top of page

Janvier 1897

Le cas de l'Abbé Gayraud

Elections législatives houleuses

dans la 3ème circonscription du Finistère

" focus sur Plouguin "

Jean Jacques Le Lez _ portrait.jpg

Contributeur Jean Jacques Le Lez

NDLR : Article réalisé à l'aide des articles de presse de l'époque et du rapport n°2451 de la Chambre des Députés - Session de 1897

L’abbé Hippolyte Gayraud est né le 13 août 1856

dans un petit village du sud-ouest de la France,

Lavit-de-Lomagne (Tarn & Garonne).

Il était le fils du maréchal-ferrant

Docteur en théologie et professeur à l’Institut catholique

et au collège dominicain de Toulouse.

Désigné par l’Eglise catholique pour se présenter

à l’élection législative de 1897 afin de succéder

à Monseigneur d’Hulst, député du Finistère décédé

Abbé Gayraud plouguin patrimoine histoire le lez jean jacques patrick milan

Abbé Hippolyte Gayraud

Maurice Le Sage d'Hauteroche d'Hulst Abbé Gayraud plouguin patrimoine histoire le lez jean jacques patrick milan

Maurice

Le Sage d'Hauteroche d'Hulst

Candidat

Abbé Hippolyte Gayraud

Abbé Gayraud plouguin patrimoine histoire le lez jean jacques patrick milan

Candidat

Louis Charles Marie Aymar de BLOIS de LA CALANDE

chateau_de_Kerascoet_a_Coat_Meal H  Loui

Louis Charles Marie Aymar de BLOIS de LA CALANDE

Comte de Blois de La Calande,  1843-1911

Le 6 février 1876, par acte passé devant maître du Penhoat,

notaire à Saint Pol de Léon, Kérascouët, meubles et immeubles en dépendant,

sont légués par la famille de la Boexière au comte Louis de Blois,

procureur de la République à Châteaubriand ( Loire inférieure).

Il quitte la magistrature en 1877 et épouse Mélanie de la Grandière

en mai de la même année.
Il se retire aussitôt dans sa propriété de Kérascouët,

devint maire de Coat-Méal le 26 Mai 1878, candidat à l'élection lesgislative de 1897,

 conseiller général du Finistère le 5 juillet 1891.

Abbé Gayraud plouguin patrimoine histoire le lez jean jacques patrick milan
Abbé Gayraud plouguin patrimoine histoire le lez jean jacques patrick milan
Abbé Gayraud plouguin patrimoine histoire le lez jean jacques patrick milan
Abbé Gayraud plouguin patrimoine histoire le lez jean jacques patrick milan
Abbé Gayraud plouguin patrimoine histoire le lez jean jacques patrick milan
Abbé Gayraud plouguin patrimoine histoire le lez jean jacques patrick milan
Abbé Gayraud plouguin patrimoine histoire le lez jean jacques patrick milan

Résultats Plouguin

Inscrits : 501

Votants : 389

De Blois : 203

Gayraud : 185

Loysel : 1

Abbé Gayraud plouguin patrimoine histoire le lez jean jacques patrick milan
Abbé Gayraud plouguin patrimoine histoire le lez jean jacques patrick milan
Abbé Gayraud plouguin patrimoine histoire le lez jean jacques patrick milan
Abbé Gayraud plouguin patrimoine histoire le lez jean jacques patrick milan
Abbé Gayraud plouguin patrimoine histoire le lez jean jacques patrick milan
Abbé Gayraud plouguin patrimoine histoire le lez jean jacques patrick milan

No 2451

CHAMBRE DES députés·· .,

SIXIÈME LÉGISLATURE

SESSION DE 1897

Annexe au procès-verbal de la séance du 24 mai 1.897.

RAPPORT

FAIT

AU NOM DE LA COMMISSION* CHARGÉE de procéder à une enquête sur

L'élection de M. Gayraud, dans la 3• circonscription de Brest

(Finistère),

Par M. FERNAND RABIER,

Député.

