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1939

Au Huelgoat
Un énergumène abat son adversaire
de 3 coups de Révolver

 

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Source : La Dépêche de Brest 10 août 1939

 

Les fêtes de Huelgoat qui, pendant quatre jours, avaient obtenu un gros succès s'achevaient lundi par des courses de chevaux et de bicyclettes.

Elles avaient attiré une foule de touristes et d'habitants des communes environnantes.

 

Le soir, pendant que de nombreux curieux se pressaient autour des diverses attractions foraines : manèges, autodromes, tirs et loteries, la jeunesse du pays et des environs envahissait la salle Kerlogot où avait lieu un bal.

 

C'est là qu'une discussion surgit entre jeunes gens pour un motif futile.

Elle dégénéra en rixe, au cours de laquelle, un musicien, habitant Le Cloître-Saint-Thégonnec, sortit son revolver et abattit de trois balles un de ses adversaires, Germain-Marie Germain, employé dans un établissement forain.

 

Au bal

 

M. Albert Rivier, fils d'un commerçant très honorablement connu au Huelgoat, s'était rendu au bal Kerlogot.

Il prenait une consommation avec une jeune fille qui avait quitté sa place pour danser.

 

Cinq ou six jeunes gens, venus en auto du Cloître-Saint-Thégonnec, paraissant légèrement pris de boisson, pénétrèrent dans le bal et voulurent prendre la chaise restée libre.

 

M. Albert Rivier s'y opposa, tentant d'expliquer aux nouveaux arrivants que la place était retenue.

 

Il y eut une altercation.

M. Albert Rivier fut invité à sortir pour « s'expliquer ».

La danse était terminée, la demoiselle regagnait sa place.

M. Rivier reprit sa chaise, fut en butte aux menaces des jeunes gens, mais le calme sembla renaitre.

 

Vers 1 h. 30 du matin, les haut-parleurs des établissements forains se turent.

Quelques instants après, M. Albert Rivier quitta le bal pour reconduire chez elle sa cavalière.

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Guet-apens

 

Mais les cinq jeunes gens l'avaient précédé et attendaient M. Rivier à l'angle des rues des Cieux et de Brest.

 

La dispute reprit.

Seul contre cinq ou six assaillants, M. Albert Rivier se réfugia l'immeuble de la boucherie Ritz, toute proche.

 

Un forain qui avait assisté à la scène s'offrit à conduire à son domicile la jeune fille apeurée et M. Rivier parvint, non sans peine, poursuivi par ses assaillants, à gagner à travers les roulottes, la porte de la maison de son père, donnant du côté du lac, et à rentrer chez lui.

 

Dans la rue, les cinq ou six énergumènes poussaient des cris :

« Sors donc, si tu n'es pas un lâche ! », hurlaient-ils.

 

M. Rivier père s'était levé.

De sa fenêtre, il interpella les jeunes gens, leur enjoignant de s'en aller et de laisser dormir en paix les gens paisibles.

 

Au bout de quelques minutes, les agresseurs se décidèrent à quitter les lieux et remontaient la rue de Brest, quand, devant le magasin de cycles Cornic, ils se heurtèrent à un groupe d'employés du manège Kauffmann, alertés par un de leur camarade qui avait vu la scène et venaient au secours d'un homme seul contre plusieurs assaillants.

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Le meurtre

 

Il y eut là un premier accrochage, un échange d'injures et de coups, les cinq agresseurs de M. Rivier reculèrent.

 

L'un d'eux, Émile Beuzit, croyant avoir vu un des forains s'armer d'un couteau, sortit un revolver et tira un coup en l'air.

 

Puis à reculons, le bras tendu, braquant son arme dans la direction de ses agresseurs, il se dirigea vers le lac, tira encore deux balles sans atteindre personne et continua à reculer.

 

Rendu furieux, dira un témoin, Germain-Marie Germain s'avança seul vers Beuzit, dans l'intention peut-être de le désarmer, mais celui-ci appuya sur la gâchette à deux reprises et, atteint, par deux projectiles, Germain fit encore une quinzaine de mètres et avant de tomber reçut dans l'épaule gauche une troisième balle et s'effondra.

Il était mort.

 

Les compagnons de Beuzit avaient pris la fuite.

