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Les murs de Lesven
 

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Contributeur : Jean Jacques Le Lez

 

Nous allons faire le tour du château de Lesven, et observer avec attention les murs que l’on y aperçoit.

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On va suivre la carte du nord au sud.

 

1 - Un mur borde le bief de l'ancien moulin de Lesven.

Ce bief étant sur le cadastre de Napoléon, il existe depuis l'ancien régime.

On imagine le travail considérable pour le constituer, après avoir déviée la rivière venant de Kerbérec.

En fait, on peut se demander si à l'origine, ce mur n'était pas un mur de défense de l'ancien « Lez »

de Lesguen, puisque celui-ci se trouvait encore plus au nord.

Les champs à droite ont d'ailleurs le nom de Saint Guénolé, et le secteur était appelé « Ermitage de Saint Guénolé » par les habitants du château, sans doute depuis des époques très lointaines (Gwen et Saint Guénolé, c'est le VIe siècle environ).

Le mur se prolonge par les constructions en ruine du moulin.

 

2 - Ancien mur près du moulin.

Ne semble pas appartenir à une construction, mais plutôt à un ouvrage de défense.

La zone est encore très humide.

Du temps du bief, il devait y avoir des zones difficiles d'accès

 

3 - Mur qui semble très ancien.

Il borde la propriété mais semble plus ancien que la partie sud.

Il est aussi moins haut.

Il comporte à son sommet une rangée de pierres en saillie.

 

4 - Il y a 2 enclos à l'intérieur du parc.

Ils sont assez vastes.

Le n°4, a des murs assez bas (2 m 50 ?)

Il y avait peut-être des ruches et des vergers

 

5 - Le deuxième enclos a des murs plus élevés, en particulier au bord de la route.

Il communique par une porte avec le premier enclos.

Un puits est situé près de cette porte.

La hauteur des murs laisse penser que le propriétaire devait défendre son potager contre les voleurs.

D'ailleurs, c'était un potager clos par une porte fermant à clef.

La hauteur des murs pouvait aussi rendre propice la présence d'arbres fruitiers installés le long des murs.

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6 - Au niveau de la chapelle il semble qu'un mur ait été fait plus tardivement, réalisant un petit enclos avec une porte d'accès sur l'extérieur.

 

7 - Un long mur longe la route.

C'est là que l'on peut observer le mieux le travail des maçons.

 

Il semble y avoir une date : 1851.

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La construction est principalement faite de gneiss en bloc grossièrement taillés et ajustés.

Le gneiss, granit recuit dans le volcan est la pierre courante à l'est du Garo.

Il se taille moins bien le granit, c'est plus grossier.

Il a été utilisé aussi pour le mur de l'hospice.

Sans doute venait-il des mêmes carrières (appartenant aux mêmes propriétaires, car c'est eux aussi qui ont fait l'hospice).

On voit que le mur était construit en couches successives.

Vers 1 m 40 de haut, on note la présence de trous rebouchés.

Des poutres étaient certainement insérées dans ces orifices, soutenant des planches formant un échafaudage pour permettre aux maçons de construire plus facilement le haut du mur.

Dans le mur sud, les trous n'ont été rebouchés qu'à l'extérieur du parc.

Sans doute dans un but esthétique abandonné à l'intérieur.

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Dans le mur sud, du côté du parc, on aperçoit également de nombreuses pierres en saillie.

Ces pierres nous rappellent les discussions concernant l'utilité de telles pierres au milieu des pignons des maisons et correspondant souvent aux pierres de soutien du chevet de la cheminée.

On a dit qu'elles montraient aussi la présence de pierres traversant tout le mur, ce qui est dit-on une preuve, visible de la solidité du mur.

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Les murs en effet sont faits de 2 façades de pierres bien ajustées, mais le centre reçoit des pierres de moindre qualité, moins bien rangées et c'est une source de fragilité de l'édifice, en particulier si l'humidité rentre dans le mur.

Le haut du mur est fait d'abord d'une rangée de pierres en saillie soigneusement taillées.

La nature de ces pierres est différente, cela semble être du gneiss, mais sa couleur est plus foncée et son plissement plus régulier.

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Ces pierres « regardent la Lune » et sont le premier rang des pierres qui forment le sommet triangulaire du mur.

Elles sont surmontées d'autres pierres regardant elles aussi la Lune.

Sans doute sont-elles ainsi ajustées pour permettre l'écoulement de l'eau vers le bord du mur, évitant ainsi l'infiltration d'eau dans l'ouvrage.

Les pierres sont ajustées avec de la terre, sans doute de l'argile ou de la glaise hydrofuge.

Des joints ont été réalisés en chaux probablement, mais c'est peut-être plus récent que le mur.

 

La forme du mur a sans doute plusieurs fonctions :

Écouler l'eau, rendre plus difficile l'escalade du mur, donner un aspect esthétique à la construction.

 

En 1987, lors de l'ouragan, un arbre a été arraché et est tombé sur le mur et la route.

Cherchant à rejoindre le bourg vers 1 heure du matin, je n'avais pas pu passer.

 

On note facilement les réparations qui n'ont pas la qualité de l'ouvrage initial (mais qui sont réalisées en ciment).

Autrefois, le bois était bien exploité et les arbres débités avant de tomber sous les coups du vent.

Maintenant, on voit partout des vieux arbres arrachés et abandonnés.

C'est sans doute bien pour la faune sauvage.

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Mais attention aux murs, leur avenir sera sans doute marqué par des dégâts plus fréquents.

 

On remarquera que le mur « Laot » de l'ancien hospice, fait des mêmes pierres à le même profil (pente du haut vers le nord), mais sans pierres en saillie et avec des trous obturés.

 

 

8 et 9 - Le mur sud s'incurve dans le bois et rejoint la rivière près de laquelle il est beaucoup moins haut.

Un terrier de blaireau situé dans le bois a des sorties des 2 côtés du mur.

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10 et 11 - Un muret (536 m) longeait cette allée de chaque côté jusqu'à la route de Brest où se trouvait le portail d'entrée de la propriété.

Lors du remembrement, « l'allée du château » a été ouverte à tous mais les murets sont toujours là, un peu recouverts par la végétation.

Autrefois, les aristocrates se réservaient certaines routes pour leur propre usage, évitant ainsi d'y rencontrer troupeaux et charrettes avec toutes les saletés qu'ils y auraient amenées.

 

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Volume total (approximation)

Murets : largeur 50 cm hauteur 1 mètre (sans doute plus avec les fondations 1 km soit 500 m cubes

Murs 1 km, 3 m 30, 50 cm 1500 m cubes au total 2000 à 2500 m cubes.

Soit le volume d'eau d'une piscine olympique.

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