Commission composée de MM. Gustave Isambert, président; Georges Batiot,secrétaire; Chassaing, Henri Ricard (Côte-d'Or), Balandreau, Pochon, Bourrat, Fernand Rabier,

Henri Huguet, Gérault-Richard, Albert Le Clec'h.

Abbé Gayraud plouguin patrimoine histoire le lez jean jacques patrick milan

« Cette commission a pensé qu'elle devait scruter à fond l'esprit de cette 3e circonscription de Brest dont l'Église a réussi à se faire un fief électoral, où un candidat ne semble pouvoir être élu qu'à la condition de porter une soutane noire ou· violette et de pouvoir remercier ses électeurs de leurs suffrages par sa bénédiction sacerdotale.

Elle a voulu savoir quelle idée de leurs droits de citoyens les prêtres avaient inculquée à ces populations que leur pauvreté et leur éloignement tiennent forcément dans une certaine ignorance de la vie générale de la nation.

En un mot, votre Commission a voulu dégager la moralité générale des élections dans cette circonscription, et elle a rapporté de  sa mission la conviction profonde que les électeurs du pays de Léon vont rarement au scrutin en toute indépendance· et en toute liberté de conscience : le prêtre est toujours là qui leur tient la main.

Il n'est pas possible de rencontrer des abus plus nombreux que ceux qu'a relevés la Commission

 

M. l’Abbé Gayraud, en soutenant son élection devant la Chambre, s'est défendu du reproche d'avoir été élu grâce, à l'ingérence abusive du clergé. Il s'est surtout réclamé - et il a insisté sur ce point – de son titre de citoyen.

Il ajoutait;« Je reconnais très bien que les prêtres ont conseillé de voter pour moi.

Ils ont fait des visites dans les maisons, ils ont parlé aux électeurs, ils leur ont dit de voter pour moi - je ne le conteste pas le moins du monde - ils ont combattu les candidats opposés, mais là n'est pas la question.

Il ne s'agit pas de savoir si les prêtres, usant de leur droit de citoyens, ont fait de la propagande électorale; il s'agit de savoir si les prêtres ont abusé de leur pouvoir sacerdotal … »

 

Le clergé breton.

Votre Commission ne saurait trop insister sur le caractère, la façon d'agir et la force de domination des membres du clergé breton.

Tout d'abord, ces Ministres de Dieu se font une singulière idée des devoirs d'éducation et d'instruction de la famille envers les enfants, devoirs que signale cependant, en y attachant toute l'importance qu'ils méritent, la religion catholique.

C'est ainsi qu'un témoin a rapporté à la Commission le propos suivant qu'il avait entendu tenir au curé de sa paroisse :

« Ne donnez pas trop d'instruction à vos enfants, vous en feriez des fainéants.»

Conseil très sage, précepte fort habile ; qu'y a-t-il en effet de plus facile à exploiter que l'ignorance ?

Les âmes naïves de ces populations sont des pages blanches sur lesquelles les prêtres n'impriment que les caractères qu'il leur plaît d'y voir figurer; ils donnent eux-mêmes l'impulsion de tous les mouvements et veulent, pour leurs fidèles, borner le monde à ce qu'ils leur ont enseigné.

Mais beaucoup de Bretons souffrent d'être ainsi tenus en lisière; ils sentent qu'il y a bien des choses qu'on.ne leur dit pas et un témoin, traduisant ces sentiments, disait à la Commission : « Nous voudrions être au courant de nos droits et de nos devoirs. »

Les prêtres sont parvenus à ce résultat de concentrer entre leurs mains tous les pouvoirs : moral, religieux et politique, et de dominer même dans la plupart des communes l'autorité civile.

Dans beaucoup de villages, le recteur est le véritable maire - grâce à quels moyens?

Ce sont ces moyens, surtout, que la Commission d'enquête s'est attachée à étudier avec le plus de soin et c'est cette étude qui lui a inspiré la conviction que l'élection du 24 janvier ne pouvait être considérée comme régulière.

Témoignages

 

M. Madec, vicaire à Plouguin :

Jamais je n'ai fait d'exhortation électorale en chaire.

