Dimanche 17 Avril 1785
Réunion des membres de la Fabrique de Plouguin
Inauguration
du
Monument aux Morts
de Plouguin
le 1 Février 1920
Source : Le Courrier du Finistère du Samedi 7 Février 1920
Inauguration du monument des morts pour la Patrie
Le dimanche, 1" février, a été Inauguré le monument élevé à la mémoire des soldats et des marins de la paroisse morts pour la Patrie.
Favorisée par un temps à souhait, la fête, à la fois patriotique et religieuse, fut de tous points réussie.
La cérémonie, commencée à 3h ¼, débute par un service solennel chanté pour les victimes de la guerre.
Une foule grave et recueillie emplit l'église comme aux plus grands jours.
Au prône, M, Derrien, chanoine honoraire, curé de Ploudalmézeau, monte en chaire.
En termes émus et choisis, il évoqua le souvenir des braves qui ont donné leur vie pour la France, retrace les diverses étapes de leur douloureux calvaire, et rappelle que le sacrifice de tant de soldats morts sur le champ de bataille, dont un grand nombre étaient enfants de la Bretagne,
a été la rançon de la victoire.
Puis il nous trace nos devoirs à l'égard de ceux qui sont morts pour nous ; honorer leur mémoire, redire souvent leurs noms à Dieu
dans une fervente prière.
Apres la messe, le cortège se forme ; à la tète s'avance le drapeau de la France, porté et escorté par cinq médaillés militaires, blessés de guerre.
La foule vient se placer dans un ordre parfait, autour du monument.
Devant se place le groupe imposant des anciens combattants.
Plusieurs ont la poitrine décorée de la croix de guerre.
Sur l'un des côtés prennent place les parents des 91 enfants de la paroisse dont les noms se détachent, en lettres d'or,
sur la stèle de granit qui perpétuera leur souvenir.
En face, dans une posture attentive et recueillie, sont groupés les enfants et les jeunes gens qui seront les soldats de demain.
Derrière, les femmes, dont plusieurs, les mères, les épouses, les sœurs des victimes, ont peine à contenir leurs larmes.
M, le Maire prend la parole.
En quelques mots d'une émotion contenue, il glorifie les enfants de la commune qui ont versé leur sang pour la défense de Ia patrie,
et remercie la population dont la générosité a permis d'ériger le monument à la mémoire de nos glorieux morts ;
puis iI donne la parole à M. le général du Fretay.
Au terme de sa carrière militaire, le général du Fretay a fixé sa résidence dans son château de Lesven.
L'un de ses fils, le lieutenant Hervé du Fretay, est tombé glorieusement sur le champ de bataille.
Son nom est inscrit parmi les victimes de la commune.
En sa qualité de père et de chef, le général du Fretay était qualifié, plus que tout autre, pour prendre la parole dans la circonstance.
Disons de suite, dût sa modestie en souffrir, qu'il l'a fait en termes excellents.
Dans un discours d’une parfaite tenue littéraire, en sa simplicité, d'une haute inspiration patriotique et chrétienne, l'orateur,
en des mouvements qui atteignent sans effort la véritable éloquence, glorifie magnifiquement nos morts,
non point seulement ceux de notre pays breton, mais tous les soldats de la France qui se sont sacrifiés pour la patrie.
Durant sa longue carrière militaire, il a commandé des soldats de différentes origines.
Nul ne vaut le soldat Français.
L’éloge est précieux à recueillir sur les lèvres d’un chef.
Notre tribut d'admiration ne doit pas s'arrêter aux soldats qui ont combattu sur le champ de bataille ;
il doit s'étendre à tous les défenseurs de la patrie ;
au marin qui par ses patrouilles incessantes assurait la liberté des mers; à l'ouvrier des usines qui forgeait les munitions;
au prêtre qui dans-les tranchées, maintenait le moral du combattant et à l'ambulance consolait le blessé et l'aidait à consommer Ie sacrifice suprême ;
à l'Infirmière dont le rôle était de remplacer la mère auprès de nos blessés et de nos malades.
La victoire est l'œuvre de tous ; l'œuvre aussi de ceux de l'arrière, vieillards, femmes, enfants qui, par un travail incessant,
souvent au dessus de leurs forces, ont assuré le ravitaillement des combattants.
La victoire est gagnée.
Reste à gagner la paix.
Ici encore la bonne volonté, le travail de tous est Indispensable.
Que chacun, sachant s'imposer les sacrifices nécessaires, fasse son devoir, tout son devoir en conscience, et bientôt, la France aura retrouvé
son ancienne splendeur et sa complète sécurité.
Ces fortes pensées, exprimées avec une conviction ardente, produisent sur l'auditoire une profonde impression.
Il convenait qu'elles fussent entendues au-delà du cercle restreint dans lequel elles ont été prononcées.
En quelques mots sortis du cœur, M. le Recteur remercie les orateurs dont la présence
et les discours éloquents ont si hautement relevé l'éclat de la fête.
Puis M. le curé de Ploudalmézeau procède à la bénédiction du monument.
Aussitôt le cortège se reforme pour rentrer à l’église, où le chant du Libéra clôture la cérémonie.
Le souvenir de cette fête demeurera longtemps vivace dans l'esprit et le cœur des habitants de Plouguin.