1940 - 1944
Chroniques d'occupation
21 juillet 1940
Jour 33
La Foire des Plougastels
Adieu autos-cars, camions et camionnettes, ces moyens de transport modernes, sont à nouveau remplacés par des charrettes, chars-à-bancs, voitures anglaises, que nos courageux cultivateurs de la région, avaient tous remisés au fond de leurs granges, comptant n'avoir plus à s'en servir pour se rendre dans les foires et marchés du pays.
Les événements actuels nous reportent en arrière de décades et hier, nos rues et avenues avaient pour la foire dite des « Plougastels », repris une curieuse animation avec l'intense circulation hippomobile, sans oublier celle d'une foule de cyclistes, se servant de vieilles machines depuis longtemps délaissés dans les greniers ou hangars.
Enfin l'importance de la réunion fut loin certainement d'égaler celle des années précédentes, mais il y eu cependant beaucoup de monde en ville et dans l'ensemble la foire ne fut pas mauvaise, malgré les difficultés apportées pour la présentation à la vente des animaux, ceux-ci ne pouvant pénétrer sur la grande place réservée à l'autorité militaire locale.
Chevaux, poulains, vaches, veaux, cochons furent groupés sur la petite place aux porcs et sur la route de Sizun ;
les transactions s'en ressentirent certes, mais avec beaucoup de bonne volonté, vendeurs et acheteurs parvinrent à s'en tirer, il y a lieu de les complimenter.
Dans le compartiment des veaux, peu d'animaux atteignant le poids de 75 kg nécessaire pour l'abatage des bêtes destinées à la boucherie, on payait la livre des veaux sur pied, de 3.60 à 2.80.
Les vaches laitières étaient très recherchées et les cours étaient fermes, avec légères tendance à la reprise.
Peu de chevaux et poulains, prix sans changement.
Vive activité sur les porcs, vente très facile, avant une heure, presque tous les porcs étaient marqués.
On payait la couple de petits cochons de lait de 300 à 350 francs, des cochons pour élevage pesant de 25 à 30 livres, l'un valait de 300 à 320 francs ;
quant aux porcs de charcuterie, ils se paient à raison de 5 francs la livre de viande nette.
Sur la place du marché la mesure prise samedi dernier a eu sa répercussion ;
peu de beurre, aussi les cours moyens oscillaient entre 9.50 et 10 francs la livre pour le beurre de table ;
les œufs valaient 10 à 11 francs la douzaine ;
le lapin domestique, un peu plus délaissé que les semaines précédentes se maintenait assez difficilement aux environs de 5 fr. à 5 fr. 25 la livre, animal vivant ;
quant à la volaille on pouvait se procurer une belle couple de poulets jeunes pour 42 à 46 francs ;
moyens pour 35 à 40 francs ;
petits de 29 à 30 francs.
Les poulets de grains valaient de 25 à 30 francs la couple suivant grosseur et les vieilles poules en bonne marchandise, trouvaient bien difficilement preneurs à 34 et 38 francs la paire; pigeons 5 à 6 francs l'unité.
Forte baisse sur les pommes de terre de 32 à 35 francs les 100 livres suivant les espèces.
Beaucoup de légumes, vente facile, cours soutenus.