Je parlais des directions pontificales en disant que l'abbé Gayraud se conformait plus aux indications du pape.

Je n'ai pas fait de cas de conscience.

 

A Plouguin, divers électeurs signalent les visites de ferme en ferme et de maison en maison

Des prêtres et notamment les importunités du vicaire Madec, allant expliquer qu’il fallait voter pour un prêtre ...

pour le prêtre de leur choix, bien entendu.

 

Commune de Plouguin.

Paroles attribuées à l'abbé Madec.

Abbé Gayraud plouguin patrimoine histoire le lez jean jacques patrick milan

«  Nous soussignés, électeurs à Plouguin, canton de Ploudalmézeau, déclarons ce qui suit:

. 1° Claude Treut, cultivateur à Kergouzy, déclare :

« Le jeudi ou plutôt le mercredi avant le vote, M. Madec, vicaire à Plouguin, est venu chez moi.

Il nous a dit qu'il fallait voter pour Un prêtre ... , etc.

Nous avons répondu que nous voterions pour M. de Blois. »

Il nous a dit : « Qu'est-ce que M. de Blois?

Un homme qui a eu de la religion; qui en a peut-être encore un peu aujourd'hui, mais qui deviendra un vrai républicain s'il entre à la Chambre des Députés. »

Nous avons continué à tenir pour M. de Blois, ce qui rendait le vicaire furieux.

Il fit semblant de sortir, puis revint, insista de plus en plus et partit fort en colère.

«  Le maire était du côté des prêtres ; le jour du vote il le montrait tant qu'il pouvait, et quand à un moment donné je criai :

« Vive de Blois ! » il était hors de lui. » 

· 2° Lannuzel (Jacques), cultivateur à Kergonoï :

« Le vendredi avant l'élection, M. Madec, vicaire, vint chez moi me dire qu'il fallait voter pour un prêtre,

que M. de Blois n'avait pas de religion, qu'il ne faisait pas ses Pâques, etc ...

Comme on venait de tuer un porc, j'allais et je venais, profitant de la presse momentanée pour éviter un colloque

avec le vicaire.

Mais il n'y eut pas moyen. Il m'attrapa enfin et m'en raconta tant qu'il put.

J'avais beau lui dire que je savais que M. de Blois était un bon chrétien, qu'il allait à la messe, même parfois les jours

sur semaine, il avait réponse à tout, et me disait toujours que M. de Blois n'était pas un bon chrétien.

 

3° Fourn (François), cultivateur à Coz-Ribin :

« Les prêtres ne sont pas venus chez moi alors qu'ils allaient partout.

Cela provient de ce que je disais ouvertement que je voterais pour M. de Blois.

Ils m'ont fait dire que si je continuais, ils me feraient mettre en prison.

 

4° Le Gall (François), jardinier à Lesven :

« Je sais que les prêtres ont couru partout, disant qu'il fallait voter pour un prêtre,

et que M. de Blois était un homme sans religion, etc ...

Partout c'était la même chose.»

 

Claude TREUT.

Jacques LANNUZEL.

François LE GALL.

François FOURN.

« Vu pour légalisation des signatures des sieurs Claude Treut, François Le Gall, Jacques Lannuzel et François Fourn, apposées ci-dessus.

« En mairie à Plouguin, le 11 février 1897».

Le Maire

Le curé de Plouguin. - Renvoi d'ouvriers.

 

Plouguin., le 13 février 1897.

« Le dénommé Pierre Kerdraon, charretier, demeurant au Quinquis en Plouguin, déclare avoir été chargé par M. le Curé de transporter à Brest une ancienne cloche de l'église, et il lui avait été demandé de vouloir bien, un autre jour, aller chercher la neuve.

Ceci se passait avant les élections du 24 janvier.

Huit jours après les élections, M. le Curé me dit d'aller au presbytère.

Une fois-là, il me demanda pourquoi j'avais voté pour M. de Blois.

Je lui réponds que je n'avais voté pour personne.

