Dimanche 17 Avril 1785
Réunion des membres de la Fabrique de Plouguin
Les Découvertes
1845 - Découverte du Torque de Kerdrein en Plouguin
Sources :
Bulletin de la Société préhistorique française, Compte-rendus des séances mensuelles 1976. Dr P. Lavallée. J Gachina
A quoi peuvent bien servir les Torques ?
Certains ont semble t'il été utilisés pour orner un poignet ou un bras.
Mais comme ils ont à leurs extrémités de quoi faire un crochet, ils n'étaient
pas destinés à cela lors de leur conception.
Ou alors, le crochet est simplement un détail nécessaire à leur processus de fabrication.
Alors, ceintures ?
Colliers ?
Port "en écharpe" ?
En tous cas, c'était des objets qui se voyaient.
Et qui se voyaient encore mieux qu'une simple tige d'or.
Un objet ostentatoire, signe de pouvoir.
Signe magique aussi peut-être ?
Les torques étaient peut-être investis de pouvoirs magiques.
Mais comment étaient-ils fabriqués.
Les rubans torsadés des époques antérieures montrent déjà le grand talent des orfèvres de l'âge du bronze.
Mais réaliser une torsade à section cruciforme est une autre histoire.
Le passage dans une filière parait peu probable.
La soudure de 2 bandes d'or dans le sens de la longueur aussi.
Il fallait pourtant du savoir faire, et sans doute quelques outils.
Ce qui nous intéresse d'abord, ce sont les torsades à section cruciforme comme celle découverte à Plouguin,
et appelées de type "Yéovil"
du nom d'une bourgade du Somerset où il en fut également découvert une.
Puis, on regardera du côté des torsades plus anciennes et plus simples faites d'une bande d'or simple.
Et enfin, petit aperçu des véritables "torques" plus tardives.
Torsades de France de type "Yeovil"
1 Plouguin (disparue)
2 Irvillac (Musée de Quimper)
3 Cesson Sévigné (Musée de Cluny)
4 Carcassone (Ashmolean Museum, University of Oxford)
5 Guines (Pas de Calais) (Musée de St Germain en Laye)
6 Jaligny (Musée de St Germain en Laye)
7 Augan
8 St Leu d'Esserent, Thiverny, Oise (Musée de St Germain en Laye)
9 Talais Gironde (2 Torques)
10 Musée du Louvres et St Germain: 3 torsades de provenance inconnu
Les torsades de bandes d'or simples nous donnent une idée du savoir faire des orfèvres de l'âge du bronze qui perfectionneront leur art pour fabriquer par la suite les torsades plus complexes.
Les objets de Cressé et Bodonal sont d'autres exemples de travaux antérieurs.
Les torques en or sont des ouvrages beaucoup plus élaborés et postérieurs.
1 - Plouguin
En juin 1845, alors qu'on nettoyait un lavoir à Kerdrein, fut découverte une torsade en or massif.
L'objet qui mesurait 1 m 50 et pesait environ 400 g était le résultat d'un travail complexe.
"Qu'on se figure une tige d'or longue d'environ 1 mètre, passée par une filière percée en croix puis tordue sur elle-même pour obtenir une spirale à 4 cordons, enfin repliée en ressort à boudin, on aura la configuration de cet ornement exécuté avec un certain art"
Ce modèle d'objets est originaire d'Irlande.
Deux beaux exemples furent découverts sur la colline
de Tara où étaient sacrés les rois celtes.Un autre exemplaire fut découvert par Schielmann dans le célèbre trésor royal de la deuxième cité d'Hissarlik, en Turquie, (trésor faussement appelé "trésor de Priam", et récemment retrouvé en Russie)
Il s'agissait d'une bande d'or régulièrement tordue sur elle-même et munie d'un système de crochet permettant d'en faire une ceinture.