Beuzit avait aussi tenté de prendre le large, mais empoigné par les camarades de la victime, il fut roué de coups et maintenu vigoureusement, en attendant l'arrivée des gendarmes, alertés par téléphone par M. Rivier père qui, entendant les coups de feu, avait, de sa fenêtre, assisté à la fin de la scène tragique.

 

Le corps de la victime fut porté sur le bas-côté de la route.

Les gendarmes arrivaient dès 2 h. 30 et arrêtaient le meurtrier qui, la figure en sang, au milieu de haies de curieux, attirés par les coups de feu, fut conduit à la gendarmerie, où il passa des aveux, reconnaissant qu'il avait tiré trois coups de revolver.

 

Fouillé, le meurtrier fut trouvé porteur d'un portefeuille contenant 61 fr. 80, un permis de conduire, un briquet et une petite cuiller à café et un cendrier en métal qu'il reconnut avoir dérobés dans un café.

 

— Qu'avez-vous fait du revolver, lui demanda le maréchal-des-logis-chef Lannurien.

— Je l'ai Jeté dans le fourré au-dessus du talus, près duquel avait été transporté le cadavre.

 

Le gendarme Tanguy trouvait, en effet, à l'endroit indiqué, un pistolet automatique 6 m/m 35, marque Unique, dont le chargeur était vide.

 

— Combien avez-vous tiré de balles ?

— Trois, je crois, répondit le meurtrier, le chargeur n'était pas plein, mais je ne sais pas combien il contenait de projectiles.

— Votre profession ?

— Je suis musicien.

Je joue de l'accordéon dans les noces des environs du Cloître-Saint-Thégonnec où j'habite et suis né le 23 Juillet 1908.

Je suis marié, père de deux enfants et J'en attends un troisième.

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La victime

 

Pendant que se poursuivait l'interrogatoire du meurtrier, M. Le Delliou, secrétaire de mairie, avait prévenu M. Le Dillasser, maire du Huelgoat qui, avec le docteur Jacq, constatèrent le décès de Germain.

 

Le corps fut transporté dans une salle de la mairie.

 

Germain-Marie Germain était né le 4 novembre 1904 à Saint-Malo.

Il s'était marié à Guingamp le 17 mars 1927, mais était divorcé.

Exerçant la profession de manœuvre dans le manège forain de M. Kauffmann, il n'avait pas de domicile fixe.

Son patron a donné sur lui de bons renseignements.

 

Germain était rentré en France depuis quelques mois.

Il avait, pendant plus de deux ans, servi dans les brigades internationales républicaines pendant la guerre d'Espagne et participé à des batailles autour de Madrid.

 

Le parquet

 

À 14 h. 30 le parquet de Châteaulin, composé de MM. Caudan, juge d'instruction ; Fievet, juge suppléant ; Goasguen, greffier en chef du tribunal ; Le Goff, secrétaire du parquet, accompagné du capitaine Le Cam, commandant la gendarmerie de l'arrondissement de Châteaulin et du docteur Andrieux, médecin-légiste de Carhaix, arrivait au Huelgoat.

 

L'autopsie

 

Le docteur Andrieux procédait, en présence du parquet, à l’autopsie de la victime.

 

Une balle avait traversé le poumon droit, une deuxième le cœur et la troisième avait fait une blessure en séton à l'épaule gauche.

 

Le médecin-légiste a constaté que les deux premières balles avaient pénétré de bas en haut et avaient toutes deux provoqué des blessures mortelles.

Il suppose que la troisième a atteint la victime à l'épaule gauche alors qu'il était fortement penché en avant, peut-être effondré.

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L'interrogatoire du meurtrier

 

M. Caudan a procédé à la gendarmerie à l'interrogatoire du meurtrier.

 

Vêtu d'un veston gris à rayures blanches et d'un pantalon de toile blanche, un foulard bleu de roi au cou, ses grands cheveux bruns en broussaille, les yeux au beurre noir, Beuzit répond d'une voix ferme aux questions qui lui sont posées :

 

J'ai quitté mon domicile avec trois amis, lundi à 13 heures, dans ma petite Rosengart pour venir assister aux courses cyclistes des fêtes de Huelgoat.