Abbé Gayraud plouguin patrimoine histoire le lez jean jacques patrick milan

Il me dit que j'étais un menteur, qu'il m'avait vu le matin avec M. de Blois, que c'était un homme sans religion.

« Puisque vous avez voté pour M. de Blois, je ne veux pas que vous alliez chercher la cloche

et je vous empêcherai de trouver du travail à Plouguin.»

Il était dans une grande colère et m'a chassé du presbytère.

Trois jours après les élections j'ai vu le curé sur la rue.

Il avait beaucoup de journaux dans la main.

Je l'ai salué et il m'a repoussé en disant que j'étais trop canaille pour avoir un journal. »

 

Le dénommé ne sachant signer a fait cette croix devant deux témoins, dont les signatures suivent.

« CHAPEL. GODEZ.

« Vu pour légalisation des signatures de Chapel Louis et de Gouez Ollivier, par le soussigné, maire de Coat-Méal »

« En mairie à Coat-Méal, le 14 février 1897. »

« Pour le maire empêché. »

«  Ollivier CALVEZ. »

Après l'élection.

 

« Le dénommé Gabriel Le Guen affirme que le lendemain de l'élection

du 24 janvier dernier, le lundi 25 janvier, il se présentait chez un nommé

Jean Kerboul avec lequel il avait fait affaire pour la réparation d'un mur.

Comme ils causaient ensemble arrive la sœur du curé de Plouguin

qui l'injurie en ces termes :

«  Bande de canailles, vous avez eu le dessous, les curés ont gagné quand même ».

La femme Kerboul furieuse chasse le nommé le Guen et le travail lui est refusé.

Abbé Gayraud plouguin patrimoine histoire le lez jean jacques patrick milan

« Le dénommé ne sachant signer a fait la croix ci-dessus en présence de deux témoins, les nommés Yves Stéphan et François le Dains, qui l'attestent véritable.

« Yves STÉPHAN. F. Le DAINS.

« Fait à Coat-Méal, le 12 février 1897,

« Vu et approuvé la croix et les signatures ci-dessus apposées.

« Pour le maire empêché.

«  L'adjoint : V, FAGON. »

Commune de Plouguin.

Catéchisme breton - Libations.

 

MM. Olivier Magueur, maître-carrier, Floc’h, aubergiste, Allain Trébaol, à Plouguin.

Le témoin, Magueur demande à être entendu pour certifier qu'on a délivré de la boisson dans les deux camps,

et il présente à la commission un catéchisme écrit en breton dans lequel, dit-il on appelle mauvaises gens

et sans patrie ceux qui votent mal c'est-à-dire contre, les prêtres.

Et il fait le dépôt de ce catéchisme.

Des vicaires ont réglé les notes de dépenses pour la candidature Gayraud.

Le jour du vote, l'ancien adjoint était dans la mairie, sur un palier de l'escalier, sans-doute, pour faire de la propagande en faveur de M. Gayraud.

L'abbé Madec était dans la salle du scrutin, et par sa présence il influençait les électeurs.

Le curé a établi récemment un rôle des pauvres, des indigents, puis une quête a eu lieu et la distribution des fonds

a été faite d'une façon partiale.

Le témoin Trébaol déclare que, le dimanche, après l'élection, quand il eut fini sa confession M. Madec

lui demanda pour qui il avait voté ; je lui répondis : « pour M. de Blois ».

M. le vicaire Madec ajouta que M. de Blois avait très peu de religion

et qu'il partageait les opinions de MM. Glaizot et Leroux.

Le témoin Floc'h déclare avoir distribué de la boisson aux partisans de M. de Blois,

mais qu'on en distribuait davantage en faveur de M. l'abbé Gayraud dans d'autres débits.

O. MAGUEUH, F. TRÉBAOL.

F. FLOC'H

Lacération de bulletins.

