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1892

Brest
enseigné aux écoliers et écolières

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Source : Le Petit Français illustré - Journal des écoliers et des écolières 19 mars 1892

 

À mesure que la rue de Siam se rapproche du port, la pente devient plus rapide et l’aspect plus, bizarre ;

les magasins ont fait place à d’étranges petits cabarets, pressés les uns contre les autres.

Leurs portes basses, leurs rangées de barils de chêne cerclés de cuivre, leurs empilements de bouteilles et surtout leur clientèle, composée presque uniquement de matelots ou de soldats d’infanterie de marine, leur donnent un cachet singulier.

On boit, on joue, on rit, on chante, on crie là-dedans nuit et jour, et bien des mois de paye vont s’y engloutir.

La rue elle-même, par certains jours, ressemble à une kermesse ;

c’est un brouhaha, un va-et-vient, une foule affairée, vivante, un fourmillement de costumes, de couleurs, de types variés, aussi amusant pour les yeux que pour l’esprit.

Au bas de la rue descend jusqu’au bord de l’eau un interminable escalier de pierre et se présente de plain-pied la large voie du pont tournant.

 

Le pont tournant.

 

Ce merveilleux ouvrage d’art unit à la solidité la plus éprouvée une légèreté et une élégance qui semblaient difficiles à concilier avec ses proportions colossales.

 

Il franchit, en effet, tout le vallon de la Penfeld et sa hauteur est de 28 mètres au-dessus de la mer.

Pour laisser entrer dans le port et en sortir les vaisseaux de haut bord, on ouvre le pont, c’est-à-dire que les volées qui le forment s’écartent, en tournant sur un axe de rotation établi au sommet de deux tours ou piles en maçonnerie construites sur le terrain des quais.

Le poids de chaque volée atteint le chiffre énorme de 750.000 kilogrammes.

La rotation se fait sur une couronne de galets en fonte posés sur les piles ;

il y a cinquante galets sur chacune.

La manœuvre s’exécute au moyen d’un cabestan et de la transmission du mouvement par engrenages ;

quatre hommes y suffisent ;

il faut environ vingt minutes pour l’ouverture complète du pont.

Quand il est fermé, les volées sont reliées entre elles par deux grands verrous en fer forgé.

— La longueur du pont est de 117 mètres, celle de chaque volée de 52 m ,83.

C’est un spectacle vraiment saisissant que la vue de cette masse formidable s’ébranlant silencieusement, sans efforts apparents, d’un mouvement lent et régulier.

Le pont tournant a été inauguré en 1861 ;

il a coûté trois millions.

Il a pour auteur M. Oudry, ingénieur.

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Port de commerce.

 

Immédiatement au- dessous du cours Dajot s’étend un assez joli jardin auquel on descend par deux escaliers appuyés contre le mur de la terrasse.

Il couvre une partie des terre-pleins gagnés sur la mer pour l’établissement du port de commerce à Porstrein.

Ce port, dont la construction a été décrétée en 1869, devait comprendre un port à marée, un bassin à flot et être desservi par une gare maritime, mais il n’y a d’exécuté que le port.

Il a nécessité des travaux considérables, a déjà coûté près de vingt millions et n’a pas amené, comme on l’espérait, un grand mouvement de marine marchande à Brest.

Cela tient à ce que le commerce du port a été limité jusqu’ici à l’exploitation des produits du pays et à l’importation des objets nécessaires à la consommation de Brest et de ses environs.

Le commerce à l’importation comprend surtout des houilles d’Angleterre, des bois du Nord, des vins et des spiritueux ; l’exportation emporte des pierres de taille, des céréales, farines et fourrages, des fûts vides, des étoupes et des produits alimentaires.

Presque tout ce commerce se fait par caboteurs.

Les paquebots transatlantiques allant du Havre à New-York ont fait escale à Brest de 1863 à 1875 ;

la Compagnie a depuis obtenu la suppression de cette escale.

Aujourd’hui, Brest possède deux services réguliers de bateaux à vapeur :

l'un de Dunkerque à Brest, et l’autre de Brest à Bordeaux.

 

Ce dernier est le plus important, il est fait par trois steamers qui transportent annuellement plus de 20 000 tonnes de marchandises.

 

Le chemin de fer de l’Ouest, dont la gare est établie sur le plateau dominant le port, dessert par un embranchement spécial le port de commerce et le port militaire.

 

Port militaire

 

Son origine est fort ancienne.

Il semble démontré que les Romains abritaient leur flotte dans la rade et même dans la Penfeld.

Sous les comtes de Léon, soit comme point de débarquement, soit comme point de défense, le port de Brest joua toujours un rôle important.

Au moyen âge, Charles VIII, préparant les guerres d’Italie, donna l’ordre d’y réunir une flotte nombreuse et bien armée pour aller faire le siège de Naples.

Mais c’est seulement vers la moitié du dix-septième siècle que les travaux y commencèrent.

 

(À suivre)

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