 

Mes compagnons étaient :

Jean Dilasser, chauffeur d’autos à Brest ;

Louis Meudec, chauffeur d'autos à Paris et Ernest Beuzit, sergent an 5e R.I. à Courbevole, en permission, portant le même nom, mais sans aucun lien de parenté avec moi.

 

Vers 22 h. 30, nous nous rendîmes au bal salle Herlogot.

À minuit 30, mon camarade Dilasser s'assit sur une chaise.

Un jeune homme le pria de s'en aller.

 

J'ai calmé Dilasser.

Un peu plus tard, nous avons quitté le bal et sommes allés au carrefour de la Poste, à 150 mètres du bal, pour attendre, tous quatre, le jeune homme qui avait pris Dilasser à part.

 

Un quart d'heure après, il arrivait avec une jeune fille.

Quand il passa à notre hauteur, Dilasser lui a demandé :

 

— Te crois-tu toujours aussi fort que tout à l'heure ?

 

Le jeune homme — Albert Rivier — s'arrêta ; mes camarades s'avancèrent.

Meudec tenta de le frapper mais n'y parvint pas.

Rivier se sauva par la place Aristide Briand.

 

Quelques instants après, un groupe de 6 à 7 hommes vint vers nous.

Sans dire un mot, l'un porta un violent coup de poing à Dilasser.

Suivi de Meudec, je me sauvai dans la direction de l'hôtel du Lac, poursuivis par la bande.

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Entouré par six hommes, voyant briller un objet que je pris pour un couteau dans la main de l'un d'eux, alors que les autres lui criaient :

« Vas-y ! ».

J'ai craint pour ma vie.

J'ai pris dans mon veston mon revolver et ai tiré en l'air.

 

Comme ils continuaient à me cerner, j'ai tiré deux autres coups dans la direction de celui que Je croyais armé d'un couteau.

 

Puis je suis parti en courant rue de Brest, poursuivi par mon adversaire.

J'ai encore tiré.

Il a fait quelques pas et est tombé.

 

Les autres me sont tombés dessus et m'ont frappé à coups de poing et de pied.

Vous voyez dans quel état ils m'ont mis.

 

J'ai appelé au secours.

Plusieurs personnes sont arrivées, ils ont cessé de me frapper.

J'ai jeté mon arme dans le fourré.

 

— Pourquoi aviez-vous sur vous ce revolver ?

— Je l'ai acheté à Morlaix, il y a 4 ans.

Je ne connaissais pas les hommes qui m'ont poursuivi.

Je regrette sincèrement mon acte.

Si je n'avais craint pour ma vie, je n'aurais pas tiré.

Je n'étais pas ivre, mes camarades non plus.

 

Dans la voiture du meurtrier on a trouvé des serviettes et divers objets dérobés dans les cafés ou restaurants que ses compagnons ont reconnu avoir pris.

 

Les gendarmes du Huelgoat, le chef de brigade Lannurien et les gendarmes Tanguy, Le Meur, Le Bris et Diligeart ont retrouvé, avec l'aide de gamins, les douilles tirées.

 

Il sera procédé aujourd'hui à l'interrogatoire des forains qui accompagnaient Germain.

Le Dilasser a été prié de se tenir à la disposition de la justice et, inculpé de meurtre, Émile Beuzit sera conduit aujourd'hui à la prison de Quimper.

 

*

**

 

Source : La Dépêche de Brest 11 août 1939

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Source : La Dépêche de Brest 12 août 1939

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Source : La Dépêche de Brest 25 août 1939

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Source : La Dépêche de Brest 22 septembre 1939

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Source : La Dépêche de Brest 18 avril 1940

 

La Cour juge aujourd'hui Émile Beuzit, musicien, inculpé d'homicide volontaire.

M. Ricaud, conseiller à la cour d'appel de Rennes, préside, assisté de MM. Le Bourdellès et Le Zant, juges au siège.

À 13 h. 15, Me Le Rumeur, greffier-chef, donne lecture de l'acte d'accusation,

 

L'ACTE D'ACCUSATION

 

Le 8 août 1939, Émile Beuzit, 31 ans, musicien, domicilié au Cloitre-Saint-Thégonnec, accompagné de trois de ses camarades :

Jean Dilasser, Louis Meudec, Ernest Beuzit, vint au Huelgoat au début de l'après-midi, à l'effet d'assister à des courses cyclistes.