 

MM. Claude Guillou, commerçant à Plouguin ;

Simon Gabriel, à Pont-au-Traon ;

Yves Guenneguès, cultivateur, à Pont-Guel-Yan ;

Vincent Le Druff, domestique au Prat;

Joseph Le Bec, cultivateur à Castel Lourop ;

Joseph Conq, à Trévouré ;

François Pellen, charpentier, à Plouguin ;

Jean Monach, forgeron, à Plouguin .

 

Les témoins donnent lecture de la déclaration suivante :

 

Abbé Gayraud plouguin patrimoine histoire le lez jean jacques patrick milan

« Mairie de Plouguin.

·«Nous soussignés, maire de la commune de Plouguin (Finistère), certifions que le sieur Jean-Marie Rioualen,

électeur de cette commune, s'est présenté aujourd'hui devant nous et nous a déclaré que le 24 janvier dernier,

jour des élections législatives, M. de Blois, candidat, aurait pris son bulletin de vote portant le nom de l'abbé Gayraud qu'il a déchiré en sa présence et l'a remplacé par un bulletin portant son nom.

Nous certifions, en outre que cette déclaration a été faite en présence de François Pellen et de Jean Manach,

témoins majeurs et également électeurs de la commune de Plouguin.

Le déposant et les témoins ont signé le présent certificat avec nous.

«  En foi de quoi nous délivrons le présent.

«  En mairie, à Plouguin, le 24 mars 1897.

« Le maire »

 

Le comparant: Jean-Marie RIOUALEN,

Les témoins : Jean MANACH,

François-Marie PELLEN.

« Ils ajoutent que M. de Blois, non seulement a fait servir de l'alcool et du café, mais déchiré un bulletin Gayraud entre les mains d'un électeur, conformément au certificat suivant dont ils donnent lecture.

« M. de Blois payait bien, parlait bien aussi, et il se trouvait à Plouguin, commune voisine de son domicile.

Dans des auberges, des gens généreux ont offert à boire aux partisans de l'élection Gayraud.

Ce ne sont pas les abbés qui se sont occupés de cela.

L'abbé Madec a été dans plusieurs maisons faire de la propagande en faveur de M. Gayraud,

comme il croyait en avoir le droit.

« Les témoins reconnaissent que la première pièce dont ils ont donné lecture a été rédigée

et écrite par M. Madec, vicaire.

M. Joseph Le Bec, déclare avoir vu un partisan de M. de Blois enlever un bulletin Gayraud de la main d'un électeur.

M. Pellen déclare avoir été envoyé par M. le maire pour empêcher d'enlever les bulletins des mains des électeurs. 

François-Marie PELLEN,

Jean MANACH,

Yves GUENNEGUÈS,

Vincent LE DUFF,

Gabriel SIMON,

Joseph LEBEC,

Joseph CONQ.

 

Certificat énoncé plus haut :

Nous, soussignés, électeurs de la commune de Plouguin, canton de Ploudalmézeau, attestons :

1- La pression exercée par les grands propriétaires en faveur de M. de Blois.

« M. Robert, régisseur des fermes de M. d'Hunolstein, a fait convoquer par le sous-régisseur,

tous les maîtres de ferme, au nombre de dix-huit, et les a fait avertir qu'ils eussent à voter pour M. de Blois;

« Mme de La Motte a réuni tous ses fermiers dans son château de Lesven, le samedi 23 janvier, veille de l'élection,

et y a donné un déjeuner de cinquante-deux: couverts.

Cette convocation, ce déjeuner, les paroles de madame, qui a ordonné impérieusement de voter pour M. de Blois, l'obligation où elle a mis certains de ses fermiers de distribuer immédiatement des bulletins dans toute la commune et d'en distribuer le lendemain sur la place, sont autant de motifs capables de faire trembler le fermier

qui se sait exposé s’il désobéit, à d'incessantes vexations.

2° Il y a eu corruption.

« A toutes les réunions tenues au nom de M. de Blois, les royalistes ont payé à boire mais le jour de l'élection,

ils ont dépassé toute mesure.

Le candidat lui-même, M. le comte de Blois, conseiller général et maire de Coat-Méal, a été vu par les soussignés, menant aux auberges tantôt des électeurs isolés, tantôt de vrais groupes, les accompagnant dans l'auberge

et les ramenant ensuite jusqu'à la porte de la mairie où avait lieu le vote.