Une autre torsade en or a été découverte à Cesson-Sévigné qui nous permet de comprendre la nature de l' objet, car malheureusement la torsade de Plouguin a aujourd'hui disparu.
Portée à Paris par M de la Motte habitant Lesven, elle fut offerte au musée de Cluny qui n'en voulut pas, et finalement vendue à un orfèvre pour 1200 f.
Elle a maintenant disparu.
Mais que faisait cet objet à Kerdrein en Plouguin ?
A t'il été perdu, caché ou enterré avec son riche propriétaire ?
L'objet a sans doute été fait par un artisan Irlandais.
On pense que l'or venait des Wicklow Mountains (au sud de Dublin).
La traversée de la Manche n'est pas un problème, on sait que depuis le néolithique, les relations par voie maritime existaient entre les 2 côtés
de la Manche.
La découverte en Grande Bretagne de lames de haches polies d'origine bretonne en est la preuve.
Par ailleurs, la présence à Plouguin d'un "riche" royaume à l'âge du Bronze est probable.
La présence de nombreux tumulus très volumineux en atteste.
D'ailleurs, la région avait des atouts.
La présence de minerai d'étain dans le sous sol et les alluvions (cassitérite) est certaine.
Son utilisation pour fabriquer du bronze est aussi certaine, puisque des lingots non coulés ont été découverts ici.
Par ailleurs, le bronze étant un alliage d'étain et de cuivre, on peut penser que l'Aber Benoit était un accès facile pour l'importation par la mer du cuivre venant d'Espagne ou du Devon.
Et peut être aussi pour l'exportation du minerai d'étain vers les Iles britanniques ?
Autre atout de notre région: le vent qui permettait sans doute d'activer des fours capables de fondre ces minerais.
La présence d'un "chef" puissant, assez riche pour posséder un objet tel qu'une torsade en or est donc probable
2 - Irvillac (Musée de Quimper)
Découverte aux environs d'Irvillac, cette torsade, probablement une ceinture, se rattache à un ensemble de bijoux du même type, fabriqué en Irlande au début de l'âge du bronze final.
3 - Cesson Sévigné (Musée de Cluny)
Bracelet torsadé
Hôtel et thermes de Cluny - Musée national du Moyen Âge
Début du Bronze final (1200-700 avant notre ère), or.
Trouvé à Cesson (Ille-et-Vilaine).
Site du Musée national du Moyen Âge
4 - Carcassone (Ashmolean Museum, University of Oxford)
Découverte d'un "trésor" avec une torsade en or et quelques anneaux 14,5 cm de diamètre.
5 - Guînes (Pas de Calais) (Musée de St Germain en Laye)
Cette "ceinture" en or est une pièce exceptionnelle, elle date de 1100-1200 av. JC et témoigne de l'art consommé des Européens de l'âge de bronze dans la maîtrise de l'orfèvrerie.
Elle est formée de trois torsades composant des anneaux fermés, superposés et retenus par de fines tiges transversales quasiment invisibles.
De nombreux objets de ce type existent que l'on qualifie le plus souvent de collier, au vu des dimensions de cette pièce on parle de ceinture (elle pèse 2,8 kg).
L'usage de ces bijoux restent un mystère, leur fonction symbolique, religieuse ou fonctionnelle nous sont inconnus.
Les deux tampons situées à l'extrémité sont particulièrement volumineux, finement ciselés ils présentent des décors de cercles concentriques.
Découverte dans le Pas-de-Calais en France cette ceinture est très proche de la production contemporaine des îles britanniques et notamment de l'Irlande où abondent les témoignages d'une orfèvrerie de grandes qualité.
6 - Jaligny sur Besbre (Allier) (Musée de St Germain en Laye)
7 - Augan (Morbihan)
Découverte d'un torque en or et de 200 haches en bronze en 1820
8 - St Leu d'Esserent - Thiverny (Oise)
Un torque a été mis au jour lors des travaux de construction du
chemin de fer,sur le territoire de Thiverny, autrement dit, dans la première moitié du 19ème siècle.
