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1892

Brest
enseigné aux écoliers et écolières

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Source : Le Petit Français illustré - Journal des écoliers et des écolières 26 mars 1892

 

De 1666 à 1676, d’après les ordres de Colbert, on construisit sur les deux rives de la Penfeld, une longueur de quais de plus de 1.500 mètres, présentant douze cales d’accès, plus trois chantiers de construction bordés de magasins et d’ateliers.

En 1681, Seignelay fit établir la machine à mater, et deux ans après, sur les plans de Vauban, l’ingénieur de La Voye entreprit la construction de la première forme de radoub appelée aujourd’hui bassin de Brest.

Elle fut achevée en 1687.

Pendant la première moitié du dix-huitième siècle, on exécuta les trois cales de lancement appelées cales de Bordenave, et trois des formes de radoub de Pontaniou.

 

Dix ans plus tard, sous les ministères des ducs de Choiseul et de Praslin, l’ingénieur Choquet de Lindu construisit les édifices les plus importants de l’arsenal :

Magasins, casernes, forges, scieries, et commença le curage et l’approfondissement du port.

 

La Révolution et les guerres de l’Empire suspendirent les travaux de Brest ;

ils furent repris sous la Restauration.

Depuis cinquante ans, le port militaire voit chaque année augmenter le nombre de ses bâtiments.

C’est actuellement un des plus beaux qui soient au monde.

Les limites un peu bornées de cet article ne nous permettent pas de le décrire en détail ; nous nous bornerons à en esquisser les grandes lignes.

 

L’entrée en est sévèrement gardée.

On n’y peut pénétrer qu’avec une permission délivrée par le major général de la flotte.

On entre, du côté de la ville, par une porte ouverte sur la Grand’rue ;

de l’entrée, on voit en face de soi le bassin de Brest dont nous avons parlé plus haut ;

il a été fort agrandi depuis Vauban ;

il peut recevoir aujourd’hui les plus grands navires cuirassés.

En remontant la rive gauche de la rivière, on trouve d’abord le magasin général, grande construction formée d’un pavillon central décoré de pilastres, couronné d’un fronton circulaire et terminé à ses deux extrémités par deux autres pavillons.

Au magasin général font suite trois vastes corps de bâtiments, où sont établis les magasins de gréement, les ateliers de la voilerie et le magasin aux cordages.

Sur le quai se voient un grand chantier à canons, un parc à boulets et le principal dépôt des ancres.

Plus loin sont l’ancienne corderie, la corderie haute, vastes bâtiments parallèles derrière lesquels s’étendent l’ancien bagne, évacué en 1858 et transformé en magasins, la pharmacie centrale, et l’hôpital de la marine, un des plus beaux édifices de Brest.

En continuant à remonter la rive gauche, on trouve les magasins de goudron et de chanvre, des scieries mécaniques, les ateliers de la poulierie et de la tonnellerie, le parc aux bois de chauffage, et derrière, le plateau où l’on dépèce les vieux vaisseaux.

Ici se termine le port proprement dit et commence l’arrière-port, séparé du premier par une chaîne tendue entre un poste sur la rive et le bâtiment flottant appelé l’arrière-garde.

 

Dans l’arrière-port se trouvent les magasins d’artillerie de Kervallon, la digue, île factice de deux hectares de superficie et ses grands hangars ;

en amont de la digue, sur la rive droite, l’anse de la Villeneuve.

Un bac passe d’une rive à l’autre les personnes qui désirent visiter la vaste usine de la Villeneuve où l’on utilise toutes les vieilles ferrailles.

Elle comprend une fonderie, une grosse forge, de petites forges et plusieurs ateliers.

Elle occupe une superficie de sept hectares et demi.

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Sur la rive droite, on trouve le quai de Quéliverzan, affecté à des dépôts de charbon de terre.

À l’extrémité sud de ce quai s’élevait autrefois la colline du Salou, qui formait dans un coude de la Penfeld un promontoire de 25 mètres de hauteur.

Ce massif est maintenant entièrement dérasé ;

on y a creusé plusieurs bassins, dont l’un a 234 mètres de longueur totale sur 34 mètres de largeur.