« Ces faits généraux de pression et de corruption auxquels il conviendra d'ajouter des faits de détail qui seront l'objet de dépositions particulières, ont valu à M. de Blois une majorité de dix-huit voix dans la commune de Plouguin.

«  Quoique le Gouvernement n'ait absolument rien fait pour soutenir une candidature franchement et loyalement républicaine contre une candidature royaliste, nous avons la ferme confiance que la chambre,

éclairée par les membres de la Commission d'enquête, validera l'élection de l'abbé Gayraud.

«  Au cas d'ailleurs où, par impossible, l'abbé Gayraud serait invalidé,

nous pouvons assurer qu'il sera réélu à une très forte majorité.

« Et ont signé :

C. GUILLON,

Gabriel SIMON.

Joseph LE BEC.

François-Marie PELLEN.

Yves GUENNEGUÈS.

Vincent Le DUFF.

Jean MANACH.

Joseph CONQ. »

 

M. Pierre Kerdraon, charretier, à Quinquis, commune de Plouguin.

Confirme sa déposition, après lecture en breton et n'a rien à ajouter.

Une croix, J.BODÉNÈS, interprète

Abbé Gayraud plouguin patrimoine histoire le lez jean jacques patrick milan

Refus d'absolution.

 

Yves-Marie Madec, vicaire à Plouguin·:

Le témoin reconnait avoir fait quelques visites à Plouguin, comme c'était son droit.

Jamais il n'a fait d'exhortations électorales en chaire ou devant l’autel.

« Je parlais, dit-il, des directions pontificales en disant que l'abbé Gayraud ne se conformait plus aux indications du pape.

Je n'ai pas fait de cas de conscience.

Je n ai pas dit que M de Blois n'ait pas de religion. »

Sur la question du refus d'absolution, le témoin refuse de répondre ; il refuserai même de répondre au Saint-Père.

C'est le secret du confessionnal.

Il y a eu de la boisson donnée des deux côtes, mais davantage du côté de M. de Blois.

 

Y. MADEC, vicaire

Menaces - Libations.

 

MM. François Le Gall, jardinier à Lesven ;

François Fourn, cultivateur à Cros-ribin ;

Jacques Lanuzel, cultivateur à Kergonoï ;

Claude Treut, cultivateur à Kergongui, commune de Plouguin.

 

Le témoin Treut déclare que le vicaire Madec lui aurait dit:

« A quoi serait bon M. de Blois à la Chambre ?

Il ne serait bon qu'à s'asseoir dans sa chaise et, quand on aurait le plus besoin de lui,

on ne le trouverait pas à cause de sa famille

M de Blois avait eu une bonne religion jusqu'à ce jour.

Il lui en reste encore et, s’il était nommé, il n'en aurait plus du tout.

Quand je me suis présenté à la mairie pour voter, j'ai crié dans la salle :

« Vive de Blois ! Le maire était en colère. »

Abbé Gayraud plouguin patrimoine histoire le lez jean jacques patrick milan

Le vicaire Madec a dit à deux témoins, Treut et Lanuzel, qu’il fallait voter pour un prêtre.

Mme de la Motte a déclaré au témoin Fourn François, qu'elle avait déclaré qu'on le mettrait en prison

s'il s'occupait de l'élection de M. de. Blois.

Pour le surplus les quatre témoins confirment leur déclaration qui est au dossier.

Ils ajoutent que les partisans de M. Gayraud ont payé à boire comme les partisans de M. de Blois,

mais les électeurs n'ont pas tardé à se plaindre de ce que les verres de M. Gayraud étaient plus grands

que ceux de M. de Blois.

Ils déposent une déclaration dans ce sens.

François LE GALL,

LANUZEL,

François FOURN,

Claude TREUT.

