par la détresse de ses deux nièces, vint les prendre hier à Poul-ar-Feunteun pour les héberger.

 

M. Cueff est, lui aussi, un homme au-dessus de tout reproche, et M. Ménez ne put que le féliciter de son initiative généreuse.

 

Hospitalisé

 

Quant au petit Jean Le Borgne, ainsi que nous le laissions prévoir, il a été, hier matin, transporté à l'hospice civil, sur ordonnance de M. Crenn, juge d'instruction.

 

Il est probable que le malheureux petit sera confié, plus tard, à l'Assistance publique.

 

Au Parquet

 

Julie Le Gall et Joseph Lotrian arrivaient au parquet de Brest à 16 h. 15, pour être interrogés par M. Crenn.

 

La mégère renouvela ses précédentes déclarations, prétendant, contre toute évidence, qu'elle avait fait son possible pour soigner le petit Le Borgne.

Que faisait-elle donc des 150 francs par mois versés par le père ?

« — Je lui donnais parfois, dit-elle, des pommes de terre crues ou du pain sec.

D'ailleurs, vous le savez, il mangeait ses propres excréments. »

 

La femme Le Gall n'a pas manifesté la moindre émotion lorsque le juge d'instruction la plaça sous mandat de dépôt pour mauvais traitements et manque de soins à enfant.

 

Quant à Lotrian, comme il l'avait fait devant M. Ménez, il reconnut, en présence de M. Crenn les faits odieux dont il s'était rendu coupable.

 

L'ancien légionnaire est d'ailleurs connu du tribunal de Brest, qui, pour un motif du même ordre, l'a déjà condamné à huit mois de prison.

 

Lotrian sera traduit en Cour d'assises sous la prévention d'attentat à la pudeur sans violences.

 

Il se pourrait que, après instruction, la femme Le Gall soit inculpée de complicité.

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Source : La Dépêche de Brest 27 janvier 1937

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Source : La Dépêche de Brest 17 mars 1937

 

On se souvient de cette affaire qui, au début de janvier, causa dans la région un vif émoi.

On venait de découvrir à Poul-ar-Feunteun en Lambézellec, un enfant de 6 ans qui vivait dans un état d'effroyable détresse.

 

Il s'agissait d'un malheureux petit infirme, placé en pension chez Julie Le Gall, elle-même mère de deux fillettes de 12 et 9 ans.

 

Aujourd'hui, Julie Le Gall est inculpée de privation d'aliments et de manque de soins à enfants.

 

Rappelons les faits :

M. Le Borgne, cantonnier, avait fait admettre à l'hospice son petit Jean, alors âgé de 3 ans et demi. Malheureusement, on lui demanda un jour de reprendre le petit être anormal.

 

C'est alors que M. Le Borgne eut l'idée de placer l'enfant chez Julie Le Gall, qui habitait d'ailleurs une maisonnette dont il est co-propriétaire.

M. Le Borgne versait 150 fr. chaque mois à la « gardienne ».

 

La pension fut régulièrement payée pendant 18 mois.

Le père faisait donc un effort important, si l’on songe à ses moyens.

 

Cependant, quand M. Menez, commissaire de police, fit son enquête, il découvrit quelque chose d'affreux :

L'enfant vivait dans une épouvantable misère.

Le petit Jean était recroquevillé sur un grabat composé de chiffons.

Il baignait littéralement dans ses excréments.

On fournit à l'audience des précisions sur lesquelles nous n'insisterons pas.

 

Ainsi une information fut ouverte par le parquet de Brest.

La femme Le Gall fut arrêtée, comme d'ailleurs l'homme qui vivait avec elle :

Joseph Lotrian, aujourd’hui inculpé d’un délit spécial qui sera évoqué en Cours d’assises.

 

L'INTERROGATOIRE

 

L'inculpée prend devant le tribunal une attitude plutôt agressive.

Elle ne semble pas d'ailleurs se faire une idée exacte de ses responsabilités.