Dans la soirée, Ils se rendirent tous quatre au bal des courses, salle Kerlogot.

 

Vers minuit 30, une discussion s'élevait entre Dilasser et un nommé Rivier, à propos d'une chaise prise par Dilasser pendant que Rivier dansait.

Malgré les justes remarques de ce dernier, Dilasser ne consentait à lui rendre sa chaise qu'après avoir été soulevé et secoué par lui.

Ce banal incident serait demeuré sans suite si Dilasser, irrité et vexé d'avoir été bousculé par Rivier, n'avait, à la sortie du bal, proposé à ses camarades d'aller attendre Rivier au carrefour de la Poste pour se venger de lui en le frappant au cas où celui-ci viendrait à y passer.

 

Un quart d'heure plus tard, vers 1 h. 40, Rivier reconduisait chez elle sa cavalière, une demoiselle Rohou.

Il arrivait au carrefour lorsque Dilasser l'arrêta et l'interpella en le traitant de « Parisien croix de feu, grand fainéant ».

Il lui demanda s'il était toujours aussi « crâneur » qu'au bal.

 

Alors que Meudec tentait de porter à Rivier un coup de pied aux parties, celui-ci parvenait à s'enfuir en courant et à échapper à ses agresseurs qui le poursuivirent en se dissimulant derrière des baraques foraines.

 

Dix minutes plus tard, le sieur Person, passant au carrefour de la Poste pour rentrer à son domicile, se retrouva encore en présence des quatre agresseurs de Rivier, revenus eux aussi à ce carrefour.

Il leur reprocha de s'être attaqués à un homme qui ne leur disait rien.

Dilasser lui répondit en s'avançant d'un air menaçant vers lui :

« Si tu n'es pas content on va te faire ton affaire ».

Devant cette menace Person, craignant d'être frappé, porta un coup de poing à son agresseur.

 

Un groupe de forains, amis de Person, arriva à ce moment sur les lieux.

Ils prirent, parti pour lui.

Dilasser, Meudec, Ernest Beuzit et Émile Beuzit se sauvèrent alors par la rue de Brest vers le carrefour du Lac.

Émile Beuzit, qui fermait la marche, se sentant sur le point d'être rejoint par le sieur Germain, se retourna vers son poursuivant et, croyant avoir remarqué un couteau dans la main droite de ce dernier, il le somma de s'arrêter :

« Si tu m'approches, je tire et je te descends ».

Germain ne répondit rien et continua à avancer.

Émile Beuzit sortit alors de la poche intérieure de son veston un pistolet automatique du calibre 6 m/m 35.

 

À la hauteur de la maison Dornic, il tira en l'air un premier coup de pistolet, dont la balle ricocha sur le toit.

 

Sans prononcer un mot, Germain, qui se trouvait à une dizaine de mètres de Beuzit à ce moment, continuait d'avancer, tandis que Beuzit reculait en direction de l'hôtel du Lac.

 

Beuzit tira alors successivement et presque à bout portant cinq autres coups de pistolet, l'arme dirigée vers Germain :

l'un à la hauteur de l'hôtel du Lac, deux autres après avoir dépassé l'hôtel ;

les deux derniers entre le garage Jourdain et la maison Rivier, à près de 150 mètres du carrefour de la Poste.

 

Germain s'écroula après les deux derniers coups et mourut presque aussitôt.

 

Le meurtrier jeta alors son arme dans le fossé de la route, se mit à genoux près de sa victime et lui demanda pardon, disant :

« Excusez-moi, je n'ai pas fait exprès ».

 

Sans être en état d'ivresse au moment des faits, Émile Beuzit, d'après ses propres déclarations, se trouvait sous l'influence de la boisson.

 

L'autopsie de Germain, pratiquée le 9 août par le docteur Andrieux, médecin légiste, a établi que la victime avait été atteinte de trois balles tirées à des distances variant entre 50 centimètres et trois mètres.

La mort est due à une hémorragie foudroyante, consécutive à deux plaies pénétrantes par balles, toutes deux mortelles :

l'une dans le poumon droit, l'autre dans l'oreillette gauche du cœur.