J. BODÉNÈS, interprète,

«  Je, soussigné, François Le Gall, jardinier à Plouguin, certifie qu'étant au bourg,

le jour de l'élection, j'ai offert à boire pour M. de Blois, mais bientôt des électeurs réclamèrent en disant que les prêtres donnaient dans de grands verres et que,

pour moi, je n’avais pas à compter sur eux,

puisque je donnais à boire dans des petits verres.

« Plouguin, le 20 mars 1897

«  François LE GALL. »

Abbé Gayraud plouguin patrimoine histoire le lez jean jacques patrick milan

Libations,

M. de Kérauflec, propriétaire, maire à Gouesnou.

Le témoin remet le certificat ci-joint concernant les libations à Plouguin

M. G. de KERAUFLEC. .

« Nous, soussignés ou ci-après dénommés, électeurs à Plouguin ;

déclarons que le jour des élections, il a été donné à boire pour l'abbé Gayraud,

chez Landuré Rivoalen, Le Bris filles, Daniel et Trébaol et Pronost.

« Ce sont les prêtres qui commandaient la boisson,

et c'est Trébaol qui a payé pour eux.

 

Plouguin, le 21 mars 1897.

François TREUT,

Joseph BORGOT,

Jean LEJEUNE,

A. TREBAOL,

Jaoua LE BRIS,

François LE GALL,

Pierre LE GALL,

Jean-Marie HUITOREL,

Jean-Marie TREGUER

Yves TERROM, .

Louis LE GALL,

Yves OMNÈS,

F. FLOCH,

Joseph TOURNELLEC,

François BESCONI,

BASSAY,

LEOST,

Louis ACÈPE,

Jean-Marie THOMAS,.

Jean-Marié TOUHNELLEC,

Une croix.

Jean JAOUEN,

François L'HOSTIS,

LANNUZEL,

SALAUN,

François CAMPION,

MAGUEN,

LE MAO,

ARZEL,

Jestin TANGUY,

François FOURN,

Gabriel LE GALL,

Jean DOHOE,

THÈPAUT,

Jean-Marie PELLEN,

Jean-Marie LÉOST

P. PÈRES,

Claude TREUT,

Jean LÊOST.

François LE GALL. »

Abbé Gayraud plouguin patrimoine histoire le lez jean jacques patrick milan

Ouvriers renvoyés. - Refus de confession.- Libations

 

M. Gabriel Le Guen, maçon, à Plouguin.

 

Le témoin dit que le samedi avant l'élection il s'était arrangé avec Kerlaul pour construire un mur.

« Le lundi après l'élection Kerlaul m'a dit que j'e n’avais plus à m’occuper de son mur parce que

je m’étais occupé de l'élection de M. de Blois.

Ensuite arriva la sœur de M. le curé qui me dit :

« Tiens, vous voilà aussi bande de canailles, nous avons gagné malgré cela ! »

Le vicaire m'a refusé l'entrée du confessionnal en me fermant le guichet au nez. »

Il a vu aussi M. le curé dans une auberge faisant servir de la boisson.

Ma femme avait des travaux à la journée, depuis les élections on lui de rester chez elle.

 

J. BODÉNÈS, interprète,

Invalidation de l'élection

Abbé Gayraud plouguin patrimoine histoire le lez jean jacques patrick milan
Abbé Gayraud plouguin patrimoine histoire le lez jean jacques patrick milan

Election du 29 Août 1897

Abbé Gayraud plouguin patrimoine histoire le lez jean jacques patrick milan
Abbé Gayraud plouguin patrimoine histoire le lez jean jacques patrick milan
Abbé Gayraud plouguin patrimoine histoire le lez jean jacques patrick milan
Abbé Gayraud plouguin patrimoine histoire le lez jean jacques patrick milan

Election du 8 Mai 1898

Abbé Gayraud plouguin patrimoine histoire le lez jean jacques patrick milan
Abbé Gayraud plouguin patrimoine histoire le lez jean jacques patrick milan
Abbé Gayraud plouguin patrimoine histoire le lez jean jacques patrick milan
Abbé Gayraud plouguin patrimoine histoire le lez jean jacques patrick milan
bottom of page