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1939

Le violent énergumène
de Porspoder

 

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Source : La Dépêche de Brest 25 juin 1939

 

Vendredi, vers 17 h. 30, Mme Cloatre, secrétaire de la mairie de Porspoder, alertait la brigade de gendarmerie pour la mettre au courant des agissements de François Bizien, 24 ans, charpentier, qui cassait tout au domicile de sa mère, Mme veuve Bizien, commerçante au lieu-dit « Gratz », en Porspoder.

 

Le chef de brigade Creff et le gendarme Grannec à leur arrivée sur les lieux remarquèrent une foule de curieux autour de la maison, dont les carreaux des fenêtres avaient été brisés.

Un désordre indescriptible régnait à l'intérieur de l'habitation et le rez-de-chaussée, servant de commerce d'épicerie et de beurre, avait été complètement saccagé.

 

Tous les objets mobiliers et le matériel gisaient à terre, détériorés ou brisés.

 

À un certain moment, les gendarmes, qui n'avaient pu pénétrer dans la maison, aperçurent Bizien à la lucarne du grenier.

 

Les représentants de la force publique ayant invité le jeune homme à descendre, ce dernier répondit par des injures et lança des débris de verre dans la direction du gendarme Grannec.

 

— Vous ne m'aurez pas vivant, ou d'autres passeront avant moi ! Vociféra l'énergumène.

 

Quelque temps plus tard, Mme Bizien, qui s'était rendue à Brest, arriva.

En apercevant l'état dans lequel se trouvait sa maison, la pauvre femme s'évanouit.

Enfin, Bizien consentit à ouvrir la porte à sa mère.

Les gendarmes, auxquels s'était joint leur collègue Quimerch, en profitèrent pour arrêter Bizien, qui se laissa passer les menottes sans difficulté.

 

Soumis à une fouille minutieuse, Bizien fut trouvé porteur d'objets hétéroclites et d'un tiers-point (*) avec lequel il menaça l'un de ses parents, M. François Guéna, âgé de 58 ans.

(*)  Lime, poinçon à section triangulaire

 

On dut quérir une auto pour conduire Bizien jusqu'à la brigade de gendarmerie de Ploudalmézeau, car notre homme refusa de s'y rendre à pied.

 

À la caserne, il outragea le gendarme Quimerch, et à un certain moment l'énergumène essaya de s'emparer d'une paire de ciseaux placée sur la table pour s'en porter des coups.

Son gardien l'empêcha de mettre son projet à exécution.

 

Au cours de leur enquête, les représentants de la maréchaussée apprirent, d'autre part, que Bizien avait tenté de mettre le feu au domicile de sa mère en brûlant un cageot et du papier.

 

Interrogé, François Bizien déclara ne se souvenir presque pas des faits qu'on lui reprochait.

 

Quand sa mère partit à Brest, Bizien était encore couché et ne se leva que tard dans la matinée, ne travaillant pour ainsi dire pas.

 

Au début de l'après-midi, il alla à Argenton dans le but de téléphoner à son ancienne maitresse, Mme Ganaye, habitant Brest, mais ne put la trouver.

 

— À partir de ce moment, déclara Bizien, je ne sais plus ce que j'ai fait.

 

Précisons qu'il fut établi qu'au moment des faits, le jeune homme ne se trouvait pas sous l'influence de la boisson.

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Hier après-midi, François Bizien fut conduit à Brest et mis à la disposition du parquet.

 

Le tribunal se réunit en audience de flagrant délit, sous la présidence de M. de Lapeyre, assisté de MM. Lautier et Auméras, juges.

 

M. Hébert occupait le siège du ministère public.

 

L'inculpé déclara qu'il ne se rappelait pas avoir poursuivi M. Guéna avec une hachette et un tiers-point.

Il reconnut, par contre, avoir outragé et exercé des violences sur les gendarmes.

 

— Je ne sais pas pourquoi j'ai commis ces délits, ajouta Bizien.

 

Le tribunal l'a condamné à trois mois de prison et cinq ans d'interdiction de séjour.

 

Terminons en signalant qu'à l'audience du 13 juin, cet indésirable individu avait été condamné à deux mois de prison avec sursis et 16 francs d'amende pour vol et violences sur la femme Ganaye, avec laquelle il vivait maritalement.

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