Les déblais, évalués à 620.000 mètres cubes, ont été employés à la construction des jetées et des terre-pleins du nouveau port de commerce.

Après avoir longé le plateau de Bordenave, planté de pins de Riga, et laissé à gauche les quatre cales de Bordenave, on passe sous le viaduc des Capucins.

On laisse à droite des magasins, des ateliers, des bureaux, et on arrive aux grands halls des machines à vapeur.

« Ces ateliers, dit M. Doneaud, occupent une surface de deux hectares et demi, et par leur mode de construction, leurs dispositions intérieures, leur outillage, ils forment un établissement grandiose, sans rival peut-être en Europe.

Le sol du plateau des Capucins est-élevé de 25 mètres au-dessus du niveau des quais ;

mais cet inconvénient est atténué par l’établissement d’une rampe praticable aux voitures, ainsi que par celui de grues que relie aux ateliers un réseau complet de voies ferrées. »

 

Une de ces grues, appelée grue du viaduc, est d’une dimension absolument colossale.

« C’est, dit M. Levot, un appareil des plus remarquables par sa puissance, son poids, la facilité de ses mouvements et son aspect extraordinaire ;

elle tourne au moyen de la vapeur sur un cercle de galets.

Sa portée est de 10 mètres, de sorte qu’elle peut atteindre le milieu d’un vaisseau mouillé au pied du môle et y embarquer ou en enlever les plus grandes chaudières, faisant ainsi en deux heures, avec une vingtaine d’hommes et quelques kilogrammes de charbon, une opération qui exigeait auparavant six à huit cents hommes pendant toute une journée.»

 

Dans les ateliers des Capucins, on s’occupe surtout de la fabrication et du montage des chaudières des bâtiments à vapeur.

 

Les grandes forges des constructions navales ont été établies sur un emplacement voisin.

Au sud des grandes forges s’étendent les quatre formes ou bassins de Pontaniou, creusés dans le roc.

Encore des forges, des ateliers, des magasins, des chantiers, des hangars, puis le parc de subsistances qui renferme trois boulangeries, la boucherie, les magasins de blé, de salaisons, de légumes secs et de denrées coloniales.

Au-dessus du parc des subsistances, sur le plateau de la Pointe, se trouve une poudrière et des ateliers isolés où sont confectionnées les cartouches, les fusées, la poudre fulminante.

En descendant, au pied du pont tournant, on passe la Penfeld sur le pont flottant et l’on peut encore visiter sur la rive gauche le sémaphore, le maréographe et la machine à mater.

 

Le maréographe permet d’observer le mouvement des marées avec la plus grande précision, le flot et le jusant y tracent à l’aide d’un flotteur une courbe représentant l’amplitude des marées, sur un papier sans fin qui se déroule par un mouvement d'horlogerie.

 

La machine à mâter repose sur un énorme massif de pierres détaillé, élevé de sept mètres au-dessus du niveau de l’eau et formant avec sa surface un angle rentrant à la faveur duquel les plus gros navires peuvent s'approcher de la machine.

Elle se compose de trois forts mâts d’assemblage longs d’environ 60 mètres, inclinés de sept à huit mètres.

 

Le chemin de fer de l’Arsenal met le port militaire en communication avec le port de commerce et le chemin de fer de l’Ouest, en débouchant sur le quai de la Mâture par un tunnel creusé sous le château.

 

Défenses de Brest.

 

La rade et le port de Brest sont défendus par un grand nombre de forts et de batteries.

Le goulet principalement, est protégé par les forts Bertheaume, Minou et Mingant et les sept batteries du fort du Portzic.

On a récemment installé tout le long du goulet des pièces casematées, c’est-à-dire qu’on a creusé dans le roc, à peu de hauteur au-dessus de l’eau, des casemates où sont presque cachées d’énormes pièces à peu près fixes qui, en cas de guerre, prêtes à faire feu et pointées horizontalement, tireront sur les navires au moment précis où ils passeront devant elles.

Toutes les hauteurs environnantes sont couronnées d’ouvrages de défense, et notre grand port de l’ouest est considéré comme, imprenable à l’égal de Gibraltar.

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