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1937

Mort suspecte d'un enfant de neuf mois
à Saint-Guénolé-Penmarc'h

 

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Source : La Dépêche de Brest 6 juillet 1937

 

Un drame horrible qui jette la consternation parmi toute la population s'est déroulé la nuit dernière à Saint-Guénolé.

 

Dans une petite maison du village de Ménez-Kervouil, sur la route qui conduit de Saint-Guénolé à la plage de Pors-Karn, habite un jeune ménage.

 

Elle, Germaine Diquélou, née Le Goff, 23 ans, est sans profession

Lui, marin-pêcheur, est actuellement en mer, du côté de Lorient.

 

De leur union naquit trois enfants qui furent toujours maltraités par leur mère.

L'un d'eux décéda en bas âge d'une mort suspecte pour ceux qui connaissent la femme Diquélou.

 

Dès cette époque les grands-parents prirent chez eux Germaine, âgée aujourd'hui de 4 ans, et Jacques, qui vient de mourir à l'âge de 9 mois.

 

Hier dimanche, étant allés à un enterrement, les grands-parents laissèrent les deux enfants chez leur mère.

Le soir, à leur retour, ils emmenèrent chez eux Germaine, mais laissèrent le petit Jacques chez leur mère, endormi dans son berceau.

 

Que se passa-t-il après leur départ ?

 

Ce matin, la femme Diquélou appela ses voisines, leur disant que son bébé était mort et leur demandant de faire sa toilette peur l'ensevelir.

 

Les voisines ayant enlevé la chemise du pauvre petit, virent qu'il était couvert traces de coups et que le bas du corps, rempli d'ecchymoses, était complètement ébouillanté.

Elles avertirent le docteur Jan, de Penmarch, qui conclut à une mort suspecte.

 

La gendarmerie de Pont-l'Abbé fut avisée et bientôt le chef de brigade Jaffray, les gendarmes Thomas et Abgrall arrivaient au domicile de la femme Diquélou, où les rejoignit l'adjudant de gendarmerie Capellan, de Quirnper.

 

Interrogée, la femme Diquélou déclara qu'elle ne savait pas ce qui s'était passé et qu'elle n'avait rien fait à son enfant.

Elle ne sortira pas de ce système de défense.

 

Une voisine déclare qu'elle entendit, vers 21 heures, le bébé pousser des cris.

Cela dura quelques minutes puis ce fut le silence complet.

De la première enquête il ressort que la femme Diquélou ne travaillait jamais, soignait mal ses enfants, les battait alors qu'ils n'avaient que quelques semaines.

De plus, elle se livre à la boisson et aurait, parait-il, des crises d'alcoolisme.

 

Est-ce au cours d'une de ces crises qu'elle a tué son enfant ?

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Dans son berceau le petit cadavre est horrible à voir.

Tout le bas du corps est violacé et boursoufflé.

Les yeux, ouverts, semblent implorer la pitié.

Ses bras sont croisés sur sa poitrine.

C'était un beau petit garçon, très bien constitué.

 

Il est probable qu'après l'avoir martyrisé, ébouillanté, la femme Diquélou l'a étouffé entre deux matelas pour qu'on n'entende pas ses cris, car ses deux matelas sont encore mouillés.

 

Elle dit n'avoir pas fait de feu dimanche.

Or, le fourneau contient des cendres très récentes.

 

La femme Diquélou a été conduite à la gendarmerie de Pont-l'Abbé, où elle sera gardée à vue toute la nuit.

 

L'autopsie du petit Jacques sera pratiquée mardi matin par le docteur Renault, médecin-légiste à Quimper.

 

Le parquet se rendra l'après-midi sur les lieux.

 

Devant la maison Diquélou, cinquante femmes et jeunes filles pleurent et prient.

La consternation est générale.

 

Indifférente, la femme Diquélou est passée au milieu de tout ce monde.

En quittant sa demeure elle n'a pas embrassé le cadavre de sa petite victime, de son enfant...

 

Est-elle complètement responsable ?

Les avis sont partagés à ce sujet.

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Source : La Dépêche de Brest 7 juillet 1937

 

Nous avons relaté hier la mort suspecte d'un bébé de neuf mois que sa mère aurait martyrisé, ébouillanté, étouffé.

 

Aujourd'hui, à la suite des enquêtes de la gendarmerie et du parquet de Quimper, en raison des résultats de l'autopsie, le crime n'est plus douteux et la mère criminelle est arrêtée.

 

Les faits, nous les rappellerons rapidement :

Au village de Ménez-Kervouil, sur la route qui conduit de Saint-Guénolé à la plage de Porz-Carn habite seule depuis quelque temps la femme Germaine Diquélou, née Le Goff, âgée de 23 ans.

 

Si depuis un certain nombre de mois elle habite seule, c'est parce que son mari, marin-pêcheur, actuellement sur un chalutier, le « Du Couédic », de Lorient, fuit sa maison où une femme paresseuse néglige son ménage, comme elle néglige ses enfants, refuse de travailler et se livre souvent à la boisson.

 

Cette femme eut trois enfants.

