1937
L'étrange personnalité
d'Olymphe Quillot
Source : La Dépêche de Brest 17 décembre 1937
(Deux orthographes de patronyme – Quilliot & Quillot)
En juin 1935, une certaine somme d'argent et un titre de rente au porteur de 1918, à 4 %, étaient dérobés dans des circonstances mal établies, chez Mmes Eugénie Roudaut et Marie-Anne Cam demeurant rue Ambroise Thomas à Brest.
Aussitôt après le vol, une opposition fut mise sur le titre en question.
Or celui-ci fut présenté en novembre 1936 a une agence de la Société générale, 112, avenue Klébert, à Paris.
Le fait ne fut pas sans retenir l'attention des employés de la maison.
Une enquête fut alors ouverte.
Elle devait porter ses fruits et amener l’inculpation d'une femme, sur le passé de laquelle la justice ne possède encore que des renseignements bien sommaires.
Un curieux marché
Le titre volé avait été, ainsi que l'affirment deux témoins, remis à M. C… demeurant à Brest, en nantissement d'un emprunt de 20.000 francs.
Ce dépôt était en soi parfaitement normal, puisque M. C... ignorait l'origine du titre.
Il fut possible de recueillir les éléments suffisants pour avoir la conviction que le titre remis en garantie avait été offert par Olymphe Quillot, dont le passé était assez trouble.
De nouvelles investigations furent entreprises, qui devaient permettre de faire des constatations pour le moins étranges.
Olymphe Quillot avait été arrêtée le 12 octobre dernier, à Paris, pour un autre délit.
Elle fut transférée par la suite à la prison du Bouguen, pour être mise à la disposition de M. Crenn, juge d'instruction, qui l'inculpa de recel, sans doute en attendant des charges plus précises.
La présence à Brest d'Olymphe Quillot retient l'attention des enquêteurs, et il est possible que cette affaire soit appelée à prendre plus d'extension.
Olymphe Quillot, qui appartient d'ailleurs à une famille très honorable, assure qu'elle n'a pas contracté d'emprunt auprès de M. C...;
elle déclare aussi qu'elle ne lui a pas remis le titre de rente dont le vol a motivé des poursuites.
Cependant, la prévenue ne cherche pas à dissimuler qu'elle a été en relation d'affaires avec M. C...
Elle explique en effet qu'elle lui acheta pour 7.000 francs de bijoux.
À l'en croire, il est question de trois bagues, qu'elle revendit par la suite, 1.000 francs, 700 francs et 110 francs.
On ne comprend pas très bien pourquoi une aussi mauvaise affaire aurait été faite.
Olymphe Quillot a expliqué le fait, en assurant qu'elle avait alors un besoin urgent de se procurer du mobilier pour s'installer à Paris.
Cela n'a pas été sans paraître curieux
Histoires de guerre
Olymphe Quillot, dont le casier judiciaire est très chargé, fut appelée à fournir des précisions sur son passé.
Au début de la guerre, en 1914, elle suivit comme infirmière le 43e R. I., de Lille.
Avec ce régiment elle prit part à la campagne de Belgique, puis fut faite prisonnière à Dinant.
La jeune femme vécut alors en captivité à Cologne et dans plusieurs autres camps de concentration.
En 1916, elle fut dirigée sur la Suisse, d'où elle rentra en France.
L'ex-infirmière se fixa à Saint-Julien-en-Genevois (Haute-Savoie).
C'est alors que son activité devint inquiétante.
Elle se livra à la fraude et commit de nombreuses escroqueries.
Son casier judiciaire est si chargé, qu'il s'orne maintenant d'une condamnation à 20 ans d'interdiction de séjour.
Olymphe Quillion vivait à Paris sous un faux nom : Elle se faisait appeler Louise Biache.
Les services de la sûreté finirent par l'identifier et elle fut arrêtée, alors qu'elle était l'objet d'une condamnation à six mois de prison pour vol, prononcée par les juges d'une chambre correctionnelle de Paris.
Ainsi que nous l'avons dit, Olymphe Quillot est aujourd'hui à la prison du Bouguen, et il est très possible que l'instruction à laquelle procède M. Crenn, soit fertile en surprises.
Source : La Dépêche de Brest 9 avril 1938
De nombreuses fois condamnée pour vols et escroqueries. Olympe Quillot, comparaît à l'âge de 60 ans devant le tribunal pour répondre cette fois du délit de recel.
L'origine de cette affaire remonte au mois de juin 1936, époque à laquelle, Mlle Roudot, âgée alors de 74 ans et décédée depuis, fut dévalisée des économies qu'elle portait toujours sur elle, dans un portefeuille, renfermé dans une sacoche
Le lieu où fut commis le méfait ne put être situé exactement.
Un bon de la défense de 1.000 francs et un titre de rente 4 % 1918, d'une valeur de 25.000 francs, avaient été dérobés par une professionnelle du vol à la tire, une nommée Coste, au casier judiciaire lourdement chargé.
Le titre fut ensuite remis à la femme Quillot qui essaya vainement de le négocier.
Frappé d'opposition, il fut découvert dans une banque parisienne où il avait été déposé par un nommé Castella.
Ce dernier, interrogé, fit connaître qu'il avait reçu le titre d'une dame Bourgeois, en garantie d'un prêt de 20.000 francs.
Or, l'enquête établit que la dame Bourgeois n'était autre que Olympe Quillot, fort connue des tribunaux.
Arrêtée, la receleuse fut incarcérée au Bouguen au mois d'octobre dernier, alors qu'un supplément d'information était ordonné.
Olympe Quillot prétend qu'elle ignorait la provenance frauduleuse du titre que lui avait remis la femme Coste.
Me Le Goc plaide pour l'inculpée qui s'entend condamner a huit mois de prison.
Le tribunal ajoute à cette peine vingt ans d'interdiction de séjour.