 

Beuzit ne connaissait pas sa victime avant le crime.

Il croyait Germain armé d'un couteau.

 

Le voyant s'obstiner à le poursuivre sans prononcer un mot malgré ses avertissements, il a craint pour sa propre vie et a fait feu sur lui.

Or, les gendarmes ayant fouillé les vêtements de la victime, ont découvert dans la poche de son veston un couteau ferme.

 

Aucune condamnation ne figure au casier judiciaire de Beuzit.

 

Les renseignements recueillis sur lui sont bons.

Bien que nerveux lorsqu'il est pris de boisson, ce qui ne lui arrive que très occasionnellement, il est réputé bon père de famille.

Sa conduite et sa moralité sont excellentes.

 

Examiné au point de vue mental par le docteur Pérussel, médecin aliéniste, il a été entièrement reconnu responsable de ses actes.

 

Au point de vue militaire, il a été classé « exempté abcès froid » par le conseil de révision de la classe 1928.

 

En conséquence, Beuzit est accusé :

1° D'avoir, au Huelgoat, le 9 août 1939, volontairement donné la mort au sieur Germain;

2° D'avoir, dans les mêmes circonstances, été trouvé porteur, hors de son domicile, d'un pistolet automatique, arme prohibée.

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L’INTERROGATOIRE

 

Émile Beuzit produit une bonne impression.

Issu d'une famille honorable, il est père de trois enfants âgés de six ans, de cinq ans et de trois mois.

Les renseignements recueillis sur lui sont excellents.

 

Beuzit reconnaît les faits qui lui sont reprochés ;

il les regrette très sincèrement et déclare qu'il a agi en se croyant en état de légitime défense.

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LES TÉMOINS

 

Le docteur Jacques Andrieux, de Carhaix, qui a fait l'autopsie de Germain, a constaté l'orifice de trois projectiles 16 millimètres de diamètre, mais il a remarqué aucune trace de brûlure.

 

Une balle a pénétré dans le poumon droit, une autre a traversé la partie gauche du cœur, produisant une hémorragie foudroyante, et une troisième a été retrouvée dans les muscles de l'épaule gauche.

 

Ces balles auraient été tirées entre 50 centimètres et 3 mètres.

Deux d'entre elles devaient être mortelles.

 

M. Albert Rivier, commerçant au Huelgoat, se trouvait au bal, où il a été interpellé et a évité un coup que voulut lui porter Dilasser.

 

Sur la route, il a été entouré par un groupe d'individus et l'un d'eux a fait le geste suspect de sortir un revolver de sa poche ;

il ne peut toutefois affirmer que c'est Beuzit qui a fait ce geste.

Il est alors rentré rapidement chez lui et n'a pas assisté à la scène du meurtre, mais il a entendu des coups de feu.

 

M. François Person, couvreur à Ploujean-Morlaix, déclare que le soir, après le bal, il a trouvé sur la route deux groupes de jeunes gens qui se disputaient.

Il a vu des forains s'approcher d'un individu et, un instant après, il a entendu des coups de feu.

 

M. Jean Louis Dilasser, chauffeur d'autos à Saint-Pierre-Quilbignon, avoue qu'au bal il avait un peu bu.

Il a été bousculé à la suite d'une légère discussion avec Rivier.

Le témoin donne de bons renseignements sur Beuzit.

 

Après une remarque assez sévère de Me Alizon, il déclare regretter d'avoir été la cause involontaire du drame.

 

Mlle Jeanne Rohan (*), étudiante à Poullaouen, en Carhaix, était au bal et dansait avec Rivier quand elle a entendu une discussion au sujet d'une chaise qui avait était enlevée à sa table et qui fut remise à sa place par Beuzit.

Elle ignore ce qui s'est passé à la sortie du bal et n'a connu le drame que le lendemain.

(*) Deux orthographes : Rohan et Rohou

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LE VERDICT

 

Après un réquisitoire de Me Brouard, procureur de la république, Me Alizon, l'éminent avocat du barreau de Quimper prononce une vibrante plaidoirie et démontre que son client était en état de légitime défense lorsqu'il a tiré sur Germain.

 

Émile Beuzit est acquitté.

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