 

M. de Lapeyre. — Vous priviez cet enfant de nourriture ?

Il mangeait souvent des pommes de terre crues.

 

Julie Le Gall. — Il mangeait ce que nous mangions :

des pommes de terre au lait, parfois de la viande.

Il fallait lui donner tout à la main, car il mangeait trop vite.

 

« S'il croquait parfois des pommes de terre crues, c'est qu'il portait à sa bouche tout ce qu'il était dans la possibilité de saisir. »

 

Ce qui est certain c'est que, pendant 18 mois, l'inculpée toucha 150 fr. par mois et qu'elle aurait certainement pu faire mieux, ne serait-ce qu'en ce qui concerne les soins de propreté les plus élémentaires.

 

M. de Lapeyre. — Couché dans ses excréments, l'enfant n'était habillé que d'une camisole pourrie.

 

La femme Le Gall affirme qu'elle ne pouvait faire plus.

— Jamais, dit-elle, on ne m'a fourni de draps.

 

M. de Lapeyre. — Ce qui est aussi certain, c'est que vos propres enfants étaient bien mieux entretenus.

 

« Il pleuvait à travers le plafond, sur l'infecte grabat réservé au petit infirme. »

 

Julie Le Gall. — Il pleuvait partout dans la maison...

 

Finalement, la prévenue reconnaît qu'elle « négligeait un peu » l'enfant confié à ses soins.

 

M. de Lapeyre conclut par cette juste remarque :

 

— À une époque où l'on invoque, très justement d'ailleurs, la protection de l'enfance, le tribunal ne peut que se montrer sévère à votre égard.

 

LES TÉMOINS

 

On entend d'abord M. Menez, commissaire de police de Lambézellec, qui procéda à l'enquête.

Il fait un tableau très évocateur de l'intérieur dans lequel vivait le petit infirme.

 

M. Menez déclare que, de toute évidence, les deux fillettes de Julie Le Gall étaient mieux soignées

que le petit Le Borgne.

Il précise que l'inculpée se livrait régulièrement à la boisson.

Cela sans doute n'est pas étranger aux faits qu'on lui reproche.

 

Le mari de Julie Le Gall est un brave homme, employé aux environs comme domestique agricole.

Il ne venait guère qu'une fois par semaine à Poul-ar-Feunteun... pour apporter l'argent qu'il avait gagné.

 

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Voici père du petit Jean, M. Pierre Le Borgne. Il vient expliquer dans quelles conditions il confia l'enfant à Julie Le Gall.

 

— J'allais, dit-il, tous les mois à Poul-ar-Feunteun.

Lors de mes premières visites je n'ai rien remarqué d'anormal.

Julie Le Gall savait quand je devais venir.

 

« Il y a six mois, j'ai remarqué que le petit Jean était plus mal.

Alors sa gardienne me répondit :

 « C'est une crise de vers. Ne vous inquiétez pas. »

 

« Quelquefois j'apportais des « affaires » pour l'enfant, mais Julie Le Gall me répondait :

« C'est beaucoup trop beau. »

 

M. Le Borgne a, comme nous l'avons dit, fait un effort pécuniaire important dont il était en droit d'espérer un meilleur résultat.

 

Aujourd'hui le petit Jean a été replacé à l'hospice.

 

M. le docteur Mignard, médecin expert, qui l'avait examiné au cours de l'enquête, avait constaté que l'enfant était depuis longtemps privé de soins et qu'il était dans un état de maigreur extrême.

Cependant il ne semblait pas avoir été l'objet de sévices caractérisés.

 

M. Durand, substitut du procureur de la République, prononce un réquisitoire très ferme.

Puis Me Gueydon présente avec habileté la défense de la prévenue.

 

A l'issue des débats, le tribunal se retire pour délibérer.

 

À la reprise de l'audience, il rend son jugement :

Julie Le Gall est condamnée à trois mois de prison.

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Source : La Dépêche de Brest 14 avril 1937

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