L'aînée, Germaine, 4 ans, est chez ses grands-parents Diquélou-Lamus, braves gens, qui l'ont recueillie en raison des mauvais traitements que lui infligeait sa mère, traitements dont elle a gardé le souvenir, et c'est pourquoi depuis le récent drame, la petite Germaine refuse de voir et de s'approcher de sa mère.

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Il y a deux ans, un autre enfant mourut subitement dans des conditions troublantes :

Un matin on le trouva mort près de sa mère.

Celle-ci prétendit qu'au cours d'une crise d'épilepsie, elle était tombée la nuit sur lui et l'avait étouffé.

 

Enfin, le petit Jacques, âgé de neuf mois, était gardé chez les grands-parents maternels ayant eu pitié du manque de soins que lui donnait sa mère et surtout parce qu'ils avaient remarqué sur le corps du pauvre gosse alors qu'il n'avait encore que six semaines, des traces de coups.

 

Donc la femme Diquélou vivait seule chez elle.

Hélas ! Dimanche dernier, le pauvre petit Jacques lui fut confié, puis on le laissa pour la nuit de dimanche à lundi dans son petit berceau, près du lit de sa mère...

 

Le lundi matin, il était mort !...

 

Cet enfant superbe, bien constitué, la veille en excellente santé, présentait alors de multiples traces de coups, tout le bas du corps était ébouillanté !...

 

Et quand ses voisines d'abord, puis le docteur, les gendarmes, les magistrats, lui demandent ce qui s'est passé ?...

Elle répond obstinément et répondra sans doute encore :

« Je ne sais rien.

J'ai donné à 9 h., à boire à mon petit, je me suis couchée, j'ai eu une crise, je ne sais plus rien ;

je n'ai rien fait à mon enfant !.. »

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Le parquet à Ménez-Kervouil

 

À 14 heures, le parquet de Quimper arrivait à la maison de la femme Diquélou.

 

Cette malheureuse, qui avait passé, sans dormir, la nuit à la gendarmer de Pont-l'Abbé, avait été ramenée chez elle ce matin.

 

MM. Désiry, substitut ; Moret, juge d'instruction ; Chicard, greffier; Goulaouic, interprète ;

l'adjudant Cabellan ; le chef de brigade de gendarmerie Jafffray, ne purent, pas plus aujourd'hui, qu'hier, obtenir de la femme Diquélou autre chose que :

« Je ne sais rien, j'ai eu une crise, je n'ai rien fait à mon enfant !... »

 

Une crise ?... Quel genre de crise ?...

 

C'est déjà, soi-disant au cours d'une crise qu'elle tua, il y a deux ans, un de ses enfants !...

Or, maintenant, après les renseignements recueillis, ce pauvre gosse, du même âge que le petit Jacques aurait été étranglé !

Mais alors on n'avait rien dit, c'était un accident !...

Tout au moins on voulait le croire ou le faire croire !...

 

Est-ce l'impunité pour ce premier crime qui a poussé la femme Diquélou à martyriser, à étouffer le petit Jacques pendant la nuit de dimanche à lundi ?

 

On le prétend aujourd'hui.

Paresseuse n'aimant pas ses enfants, délaissant son mari, négligeant son ménage, se livrant parfois à la boisson, cette femme, ayant pour une nuit près d'elle son petit, a-t-elle voulu se venger sur lui ?

S'en défaire ?...

 

Tout de sa part est possible, disent les gens qui la considèrent comme une femme foncièrement mauvaise et disent aussi ceux qui la jugent pour, en partie, irresponsable.

 

Ce qui est certain c'est que tous les renseignements recueillis sur elle, même dans sa famille, sont mauvais.

 

« Si elle a fait cela, et elle en est capable, elle n'avouera jamais ! » déclare un de ses proches parents.

 

À 16 heures, M. Désiry, substitut, nous dit que la femme Diquélou va être arrêtée sous l'inculpation d'homicide volontaire sur la personne de son enfant.

Elle sera ce soir transférée et écrouée à la prison de Quimper.

 

Ajoutons que la femme Diquélou sera sous peu examinée par des médecins aliénistes.

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Le résultat de l'autopsie

 

Ce matin, le docteur Renault, médecin légiste à Quimper, a procédé à l'autopsie du petit Jacques et a conclu à des brûlures, dont certaines au troisième degré, sur la partie inférieure du corps et en particulier sur la jambe droite.

 

Ces brûlures n'étaient pas suffisantes pour entraîner une mort aussi rapide, mais les poumons de l'enfant étaient pleins de sang, comme après étouffement.

 

Les matelas du berceau ont été saisis en vue d'examen.

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Les obsèques de la petite victime

 

À 15 h. 30 ont eu lieu les obsèques du pauvre petit Jacques.

De nombreux voisins et voisines suivaient le minuscule cercueil et des enfants portaient des fleurs.

On remarquait, conduite par sa grand' mère, la gentille Germaine Diquélou, qui refusa, une fois de plus, d'aller voir sa mère avant son départ.

 

Dans tout le pays de Penmarch l'émotion est considérable.

 

Nous adressons au malheureux papa et à toute sa famille nos condoléances émues.

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