1937
Une tentative de meurtre
à Sibiril
Source : La Dépêche de Brest 12 janvier 1937
Le nommé Camille Jar, 39 ans, célibataire, originaire de Cléder, domestique agricole, est au service de M. Jean Joly, cultivateur au Budou, en Sibiril, depuis un an.
C'était un assez bon travailleur, mais de caractère très renfermé.
Atteint de surdité très prononcée, cette infirmité l'a rendu plus taciturne encore.
Quand il a bu, il passe pour violent et dangereux.
Dimanche soir, vers 21 h. 30, M. Joly jouait aux dominos, chez lui, en compagnie de deux amis :
MM. Jean Mével, 28 ans, cultivateur à Kerellou, en Sibiril, et Jean Reungoat, 26 ans, cultivateur à Keringar, en Sibiril également.
Survint Jar, le domestique, qui se trouvait légèrement éméché.
Il s'en prit sans motif à M. Reungoat, qu'il n'aime pas.
À noter que Jar, qui était orphelin, a été élevé par les beaux-parents de M. Reungoat.
Le patron, M. Joly, invita le domestique à se taire et à aller se coucher, Jar sortit et rentra, une minute après, armé d'une fourche en menaçant, en criant :
« Haut les mains ! ».
Tout le monde se leva et M. Joly se jeta sur Jar pour le désarmer.
Voyant cela, celui-ci lança sa fourche devant lui, dans la direction de MM. Mevel et Reungoat.
M. Mével mit sa main devant sa figure pour parer le coup et bien lui en prit, car un doigt de la fourche l'atteignit à la paume.
Les trois hommes parvinrent, non sans peine, à maîtriser le forcené, qu’ils ligotèrent, pour plus de sûreté.
Avisé, M. Bervas, maire de Sibiril, arrivait aussitôt sur les lieux et téléphonait à la brigade de gendarmerie de de Saint-Pol-de-Léon
Jar ne manifesta aucun regret de son acte.
Il répondit même a ceux qui l’entouraient :
« Je ne regrette pas, je me suiciderai un jour, mais avant de le faire, peut-être que plusieurs de ceux qui sont ici passeront avant moi, car j’espère leur régler leur compte »
Peu après deux gendarmes, arrivaient et conduisaient l'homme à la chambre de sûreté de la brigade.
Mis en état d'arrestation.
Jar sera conduit ce matin devant M. le procureur de la République, à Morlaix.
À noter que Jar a déjà été condamné à deux mois de prison par le tribunal correctionnel de Reims, pour coups et blessures.
C'est plutôt par crainte de représailles que M. Joly le gardait à son service.
Source : La Dépêche de Brest 12 janvier 1937
La Dépêche de Brest a relaté hier dans quelles circonstances le nommé Camille Jar, 39 ans, domestique agricole chez M. Jean Joly, cultivateur au Budou, en Sibiril, avait, dimanche, dans la soirée, blessé à la paume de la main d'un coup de fourche, M. Jean Mével, cultivateur à Kerellou, en Sibiril.
On sait comment Jar fut appréhendé par les gendarmes de la brigade de St-Pol-de-Léon.
Déféré hier matin au parquet de Morlaix, il a été interrogé par M. Rosec, juge d'instruction.
Cet interrogatoire ne fut pas des plus faciles, étant donné que Jar est atteint de surdité très prononcée.
Alors que MM. Mével, Reungoat, cultivateur à Keringar, et Joly, affirment qu'ils jouaient ensemble aux dominos chez ce dernier, quand vers 20 h. 30 Jar, qui était éméché, chercha querelle à M. Reungoat, le coupable a présenté une autre version de la scène.
D'après Jar, en effet, il serait entré chez M. Joly vers 19 heures.
Bien qu'ayant bu un peu, il ne se trouvait pas en état d'ivresse.
Son patron, M. Joly, ainsi que MM. Mével et Reungoat, seraient entrés après lui.
À ce moment, M. Reungoat lui aurait adressé à l'oreille des paroles désagréables que MM. Joly et Mével n'auraient sans doute pas entendues, et dont il ne se souvient plus.
Ces explications semblent, à première vue, assez fantaisistes.
Toujours est-il que Jar aurait répondu à M. Reungoat et que les trois hommes se seraient jetés sur lui et l'auraient frappé.
Étant sorti peu après, Jar serait revenu, armé d'une fourche, et l'aurait lancée vers M. Mével, avec l'intention de le blesser, mais non pas de le tuer.
MM. Joly et Reungoat auraient alors administré une correction à Jar et l'auraient ligoté en attendant l'arrivée des gendarmes.
Voici, dans ses grandes lignes, la déposition de Jar, qui cherche à amoindrir, comme il peut, la gravité de son geste.
M. Rosec, en tout cas, l'a inculpé de coups et blessures volontaires et l'a placé sous mandat de dépôt.
Jar a été conduit, par les gendarmes de Morlaix, à la maison d'arrêt du Bouguen, à Brest, où il a été écroué.
Source : La Dépêche de Brest 6 février 1937
L'affaire de coups volontaires de Sibiril
Le 10 janvier 1937, vers 21 h. 30, M. Jean Joly, cultivateur au Budou, en Sibiril, jouait aux dominos, chez lui, en compagnie de deux amis, MM. Jean Mével, 28 ans, cultivateur à Kerellou, en Sibiril, et Jean Reungoat, 26 ans, cultivateur à Keringar, en Sibiril.
À ce moment arriva le nommé Camille Jar, 39 ans, célibataire, originaire de Cléder, domestique agricole au service de M. Joly.
Jar est plutôt bon travailleur, mais de caractère très renfermé.
Il est atteint de surdité très prononcée, qui le rend plus taciturne encore.
Il passe pour violent lorsqu'il a bu.
Toujours est-il que Jar chercha querelle à M. Reungoat.
M. Joly invita son domestique, qui paraissait éméché, à se taire et à aller se coucher.
Jar sortit, mais revint une minute après, armé d'une fourche, qu'il brandit, menaçant, en criant :
« Haut les mains ! »
Tout le monde se leva et M. Joly se jeta sur Jar pour le désarmer.
Voyant cela, celui-ci lança sa fourche devant lui, dans la direction de MM. Mével et Reungoat.
M. Mével mit sa main devant sa figure pour parer le coup.
Un doigt de la fourche l'atteignit alors à la paume.
Les trois hommes parvinrent, non sans peine, à maîtriser Jar et à le ligoter.
Jar les menaça encore, mais les gendarmes de Saint-Pol-de-Léon, prévenus, arrivèrent sur les lieux et conduisirent l'irascible domestique agricole à la chambre de sûreté de leur caserne en attendant de le déférer au parquet de Morlaix.
Jar a présenté à l'instruction une autre version de la scène.
Il reconnaît que le 10 janvier il avait bu un peu, mais il affirme qu'il n'était pas en état d'ivresse.
Il prétend être arrivé le premier chez M. Joly.
Ce dernier, ainsi que MM. Reungoat et Mével, l'auraient insulté et menacé en rentrant.
Il serait alors sorti, aurait pris une fourche dans la cour et l'aurait lancée vers M. Mével dans l'intention de le blesser, mais non pas de le tuer.
Camille Jar fut inculpé de coups volontaires.
Il est condamné à huit jours de prison et devra faire les deux mois de prison qui lui avaient été infligés à Reims avec sursis en 1932.