Cet objet est conservé au Musée d’Archéologie Nationale de Saint-Germain-en-Laye.
Lors de sa découverte le bijou était non pas développé en cercle comme aujourd’hui, mais enroulé sur lui-même en spirale.
9 - Talais (Gironde) (2 Torques)
10 - Fresné-la-Mère, Calvados
Fut trouvée au XIXe une torsade en or de 355 g et longue de 125 cm
Mais dans le même trésor se trouvait semble t'il une petite enclume en bronze qui a permis de comprendre le mode de fabrication
de ces torsades
10 - Musée du Louvres et St Germain: 3 torsades de provenance inconnue
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Torsades de type "Yeovil" trouvées hors de France
1 - Yeovil (Somerset)
2 - Hissarlik (Turquie) ou Troie (Musée Pouchkine)
L'objet découvert par Schielmann faisait partie du fameux "trésor du roi Priam"
mais n'était en fait pas de cette époque.
Ramené en Allemagne il avait disparu pendant la guerre.
Depuis, la Russie a admis qu'il était à Moscou au musée Pouchkine.
La Turquie et l'Allemagne réclament la restitution du trésor
(la Grèce aussi d'ailleurs), mais les Russes ont décidé de le garder.
3 - Tara (Musée de Dublin)
La colline de Tara est un site historique irlandais exceptionnel puisque plus de 150 rois celtes y furent couronnés.En 1810, 2 torsades en or y furent découvertes. (En fait, on pense qu'il y en avait 3 dont une a disparu)
Elles sont conservées au musée de Dublin.
4 - Cambridge (Museum of Archaeology and Anthropology)
Torsade de Grunty Fen près de Haddenham.
5 - Jersey
Torsade trouvée le 17 décembre 1889 Lewis Street, St. Helier, lors de la construction d'une maison.
C'est le plus bel objet préhistorique trouvé à Jersey.
Longueur 140 cm, poids 746 g
Elle se trouve au musée de l'île
La première photo montre la torse telle qu'elle était dans sa cachette.
La deuxième la montre après dépliage.
6 - Irlande du NordEn 2009, un chercheur utilisant un détecteur de métal a découvert une torsade en or à Corrad en Irlande du nord94 cm de longueur - 87% d'or et 11% d'argent
Plouguin
Cesson Sévigné
Augan
Irvillac
Talais
St Leu d'Esserent - Thiverny
Carcassonne
Guines
Jaligny
Fresné la mer
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Tara 1
Tara 2
Hissarlik (Turquie)
Jersey St Hellier
Cambridge
Lyeway, Ropley
Corrard Irlande de Nord
Ashill, Norfolk
Findspot Dover
Stanton, Staffordshire
Glamorgan (Wheeler)
Non connu (British Museum)
Boyton (Suffolk)
Irlande (Thomastown)
Towednack cornouaille 1
Towednack cornouaille 2
Gloucestershire
Yeovil Somerset
Berkshire 1
Berkshire 2
Aberystwyth (Nat.Museum Walles)
Année de découverte
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1845
1854
< 1890
< 1850
1868
< 1900
-----------
1810
1810
1874
1889
1845
2012
1866
1878
< 1900
< 1838
1972
1835
1846
1931
1931
1907
2004
2004
Poids - Taille
-------------------------
400 g - 1 m 50
389 g - 1 m 41
2.5 kg
69,95 g
355 g - 1 m 25
----------------------
449 g - 1 m 28
252 g - 1 m 15
746 g - 1 m 40
150 g
1 m 19
142 g - 57 cm
367 g - 1 m 52
185 g - 81 cm
231 g - 1 m 23
32 g - 40 cm
69 g -39 cm
123 g - 46 cm
96 g - 1 m 15
95 g - 1 m 17
262 g
132 g
1 m 16
Contributeur : Jean Jacques Le Lez