Dimanche 17 Avril 1785
Réunion des membres de la Fabrique de Plouguin
Abbé Pierre Luguern
Né le 18 Septembre 1881 à Saint‐Divy
1905, prêtre, maître d'étude au collège de Lesneven
1909, vicaire à Camaret
1921, prêtre résidant à Saint‐Divy
1922, vicaire à Plouguin
1932, recteur de la Forest‐Landerneau
Décédé le 16 Février 1941.
M. l’abbé Luguern reçoit la médaille de la Prévoyance Sociale
« M. l'abbé Luguern, vicaire à Plouguin, fait une propagande inlassable en faveur des Habitations Bon Marché (HBM).
Grâce à lui, plusieurs familles nombreuses — voire très nombreuses — s'abritent dans des maisons spacieuses et salubres,
au lieu de taudis innommables, où elles étaient obligées de s’entasser.
M. le Ministre de la Santé publique a bien voulu décerner à M. l'abbé Luguern la médaille de la Prévoyance Sociale ».
La cérémonie de remise de médaille aura lieu le 27 juillet 1931.
Source : Le Courrier du Finistère du Samedi 11 avril 1931
Source : Le Courrier du Finistère du Samedi 1er Août 1931
Source : Rapport du Crédit Immobilier du Nord Finistère (H.B.M – Habitations à Bon Marché)
L'exemple de Plouguin
Les Habitations Bon Marché (HBM)
Dans les douze mois de 1930, quatre maisons avaient été bâties.
Dans les trois mois de 1931, trois maisons ont été bâties.
Ces 7 HBM remplacent des taudis, plusieurs couverts en chaume et sans autre ouverture que la porte.
Dans une pièce - UNE— douze personnes couchaient !
Actuellement 7 familles, comptant ensemble 56 enfants, — soit en tout 70 personnes — sont propriétaires de 7 maisons neuves, bâties à peu de frais, grâce à la loi Loucheur, au Crédit Immobilier du Finistère, et au dévouement éclairé du clergé de la paroisse.
D’où viennent les fonds ?
L'Etat a fourni 92.500 francs. (Subvention à familles nombreuses) ;
15.000 francs pour 7 enfants au-dessous de 18 ans ;
12.000 francs, pour 6 enfants, teI est le tarif.
Notez bien que c'est un cadeau que l'Etat a fait à ces familles.
Un cadeau gratuit.
Jamais rien à rendre.
Le Crédit Immobilier du Nord-Finistère a prêté 10.000 francs à un des chefs de famille.
Pour obtenir cette somme, celui-ci a dû contracter une assurance sur la vie, pour 25 ans.
Cette assurance lui a coûté 1.000 francs.
Il remboursera le Crédit en 25 années, capital et intérêts (l'intérêt est 2,5 pourcents).
S'il vient à mourir avant le remboursement total, sa femme et ses enfants n’auront pas à confirmer les versements ;
c'est l'assurance qui paiera le Crédit à leur place.
Notez bien que l'assurance n'est obligatoire que pour obtenir un prêt du Crédit Immobilier,
pas du tout pour obtenir le cadeau de l'Etat.
Voila donc 92.500 francs plus 10.000 francs, soit 102.500 francs.
Mais chaque maison coûte en moyenne 25.000 francs la dépense totale a été de 175.000 francs.
Soit 72.500 francs qui restaient à trouver.
C’est à dire pas même la moitié du total.
Les familles qui avaient quelques sous les ont dépensés pour leurs maisons, naturellement, en tout ou partie.
La Caisse Rurale de Plouguin a prêté le reste.
Comment sont conçues les maisons, les HBM ?
Evidemment, pour 25.000 francs, on n’a pas un gratte-ciel de cent étages!
Cependant jugez :
9 mètres de long sur 6 de large,
une grande pièce au rez-de-chaussée,
deux pièces à l'étage,
un grenier,
un cabinet d’aisance près du logis principal.
Le sol du rez-de-chaussée, surélevé de 40 centimètres, est de ciment pour toute la superficie.
Les fenêtres (chacune d’un mètre carré et demi, minimum obligatoire) sont en nombre variable :
généralement 2 au rez-de-chaussée et 2 à l’étage.
Le terrain appartient à la famille.
Quelles démarches sont nécessaires ?
Les pièces à fournir : acte de naissance du père, certificat de naissance des enfants, autorisation de construire, devis et plans, demande de subvention.
On peut les adresser directement à la Préfecture.
On peut aussi les confier au Crédit Immobilier du Finistère qui fera le nécessaire à Quimper.
La subvention arrive au bout de quelques mois.
Mais rien n’empêche de construire avant de l’avoir reçue : un architecte officiel viendra voir si la maison réunit
les conditions légales de l’ HBM et il délivrera un bon pour percevoir la subvention.
Mais tout d’abord les entrepreneurs, du canton ou de la commune : ils ont l’expérience des prix habituels du pays,
des nécessités locales, etc.
Qu'ils s'instruisent des conditions exigées par la loi Loucheur, et ils feront des projets excellents.
A Plouguin, c'est M. l'abbé Maurice Caroff, le dévoué recteur, ancien économe du Collège Saint-Louis, qui a tracé
tous les plans des H.B.M de ses paroissiens : tous ont été acceptés par la Préfecture.
Puisse l'exemple de Plouguin être suivi, très largement partout !
Que la loi Loucheur des HBM, si bienfaisante, soit partout expliquée et pratiquée !
Nous sommes tellement habitués à voir l'Etat prendre (il prend le tiers du revenu national) que nous avons peine à croire
qu'il « donne pour rien », qu'il fait des cadeaux.
C'est pourtant la vérité, dans le cas des HBM !
L'Etat, du reste, n'a-t-il pas intérêt à encourager les vaillants qui donnent des enfants à la Patrie ?
A faire remplacer les taudis insalubres et dégradants, par des maisons aérées, joyeuses, ensoleillées ?
Ayons pitié des enfants, des jeunes gens, que le taudis étiole, aigrit et ruine.
Source : Le Courrier du Finistère du Samedi 25 avril 1931
Louis Loucheur
Du 1er juin 1928 à février 1930, Louis Loucheur est ministre du Travail et de la Prévoyance sociale (quatrième et cinquième gouvernements Poincaré du 1er juin 1928 au 29 juillet 1929, dixième gouvernement Briand du 29 juillet 1929 au 3 novembre 1929, premier gouvernement André Tardieu du 3 novembre 1929 au 21 février 1930).
Les mouvements sociaux et la crise du logement qui s'accentue du fait de la construction très réduite de logements dans la période d'après-guerre conduisent au vote de la loi Loucheur, en juillet 1928, qui prévoit la construction sur cinq ans
de 200 000 logements HBM et 60 000 logements à loyer moyen.
Il participe à la mise en place de la loi sur les assurances sociales, votée en avril 1928, dans un climat très polémique.
Charles Daniélou
Le 11 juillet 1933, le Ministre de la Santé Charles Daniélou, faisant le lien entre logement et hygiène de vie, déclarait
vouloir réformer l’article 20 de la loi Loucheur afin d’en favoriser l’application pour l’amélioration de l’habitation rurale.
Vantant les mérites des HBM dont les « larges baies » remplacent désormais « les petites ouvertures de jadis à peine plus larges que des meurtrières de donjon », il jugeait que rien n’était plus important que l’air, la lumière et l’eau, et que cette loi permettait
le développement physique et moral de la famille par l’accès à la propriété.
Source : Charles Daniélou, La Santé publique, Paris, Eugène Figuière, 1936